Auschwitz : qui dirigeait ce lieu où la mort régnait ?

Romain Lesourd
Romain Lesourd
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Connu pour son histoire, mais également pour les atrocités qui se sont déroulées en son sein, le complexe d’Auschwitz représente le cauchemar de toute une communauté. Mais également le cauchemar de toute une génération. Cultea vous emmène en Pologne et remonte le temps de quelques décennies, afin de comprendre comment fonctionnait ce complexe et le nombre de morts qu’il a causés.

Un complexe destiné à rassembler tous les ennemis du IIIème Reich : les juifs

Hitler, ainsi que ses fidèles, avaient trois ennemis : le juif, le bolchévique et l’opposant politique. Au sein du complexe d’Auschwitz, on retrouve ces trois catégories. Mais une catégorie prime sur les deux autres : il s’agit de la communauté juive.

Mais pourquoi en avoir ainsi contre la communauté juive ? Animés par leur amour flamboyant à l’encontre de l’odinisme germanique et de la suprématie raciale, les Allemands ont vite accusé les juifs des maux qui frappaient le monde. Pour ces Allemands, cela faisait des millénaires que le peuple juif souhaitait la disparition des populations nordiques. Tous les maux que le monde connaissait et a connus, ils les devaient uniquement aux juifs.

De plus, les nationaux-socialistes voyaient la communauté juive comme un « danger international ». Nous étions à l’époque d’une forte expansion de l’idéologie bolchévique. Une idéologie, selon les Allemands, que les juifs auraient créée de toutes pièces. Cette expansion a alors fait naître au sein des esprits allemands une peur sans fond : la disparition de leur culte et de leur civilisation, au profit du peuple juif.

Affiche de propagande nazie, qui dénonce le bolchévisme et les juifs - Cultea
Affiche de propagande nazie, qui dénonce le bolchévisme et les juifs (source : Larousse)

On lit, dans Kampf dem Bolschewismus (1942), cette définition du bolchévisme :

« Le but du bolchévisme, qui est une doctrine juive, est de réduire l’Europe et donc l’Allemagne, à l’état de brouet humain. »

Pris de peur, ou bien par conviction, les Allemands ont alors décidé d’exterminer les opposants à leur vision des choses. Et comme l’écrivait Philonidès de Laodicée :

« Il faut couper le mal à sa racine. »

Cette vision des choses, ainsi que la vision des Allemands au sujet des juifs, ont donc entrainé la construction du complexe d’Auschwitz.

La hiérarchie du complexe de la mort

Dans toute organisation, il existe une hiérarchie. Mais il ne faut pas oublier qu’au sein du complexe, deux camps étaient opposés : les victimes et les tortionnaires. Et chez les tortionnaires, même si une hiérarchie existait, un simple SS pouvait abattre un juif si l’envie lui prenait.

À la tête du complexe siégeait Heinrich Himmler, le Reichsführer-SS. C’est lui qui donnait les directives aux SS qui commandaient les camps de concentration, d’extermination et de prisonniers. Des directives qu’ils pouvaient décider lui-même, ou des directives imposées par Hitler ou Hermann Göring.

Himmler face à un prisonnier, dans un camp - Cultea
Himmler face à un prisonnier, dans un camp (source : slate)

Après Himmler se trouvait Oswald Pohl, le Obergruppenführer. C’est lui qui gérait les aspects économiques et administratifs des camps. Il était le supérieur de Richard Glücks, chef du département et de l’inspection des camps, donc le Gruppenführer.

Oswald Pohl - Cultea
Oswald Pohl (source : Mémoires de Guerre)

Enfin, celui qui commandait véritablement le camp, de manière directe, était Rudolf Höss, le Obersturmbannführer.

Rudolf Höss, dirigeant du complexe d'Auschwitz - Cultea
Rudolf Höss (source : Mémoires de Guerre)

Concernant les soldats et gardiens qui se trouvaient au sein du complexe, ils appartenaient tous à la Schutzstaffel. Mais ils appartenaient à une unité bien précise : la SS-Totenkopfverbände. Cette unité était facilement reconnaissable, du fait de sa barbarie, mais également de l’insigne qu’elle présentait : un crâne.

Enseigne des Totenkopfverbände - Cultea
Enseigne des Totenkopfverbände (source : Mémoires de Guerre)

Les recherches ont montré que la majorité des gardiens et des soldats qui surveillaient le complexe d’Auschwitz étaient relativement peu scolarisés. 70 % d’entre eux ont suivi un enseignement élémentaire, 21,5 % un enseignement secondaire et 5,5 % un enseignement supérieur. Ils n’étaient là que pour répandre la mort, ainsi que le désespoir.

Quelques gardes d'Auschwitz, on reconnait le crâne de l'unité totenkopfverbände sur leurs têtes - Cultea
Quelques gardes d’Auschwitz, on reconnait le crâne de l’unité totenkopfverbände sur leurs têtes (source : Rare Historical Photos)

Auschwitz : le tombeau de plus d’un million de personnes

Entre 1940 et le 27 janvier 1945, date à laquelle les forces soviétiques ont libéré les prisonniers du complexe, l’historien polonais Franciszek Piper a calculé le nombre de morts au sein du complexe. Ce dernier s’élèverait à environ 1 100 000 personnes, des hommes, des femmes et des enfants. Quand ces derniers n’étaient plus utiles, les membres de la SS-Totenkopfverbände les exécutaient.

Environ un juif sur six pendant l’Holocauste est mort à Auschwitz. Malgré ces nombreuses statistiques effroyables, seulement 400 207 prisonniers ont été enregistrés dans le camp sur les 1 300 000 personnes qui y ont été envoyées. Franciszek Piper dénombre 268 657 hommes et 131 560 femmes.

Concernant les victimes du complexe, elles provenaient toutes des pays satellites de l’Allemagne, envahis par les forces allemandes au cours de la Seconde Guerre mondiale. On compte par exemple 300 000 victimes provenant de France, 69 000 victimes des Pays-Bas et 60 000 victimes de Grèce.

Quelques prisonniers du complexe d'Auschwitz - Cultea
Quelques prisonniers du complexe d’Auschwitz (source : Radio-Canada)

Mais le pays dont la communauté juive a été la plus impactée est la Hongrie, avec 430 000 décès. On rappelle qu’en 1944 l’armée allemande occupe la Hongrie, un pays où réside une forte communauté juive, estimée à 800 000 personnes. Adolf Eichmann, sur ordre d’Hitler, avait déporté 450 000 juifs.

Aujourd’hui, le complexe d’Auschwitz est ouvert au public. Ceux qui avaient mis en place ce complexe et ces folies sont désormais morts pour la plupart, après avoir été jugés pour leurs crimes. De nombreux visiteurs se rendent à Auschwitz chaque année pour prendre conscience de la barbarie nazie. Il n’en reste pas moins un lieu de mémoire, un lieu où la mort réside encore en maîtresse.

 

Sources :

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