Kiyoshi Kuromiya : le militant des droits des LGBT+ mis à l’honneur par Google

Robin Uzan
Robin Uzan
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A l’occasion du mois des fiertés, Google a mis à l’honneur Kiyoshi Kuromiya, militant emblématique de la communauté LGBT+. 

Kiyoshi Kuromiya est né le 9 mai 1943 dans le Wyoming, dans le camp de concentration de Heart Mountain. En effet, sa famille fit partie des 120 000 Américains d’origine japonaise déplacés de force vers des camps durant la seconde guerre mondiale. Cette discrimination fut mise en place peu de temps après l’attaque de Pearl Harbor, ayant exacerbé les tensions racistes aux USA vis-à-vis de la communauté japonaise.

Etant né dans un camp d’internement nippo-américain, Kiyoshi Kuromiya a ainsi connu la discrimination dès sa plus tendre enfance… Une chose qui n’allait pas changer par la suite. Etant homosexuel, Kuromiya passa la majeure partie de sa vie à se battre pour les droits des minorités. A cela s’est ajouté un combat acharné pour aider les malades du SIDA.

Kiyoshi Kuromiya
Kiyoshi Kuromiya

L’engagement pour les droits civiques de Kiyoshi Kuromiya 

Kiyoshi commença à fréquenter l’université de Pennsylvanie en septembre 1961, après avoir obtenu une bourse. Très rapidement, il commença à s’intéresser aux droits de l’homme. Un intérêt qui n’a rien d’anodin, car son homosexualité le plaçait dans une posture délicate vis-à-vis de son université, très fermée d’esprit. En 1962, il participa à sa première manifestation anti-guerre, notamment contre la reprise des essais nucléaires. Mais c’est la question des droits civiques qui furent au cœur de ses préoccupations durant ces années.

Kuromiya fut ainsi présent lors du discours de Martin Luther King Jr. « I Have a Dream » et durant la marche sur Washington en 1963. Il continua à collaborer étroitement avec lui durant des années. En 1965, il occupa avec d’autres militants l’Independence Hall de Philadelphie, en soutien aux personnes blessées durant les marches de Selma pour les droits civiques. Son implication fut d’ailleurs loin d’être de tout repos, puisque quelques jours plus tard Kuromiya fut agressé par la police avec Martin Luther King, alors qu’ils aidaient un groupe de lycéens noirs à s’inscrire sur des listes électorales en Alabama.

La lutte pour les droits des homosexuels

Outre son engagement pour les droits civiques, Kuromiya fut très actif dans la lutte pour les droits des homosexuels. Il fit officiellement son coming out le 4 juillet 1965. Il co-fonda le Gay Liberation Front (GLF) en 1969, à la suite des émeutes de StonewallKuromiya considérait notamment que l’idée derrière la libération gay était une sorte d’élévation de la conscience masculine, qui servait à aider les individus à faire face à l’isolement qu’ils subissaient en raison de leur identité sexuelle.

Il est à noter que le GLF était plus radical que certaines autres organisations homologues formées après les événements de Stonewall. Sous la direction de Kuromiya, le GLF s’est montré très proche de groupes tels que les Black Panther et les Young Lords.

Par la suite, en 1972, Kiyoshi créa la première organisation gay sur le campus de l’Université de Pennsylvanie, le Gay Coffee Hour. Celle-ci se réunissait chaque semaine sur le campus et était ouverte aux étudiants comme aux non-étudiants. Cette association servit d’espace alternatif aux bars gay pour les personnes de tout âge.

Kiyoshi Kuromiya, activiste chevronné contre le SIDA 

Dès la déclaration de l’épidémie de SIDA en Amérique, Kiyoshi commença à s’impliquer. Il fut notamment très actif au sein d’ACT UP. Après avoir été diagnostiqué lui-même comme étant atteint du virus en 1989, Kuromiya intensifia sa lutte pour la défense des droits des malades. Il fonda pour se faire le bulletin d’information Critical Path, envoyé à des milliers de personnes dans le monde afin d’informer sur la maladie.

Il mit également en place une ligne d’assistance téléphonique 24 heures sur 24. L’objectif ? Aider sans distinction toute personne séropositive dans le besoin. Kiyoshi Kuromiya fut ainsi l’un des premiers à accompagner les personnes atteintes du VIH. Le tout en prenant en compte les spécificités culturelles de la sphère LGBT+.

Malgré le fait qu’il ait été atteint du SIDA, Kuromiya mourut en 2000 des suites d’un cancer, à l’âge de 57 ans. Il reste aujourd’hui comme un symbole de la lutte pour les droits de LGBT+, mais également pour ceux de toutes les personnes victimes de discrimination. 

 

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Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.
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