Dans la tempête qui gronde, Assassin’s Creed Shadows n’a laissé personne indifférent depuis sa présentation. Entre scandales et excitation, l’épopée au Japon au côté de Naoe et Yasuke est-elle une grande aventure de la franchise ? Après des années d’attente et des promesses colossales, la réponse ne se fait plus attendre… Pour Cultea, c’est un grand oui !
Jamais un épisode de la célèbre franchise d’Ubisoft n’aura autant enflammé la communauté. Depuis des années, les joueurs réclamaient une immersion dans l’ère des samouraïs et des shinobis, et il était assez surprenant qu’Ubisoft n’ait pas osé franchir le pas. C’est désormais chose faite, et, aussi surprenant soit-il, chaque nouvelle du projet ambitieux alimentait autant l’attente que de craintes chez les fans.
Nota Bene : Nous avons testé le jeu sur PS5 en Mode Immersion, permettant de jouer avec un doublage intégralement en japonais… Et en portugais !
On peut donc dire que ce nouvel opus a énormément de poids sur ses épaules. Tout d’abord, Assassin’s Creed Shadows doit marier le classicisme de la franchise à l’univers fascinant du Japon du XVIe siècle, à l’époque Sengoku. Surtout, il doit réussir à faire taire les mauvaises langues et les inquiétudes en pagaille.
Nota Bene : pour ne rien spoiler, toutes les captures d’écrans du test d’Assassin’s Creed Shadows ne représentent que les premiers pas dans notre aventure.

Un véritable amour qui émane de ce Assassin’s Creed Shadows !
Réduisons maintenant les polémiques au silence, Assassin’s Creed Shadows est le meilleur jeu de la franchise à nos yeux depuis l’épisode Black Flag (même si Odyssey reste un coup de cœur !). Dès les premières minutes, on sent la volonté d’Ubisoft de proposer un monde vivant et crédible. On prend un plaisir fou à admirer chaque détail de cet univers créé par les développeurs. Le Japon féodal prend vie avec une grande richesse, qu’il s’agisse des paysages, des zones fortifiées ou des habitants qui sonnent l’alerte à votre vue !
Les cerisiers en fleurs, les pagodes majestueuses et l’architecture baignant dans la lumière (et les ténèbres) confèrent au jeu une identité visuelle époustouflante. Le moteur graphique, bien que vieillissant, semble donner tout ce qu’il a pour nous offrir de très beaux panoramas, des phénomènes météorologiques et un cycle jour/nuit qui bonifie intensément l’immersion. Oui, l’équipe artistique a mis un soin particulier à retranscrire l’ambiance de l’époque, bien que quelques textures et animations accusent légèrement le poids des années.
Deux héros, une destinée !
Nous écrivions sur l’immersion saisissante du titre, car c’est ce qui nous a littéralement bluffés dès les premières minutes. Cependant, elle ne marcherait pas autant sans les deux nouveaux protagonistes d’Assassin’s Creed Shadows. D’un côté, Naoe, une kunoichi désireuse de se venger d’une tragédie et qui agit dans l’ombre. De l’autre, Yasuke, véritable figure historique et samouraï représentant la force brute et l’honneur. Chacun des deux héros est jouable et nous pouvons alterner à tout moment une fois un certain stade du scénario atteint.
Les deux personnages proposent des variétés de gameplay qui nous prouve qu’Ubisoft a gardé le meilleur de la formule des Assassin’s Creed. Aucun doute, les développeurs de Syndicate ont fortement appris de leurs erreurs. Si les joueurs s’en souviennent, Jacob et Evie Frye possédaient beaucoup trop de similitudes, empêchant toute complémentarité. Ici, incarner Naoe ou Yasuke dans Assassin’s Creed Shadows offre une expérience maitrisée qui mérite que l’on s’y attarde.

Naoe représente l’agilité et la discrétion. C’est avec elle qu’il faudra apprendre l’art de l’infiltration et l’élimination silencieuse de vos cibles. Toute l’identité de la saga Assassin’s Creed est brillamment constituée à travers le personnage. Le simple fait de courir sur les toits, d’utiliser un grappin, procure des sensations grisantes que nous n’avions pas ressenties depuis longtemps dans un jeu de la franchise. L’ajout de ces mécaniques, souvent sous-estimées dans des jeux précédents, comme la fluidité des déplacements et l’esquive acrobatique, fait d’elle une experte de l’infiltration.
Rester dans la pénombre et traquer sa proie nous rappelle également à quel point un nouveau jeu Splinter Cell nous ferait plaisir. Notons que l’on peut enfin ramper sur le sol, une nouveauté que l’on attendait depuis (trop) longtemps et qui se révèle très efficace.
Cependant, les solides qualités de l’héroïne ne sont pas sans contrepartie. Naoe, bien que rapide, demeure extrêmement vulnérable en combat direct. Si les petits ennemis ne posent pas de problème majeur, elle est loin d’être la meilleure dans les affrontements plus intenses. Si l’on contre mal le coup de l’adversaire, la mort arrivera très vite. On pourrait presque penser que le spectre de From Software n’est pas très loin et qu’il apporte une bonne dose de difficulté. En revanche, trancher les ennemis se révélera plus féroce si l’on opte pour Yasuke.

Véritable machine à tuer, l’homme se distingue par sa puissance brutale. Plus lent et moins mobile que sa partenaire, Yasuke compense ses lacunes par une force dévastatrice et une capacité à éliminer les ennemis par vagues. Armé de son katana ou de son kanabō, il coupe des têtes avec une satisfaction presque cathartique. C’est tout bonnement défoulant ! Tâchons de ne pas en révéler plus pour ne pas vous gâcher la surprise mais le contraste entre les deux permet à tous les fans de trouver son compte dans Assassin’s Creed Shadows.
Les moments où les deux personnages interagissent, où leurs compétences respectives sont mises à profit dans une mission, constituent une véritable synergie. Cela donne un rythme dynamique et structuré au gameplay, avec un lien organique entre les deux protagonistes. Une fois la mécanique de changement de personnage bien intégrée, le jeu trouve un équilibre agréable qui maintient l’intérêt et évite la sensation de redondance.

Surprenant, intriguant, une formule à son meilleure !
On pourrait croire qu’Assassin’s Creed Shadows se consacre principalement sur son gameplay mais ce serait sous-estimer tout ce que les développeurs ont su créer en termes narratifs. Ubisoft réussit là où de nombreux autres jeux de la franchise ont échoué, en réintégrant l’histoire et la narration au cœur de l’expérience. Certes, la licence a beaucoup dérivé dans des histoires secondaires complexes, mais ici, l’intrigue principale parvient aisément à se hisser parmi les meilleures. De manière purement subjective, nous n’avions pas été autant excités par l’intrigue depuis Assassin’s Creed III.
Chaque arc narratif est bien plus nuancé, offrant à la fois des moments de mise en scène spectaculaire, mais aussi des séquences calmes permettant de s’identifier aux héros. Pendant plus d’une trentaine d’heures, Assassin’s Creed Shadows représente l’apogée d’une saga qui avait besoin de se rénover pour mieux briller. Impossible de lâcher la manette jusqu’à la fin.
Nota Bene : un petit mot sur les quêtes secondaires assez marquantes, car certaines d’entre elles permettent d’en apprendre énormément sur le passé des héros, les rendant encore plus attachants. On avait pas ressenti autant d’amour pour les personnages depuis Connor ou Ezio, sans vouloir vexer les fans. En fait, on sent qu’Ubisoft a récupéré le meilleur de chaque personnage (Arno, Kassandra, on pense à vous) pour la conception narrative de Naoe et Yasuke.

Bien évidemment, il serait trompeur d’écrire que l’épisode est parfait. Quelques choix de développement nous laissent un peu dans le doute. Tout d’abord, l’illusion du choix lors de certains dialogues. L’écriture des personnages et la progression de leurs relations au fil de l’aventure apportent une telle richesse narrative, qu’on espérait que les choix aient de réelles conséquences. Ce qui n’est malheureusement pas assez marqué, et c’est bien dommage…
Heureusement, il reste des cinématiques très bien réalisées, se permettant même des petites claques en termes de bande originale. Malgré l’essoufflement du moteur graphique, le jeu sur PS5 est une vraie prouesse.

Le crédo de la saga se renouvelle et ça fait du bien !
Vous l’aurez compris, Assassin’s Creed Shadows est brillant et apporte un vent de fraîcheur donc la franchise avait bien besoin. Néanmoins, malgré une absence de bugs significatifs, certains défauts persistent. La personnalisation des armes et des tenues, bien que présente, est moins poussée que ce à quoi on pourrait s’attendre d’un jeu de cette envergure. Le système de refuge et l’amélioration des installations, tout en étant un ajout intéressant, n’est pas aussi abouti que l’on pourrait espérer.
Aussi, l’intelligence artificielle des ennemis est complètement aléatoire. Parfois, ils seront redoutables et puis parfois, ils sont incapables de nous voir alors que nous sommes proches d’eux. Si elle reste plus efficace que dans Valhalla ou Mirage, cela nous sort parfois de cette immersion que l’on aimerait ne jamais quitter. Enfin, il reste cette mécanique RPG qui peut toujours prendre le risque de diviser son public, mais qui nous congratule d’une sensation de toute-puissance au fur et à mesure.

Terminons ces lignes par la gestion du monde ouvert d’Assassin’s Creed Shadows qui mérite largement d’être saluée. Fini cette sensation de gavage (et de bugs horripilants) qu’apportait Assassin’s Creed Valhalla, les développeurs rendent l’exploration plus gratifiante et plus satisfaisante. Observer l’horizon à la recherche de nouveaux points d’intérêts bien dissimulés ne sera jamais une tâche pénible pour les joueurs. Ce monde ouvert varie les plaisirs et se laisse contempler, à l’instar d’un Assassin’s Creed Odyssey.
En exemple : au lieu de suivre des points scintillants en permanence, le joueur doit recueillir des informations sur la position des cibles et des indices pour trouver des objectifs. Cette approche pousse à l’exploration et crée une immersion plus naturelle. Impossible de ne pas se remémorer les grandes heures de l’aventure d’Altair dans le premier volet de la franchise. Un véritable régal, mais qui peut apporter un peu de répétitivité au titre. Dommage que les éclaireurs nous facilitent un peu trop l’expérience, mais on apprécie grandement l’idée.
Selon nous, bien que chaque épisode nous ait séduit, Assassin’s Creed Shadows est le meilleur jeu de la saga depuis Assassin’s Creed Black Flag. Sans révolutionner son identité, Ubisoft l’améliore jusqu’à son apogée. Entre un gameplay excellent et ses personnages terriblement convaincants, le titre nous donne de l’espoir pour le futur de l’éditeur. On voudrait en révéler plus au sujet des quêtes de l’aventure, mais ce serait gâcher votre expérience. Un joli bijou pour ce début d’année, à essayer impérativement. Surtout, retenez bien les noms de Naoe et Yasuke !