C’est au musée Jacquemart André que se déroule l’exposition Artemisia, Héroïne de l’art, du 19 mars au 3 août 2025. Dans cette exposition qui retrace l’incroyable destin de cette artiste, les visiteurs auront la chance de découvrir des œuvres méconnues ou encore jamais présentées au public, tout en s’intéressant au parcours peu commun de cette femme peintre du XVIIe siècle.
Un destin extraordinaire pour Artemisia Gentileschi
Artemisia est la fille ainée de sa famille. Elle est la fille du peintre Orazio Gentileschi. Née à Rome en 1593, elle se forme auprès de son père. Artemisia fait preuve rapidement d’un grand talent. Elle puise ses principales inspirations chez son père, ainsi que chez Caravage, dont elle devient une véritable disciple. C’est d’ailleurs avec ces peintres que l’exposition met en comparaison les œuvres d’Artemisia. Cela nous permet de voir en quoi l’artiste a su mêler les styles de ses « mentors ». En effet, elle tend bien plus vers le côté clair-obscur des œuvres du Caravage que son père, qui reste lui dans un style plus classique, avec des couleurs plus claires et lumineuses.

Néanmoins, on ne peut pas attribuer à Artemisia de s’être uniquement inspirée d’hommes. Non, elle utilise aussi certainement son histoire personnelle pour peindre ses sujets (souvent les plus violents). En effet, dans sa jeunesse, son père embauche le peintre Agostino Tassi pour lui apprendre la perspective. Cependant, celui-ci en profite pour violer la jeune femme. Pour cacher son crime, il lui promet un mariage. Néanmoins, celui-ci n’a jamais lieu et Orazio Gentileschi lui intente un procès. On ne connait pas tout ce procès, on sait qu’Artemisia y subit de la torture pour vérifier ses dires et qu’elle gagne le procès. Malheureusement, la condamnation de Tassi à 5 ans d’exil ne sera jamais appliquée.
Artemisia part donc à Florence pour se marier. On remarque alors qu’Artemisia peint régulièrement des sujets en rapport avec cette histoire personnelle traumatisante, à l’instar de Suzanne et les Vieillards ou alors du célèbre Judith décapitant Holopherne. Elle choisit souvent ses sujets dans la Bible ou la mythologie et représente des personnages féminins héroïques. Elle connait très rapidement un grand succès et se voit attribuer un grand nombre de commandes. C’est elle qui gère sa carrière, ce qui est inédit dans l’histoire de l’art. Il y eut d’autres femmes artistes comme Lavinia Fontana (1552-1614), mais ce sont généralement leurs pères ou maris qui géraient leur carrière.
Finalement, un peu comme les autres artistes féminines, Artemisia Gentileschi est rapidement effacée de l’histoire de l’art. Elle ne revient sur le devant de la scène que vers le milieu du XXe siècle. Depuis, son histoire ne cesse de fasciner et son talent est reconnu à sa juste valeur.

Des œuvres inédites pour l’exposition
Dans cette exposition, pas de blockbuster d’Artemisia, mais des œuvres beaucoup plus rares et moins connues. En effet, ce qui fait la qualité de cette exposition, c’est de ne pas forcément retrouver ses œuvres les plus célèbres. Non, on va pouvoir y découvrir la carrière de l’artiste à travers un panel d’œuvres hétéroclites, prêtées par des musées ou des collectionneurs, certaines n’ayant jamais été montrées au public. On peut y découvrir la portraitiste, la peintre de cour avec des panneaux de décors pour plafond, mais aussi la peintre de plus petits formats avec des œuvres très minutieusement travaillées, telles que Danaé ou l’Amour endormi.
Autre fait assez rare pour être souligné, du fait de sa récente redécouverte, on attribue encore aujourd’hui des tableaux à Artemisia Gentileschi qui n’étaient jusque-là pas encore connus. C’est le cas du Saint Jean-Baptiste encore jamais exposé auparavant, qui est très proche de la Minerve de la Galerie des Offices. Ils sont ici présentés côte à côte, ce qui nous permet de mieux comprendre les similitudes entre les œuvres d’Artemisia.

L’exposition du musée Jacquemart André, Artemisia, Héroïne de l’art, nous fait pleinement (re)découvrir cette artiste célèbre sous un nouveau jour. A la lumière d’œuvres moins connues, on peut redécouvrir le style d’Artemisia en profondeur, ainsi que mieux comprendre ses influences artistiques. Une exposition à ne pas manquer.
Artemisia, Héroïne de l’art : du 19 mars au 3 août au Musée Jacquemart André
Commissariat de l’exposition : Patrizia Cavazzini, Maria Cristina Terzaghi et Pierre Curie
- Musée Jacquemart André, 158 boulevard Haussmann, 75008 Paris
- Du lundi au jeudi de 10h à 18h, le vendredi jusqu’à 22h et les samedi et dimanche jusqu’à 19h
- Tarifs : 18€/15€
- Site Internet
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