Proclamée le 4 septembre 1870, la Troisième République marque un tournant démocratique considérable en France, notamment avec ses lois constitutionnelles de 1875.
La fin difficile du Second Empire
Quelque temps avant la fin du Second Empire, la tension entre la France et la Prusse est très forte. Cette dernière est alors le pays montant de cette période. Les Prussiens ont notamment vaincu les Autrichiens en 1866, en fédérant tous les États (duchés) qui étaient alors sous occupation autrichienne.
Les journaux et les services secrets qui soutiennent l’armée favorable à la guerre manipulent l’opinion publique. À la suite de manœuvres politiques, Napoléon III est finalement contraint à l’été de déclarer la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. La France isolée se lance dans un combat très mal engagé.
L’empereur de 62 ans va se battre sur le champ de bataille, cherchant à mourir au milieu de ses soldats. Les Prussiens le capturent. Cette bataille de Sedan clôt finalement le conflit le 1er septembre 1870, avec la victoire décisive de la Prusse.
Le lendemain, le peuple envahit le corps législatif (députés). Eugénie, épouse de Napoléon III, fuit avec son fils. Une vacance du pouvoir s’installe… Le 4 septembre, Gambetta proclame la Troisième République dans ce contexte dramatique, où Paris tente de résister encore à la Prusse qui avance inexorablement en France.
Le siège de Paris en automne et hiver 1870 : la Commune
Le siège de Paris est très dur. Il n’y a aucun approvisionnement, on mange des rats, les plus pauvres mangent le cuir de leurs chaussures bouillies. Cet hiver, il neige beaucoup, les conditions sont extrêmes. Au sein du comité exécutif, certains sont pour la paix, mais d’autres comme Gambetta sont favorables à la poursuite de la guerre. Fin janvier, l’armistice est signée par le gouvernement provisoire qui lève le siège. Les Prussiens profitent alors de leur présence en France pour déclarer l’unité allemande et ressuscite l’empire, le IIe Reich à Versailles.
Les vainqueurs imposent rapidement une élection prévue pour début février. Elle oppose deux partis :
- Les républicains, autour de Léon Gambetta
- Adolphe Thiers, le conservateur
Gambetta le belliciste et Thiers le pacifiste… Les conservateurs l’emportent, et Thiers prend finalement la tête du gouvernement. La chambre des députés devient une chambre conservatrice avec de nombreux nobles et aristocrates. Thiers signe l’armistice (pas la paix) et on arrête de se battre. La paix sera signée rapidement par la suite. Les troupes prussiennes quittent alors Paris mais occupent tout de même un gros tiers de la France.
Le problème est que les Parisiens (beaucoup d’ouvriers) ont massivement voté pour les républicains, donc pour la guerre. Paris considère qu’elle a effectué beaucoup de sacrifices. Les Parisiens se sentent trahis par le nouveau régime. Ils s’insurgent donc à la fin mars 1871 : c’est le début de la Commune.
Paris autonome
On observe une radicalisation rapide du mouvement en raison des intransigeances de Thiers. Il évacue la capitale pour gagner Versailles. Paris autonome élit le comité général de la Commune pour diriger la ville.
En dépit de sa radicalité, la Commune est un espace très démocratique. Il existe une opposition conservatrice dans Paris qui manifeste contre les « Communards ». De nombreux journaux publient des intellectuels, des artistes (Verlaine dans Paris, Rimbaud hors de Paris par exemple) et couvrent les décisions du régime de la Commune, extrêmement novatrice et radicale.
Malgré de multiples intentions d’actions, il est très difficile de mettre en place des programmes originaux et ambitieux (l’instruction gratuite laïque et obligatoire sans moyens financiers pour payer les instituteurs par exemple).
Malgré tout, on prend de grandes décisions symboliques, comme :
- La distribution gratuite de vêtements, d’outils, de livres.
- L’interdiction du travail de nuit pour certaines professions.
- La suppression des amendes et des retenus sur salaire.
- L’installation de coopératives alimentaires (produits moins chers).
- La séparation de l’Église et de l’État.
Mais à partir d’avril, le conflit se radicalise. On prend des civils parisiens en otage, jusqu’à les exécuter parfois.
La semaine sanglante
L’armée française, disposant de plus de 150 000 hommes grâce à la complicité allemande, attaque Paris dès le 2 avril. Mac Mahon mène les Versaillais dans Paris et « libère » petit à petit la capitale. Des poches de résistance menées par des généraux républicains tentent de les repousser, mais la répression est brutale. On compte 20 000 Parisiens exécutés et 15 000 morts dans les conflits. D’autres mouvements à Lyon, Marseille ou Toulouse sont écrasés de la même manière. La Commune va entrer dans la légende politique à gauche et à l’extrême gauche en France comme à l’étranger.
Le début de la IIIe République : les lois constitutionnelles de 1875
La France est désormais sous un régime républicain dominé par les conservateurs (notamment des monarchistes, qui représentent 400 députés). Thiers essaye de trouver un compromis pour assurer l’avenir du régime face à des monarchistes qui, bien qu’ils soient majoritaires, se divisent en deux car ils se détestent. Sans être élu, il va devenir président de la République. Tout de même attaché aux valeurs républicaines, il enracine pendant deux ans la République.
Il quitte finalement le pouvoir en 1873, convaincu que la République est installée. C’est le très conservateur Mac Mahon qui le remplace. Il annonce qu’il va « gouverner avec l’aide de Dieu et rétablir l’ordre moral ». Comme les monarchistes ne s’entendent toujours pas entre eux, Mac Mahon décide de rendre encore plus officielle la Troisième République avec des lois constitutionnelles qui organiseront l’exécutif pendant plus de soixante ans !
La loi du 20 novembre 1873 (loi sur le Septennat) prévoit qu’une commission de trente membres soit élue pour décider de lois constitutionnelles.
Le 21 janvier 1875, on présente le projet de Constitution fait par la commission des Trente devant le Parlement. On trouve notamment à l’article 1 le fait que le pouvoir législatif s’exerce désormais par deux assemblées : la Chambre des députés et le Sénat. Ces décisions sont prises pour organiser le gouvernement provisoire en attendant le retour de la monarchie.
Mais le 30 janvier 1875, Henri Wallon propose un amendement où le président de la République serait élu pour sept ans à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunis en une Assemblée nationale. On vote le projet le 25 février.
Nota Bene : La Chambre des députés est le nom porté par l’assemblée législative qui est élue au suffrage universel masculin.
Pour finir, le 16 juillet 1875, la loi constitutionnelle sur les rapports des pouvoirs publics termine d’organiser les nouveaux pouvoirs en place.
Les débuts de la Troisième République sont très compliqués. Cette constitution de 1875 va pourtant être le texte constitutionnel de référence de 1875 à 1940 !
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