Stanislav Petrov, l’homme qui a probablement évité une guerre nucléaire

Stanislav Petrov, l'homme qui a probablement évité une guerre nucléaire

Il y a 38 ans, en septembre 1983, l’avenir du monde a failli basculer. Un homme, Stanislav Petrov, a permis de conserver l’intégrité territoriale de l’URSS et des Etats-Unis, en contredisant les instruments de surveillance.

Tout au long de la Guerre Froide, l’Union soviétique et les États-Unis se sont appuyés sur un système de destruction mutuelle assurée, ou MAD. Cette doctrine permettait de s’assurer d’une non-agression, les deux blocs ayant un arsenal suffisant pour détruite complètement l’autre. Les deux superpuissances avaient ainsi en permanence leurs ogives nucléaires dirigées vers les plus grandes villes du pays ennemi. On appelait ça la dissuasion par « l’équilibre de la terreur », un statu quo souhaitable pour l’Est et l’Ouest.

L’incident

Cet équilibre était pourtant précaire. Il ne tenait pas compte d’une possibilité dangereuse : l’erreur informatique. Dans la nuit du 26 septembre 1983, Stanislav Petrov, lieutenant-colonel et fonctionnaire émérite de 44 ans, ingénieur de l’armée soviétique, est de service dans un centre de surveillance près de Moscou.

« Soudain, l’écran en face de moi est devenu rouge vif », raconte Petrov. « Une alarme s’est déclenchée. C’était perçant, assez fort pour faire sortir un homme mort de sa tombe. »

« L’ordinateur montrait que les Américains avaient lancé une frappe nucléaire contre nous. »

Selon les outils à disposition, les Etats-Unis viennent de lancer un missile depuis la côte ouest en direction de l’Union soviétique. Une deuxième alarme suit, puis une troisième. L’ingénieur, sachant le système potentiellement défectueux, signale pour l’instant une fausse alerte. Les ordres de Petrov sont cependant de transmettre toute information majeure en haut de la chaîne de commandement, au secrétaire général de l’époque, Yuri Andropov. Petrov connaît les enjeux. Il sait que s’il effectue le signalement, une contre-offensive sera décidée immédiatement.

Serpukhov-15, station d'observation soviétique
Serpukhov-15, station d’observation de Petrov

L’attente

Stanislav Petrov, gardant son sang-froid, réfléchit. Si les Etats-Unis voulaient effectivement déclencher une guerre surprise et faire des dégâts, ils enverraient une centaine de missiles. Or, ce n’est pas ce que les appareils indiquent. Les autres moyens de contrôle ne lui apportent pas de confirmation visuelle. Le ciel étant nuageux, cette non-confirmation n’a pas valeur de preuve. Les minutes continuent de s’écouler, sans que l’ingénieur ne sache s’il doit informer les cadres de l’armée… Ni la hiérarchie ni le Kremlin ne reçoivent d’information : Stanislav prend sa décision et conclut que les appareils sont défectueux. Assis sur sa chaise, il ne bouge plus.

« Nous étions en état de choc. Nous nous demandions: et maintenant ? »

Le lieutenant-colonel connaît évidemment les tensions à ce moment de la Guerre Froide. Si l’attaque en est réellement une, les missiles raseront des villes entières. S’il prévient le Kremlin, la riposte sera tout aussi sanglante. Les cinq missiles détectés sont toujours présents sur ses radars et le monde est alors au bord de la Troisième Guerre mondiale. Finalement, aucun impact n’eut lieu. Aucun missile ne pénétrera dans l’espace aérien soviétique.

Stanislav Petrov : un sang -froid salvateur… Mais sanctionné 

L’enquête a posteriori permettra de mieux comprendre les défaillances du système. En réalité, aucune ogive ni objet n’était à l’approche du sol soviétique. Ce que les outils avaient révélé n’étaient que des rayons du soleil reflétés par les nuages.

Deux jours après l’incident, le lieutenant-colonel est reçu en héros dans sa station d’observation, mais la hiérarchie ne sera pas aussi clémente. Ses supérieurs distribuèrent même un blâme à Petrov. L’histoire sera classée « top secret » et ne sera largement diffusée que bien après la chute de l’URSS.

Alors qu’il était un jeune officier prometteur, deux fois décoré, Petrov prend une retraite anticipée de l’armée. Il fera par la suite une dépression nerveuse et mourra en 2017 dans l’indifférence générale. Il aura cependant eu droit en 2015 à un documentaire nommé Guerre froide : l’homme qui sauva le monde.

 

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