Ça y est ! Après des mois d’attente et de grosses inquiétudes quant à la qualité du film, Solo – A Star Wars Story débarque enfin dans notre galaxie. Alors ? Que dire de ce spin-off sur Han Solo dont la création a été pour le moins mouvementée ? Et bien il faut admettre que le pari est tenu ! Malgré quelques problèmes discernables, ce film sur la jeunesse d’Han Solo est un divertissement solide, taillé aussi bien pour les néophytes que pour les fans hardcore de la licence. Focus !
Une proximité jamais vue avec des personnages Star Wars :
Solo – A Star Wars Story nous livre peut-être l’histoire la plus humaine jamais vue dans un film Star Wars. Cela tient au fait qu’une proximité soit instaurée avec les personnages dès le début de l’oeuvre, pour perdurer durant la totalité du film. A l’aide de la caméra à l’épaule et de beaucoup de plans rapprochés, Ron Howard nous propulse au plus près de nos héros. Contrairement aux autres films de la franchise (où nous suivons des figures quasi mythologiques), nous accompagnons ici de simples personnes prêtes à tout pour se sortir de la misère. Certes les personnages de Rogue One étaient très humains également, mais ils se retrouvaient écrasés par la grande histoire : celle de la Rébellion contre l’Empire. Alors qu’ici, nous suivons l’histoire de Han sans discontinuer. Il y a une véritable volonté de rendre le l’univers de Star Wars palpable et réaliste. On a rarement eu à ce point l’impression de pouvoir interagir avec le décor ou les créatures présentés à l’écran. De cette proximité découle un attachement sincère et spontané aux personnages. En bref : l’univers de Solo – A Star Wars Story est palpable et offre une toute nouvelle dimension aux films Star Wars.
Solo – A Star Wars Story souffre cependant de scènes d’action à rallonge, alors que nos protagonistes (et antagonistes) avaient tout pour être parfaitement développés. Qu’on s’entende : il y a un développement des personnages. Mais le rythme du film ne prend pas suffisamment son temps pour se poser, ce qui les empêche d’être réellement étoffés. 10 minutes d’action en moins pour développer un peu plus nos héros aurait été impeccable, au vu du potentiel que chacun renferme.
Fort heureusement, on croit à ce groupe sans le moindre effort, ce qui est toujours mieux pour s’investir dans le récit. On retrouverait même un côté un peu « Spielbergien » dans la façon de créer cette petite communauté, tant l’équilibre instauré s’effondrerait s’il venait à être modifié. Il n’aurait donc fallu que peu de choses pour que les personnages Solo – A Star Wars Story soient parfaitement aboutis.
Casting parfait, interprétations aléatoires :
Si l’alchimie est impeccable entre les personnages de Solo, qu’en est-il individuellement ? Globalement, tout le monde est très crédible, même si on sent que les acteurs ont parfois eu du mal à investir la peau de leur personnage. S’agissant du principal intéressé, Alden Ehrenreich s’en sort plutôt bien dans la peau du jeune Han. On croit à l’interprétation du jeune homme, qui semble avoir capté l’essence du personnage. Toutefois, il est des scènes où il semble avoir un petit peu plus de mal à se fondre dans cette figure emblématique. Mais après tout, reprendre le costume du contrebandier était une tâche difficile et le faire parfaitement aurait relevé du miracle. Il serait donc de bon ton de féliciter Ehrenreich pour sa performance, en espérant qu’il prenne plus confiance en lui dans d’éventuels autres spin-off.
Les personnages secondaires sont également bons, même s’ils semblent eux aussi avoir du mal de temps à autres. Emilia Clarke nous offre une Qi’ra forte et sensuelle, bien que trop effacée par moments, là où elle devrait être mise plus en avant. Même si cela est plus dû à l’écriture de Qi’ra qu’à son talent d’actrice, son manque de présence dans certaines scènes se ressent. Woody Harrelson est toujours aussi charismatique, mais il semble ne donner que le minimum syndical, ce qui est fort dommage quand on sait son talent. Paul Bettany est extraordinaire de prestance dans la peau du méchant Dryden Vos. Son interprétation est impeccable et on regretterait presque de ne pas le voir plus dans le film. Enfin, le nouveau Lando Calrissian est également bluffant de charisme et merveilleusement incarné par Donald Glover. Ce n’est pas vraiment une surprise puisque dès les premiers trailers, nous avions compris qu’il crèverait l’écran.
Au final, si les interprétations varient, le casting aurait difficilement pu être mieux choisi. Il constitue une des forces principales du film et provoque un attachement sincère.
Han Solo : un véritable vaurien ?
Là, on s’attaque à un point sensible, mais surtout au point principal de ce film. Car rappelons qu’avant d’être un « gentil vaurien », Han Solo était un vaurien tout court. Le film nous dépeint ici un Han irrévérencieux et très malin, mais le côté « crapule » lui manque encore cruellement. Son attitude de baroudeur est discernable et toujours aussi jouissive, mais ses filouteries sont bien trop peu présentes dans le film. Il aurait été bon de nuancer un peu plus le personnage, dans la mesure où ce film lui est entièrement dédié.
Idem pour son passé sur Corellia et sa relation avec Qi’ra. Bien que les deux soient très attachants, leur background sur cette planète est presque passé sous silence. Pourtant, il aurait été aisé de montrer un segment de leur vie plus allongé dans ce lieu les réduisant presque à l’esclavage. Même si rien ne manque pour comprendre le personnage et ses motivations, l’environnement dans lequel il vit est tellement riche qu’il aurait mérité bien plus de développement. Han Solo reste ce personnage sympathique et attachant qu’il a toujours été, mais un peu plus de noirceur aurait été appréciée (même si cela survient de manière sporadique). Mais bon, comme cela est si bien dit dans le film : il est le gentil de l’histoire…
Parlons également de sa relation avec Qi’ra. Les râleurs s’offusqueront du fait qu’il y ait une histoire d’amour dans Star Wars (car il y aura toujours des gens pour se plaindre de tout et n’importe quoi). Cependant, il y a une différence entre une idée et son traitement. En soi, la romance entre Han et Qi’ra est excellente. Les deux personnages vont très bien ensemble et les acteurs choisis sont juste parfaitement accordés. Mais le problème est justement là : ils vont trop bien ensemble ! Nous n’avons pas l’impression que Qi’ra soit l’amour de jeunesse d’Han Solo. Nous avons l’impression qu’elle est l’amour de sa vie. Or nous connaissons déjà l’amour de sa vie : elle s’appelle Leïa Organa. Cela peut paraître anodin, mais ce film laisse une envie qu’Han reste avec Qi’ra pour le restant de ses jours tant ces jeunes gens semblent heureux ensemble. Le film essaye bien de nous montrer Qi’ra comme un amour impossible, mais pour le moment, il semble surtout compliqué. En aucun cas insurmontable. En fait, une des qualités principales de ce film se transforme en défaut. L’alchimie entre ces deux personnages marche tellement bien dans le film qu’elle en viendrait presque à empiéter sur le couple Han / Leïa.
Un véritable univers étendu pour les fans ET le grand public :
Enfin ! Enfin nous avons l’impression que l’univers Star Wars s’étend au cinéma ! Pour tout l’épique que nous a offert Rogue One, il paraissait encore trop accroché à la mythologie des films précédents. Solo – A Star Wars Story est un film s’intéressant à de nouvelles choses plus simples, renforçant le sentiment d’empathie de la part des spectateurs. Tout le monde devrait y trouver son compte, qu’il s’agisse des fans ou bien du public lambda. Les fins connaisseurs reconnaîtront de très nombreuses références qui échapperont au grand public, mais ce dernier n’est en aucun cas délaissé.
Lawrence Kasdan (au scénario pour Star Wars 5) et son fils Jonathan Kasdan ont trouvé un incroyable équilibre à cette histoire qui aurait facilement pu tourner au fan service putassier. Ceux-ci ont d’ailleurs réussi un coup de maître en nous faisant vivre le fameux « Kessel Run en 12 parsecs ». Rappelons que le parsec est une unité mesurant la distance et non la vitesse, bourde qu’avait fait Georges Lucas dans Star Wars en 1977. Cette erreur a été rectifiée subtilement par les Kasdan, ce qui est une belle petite prouesse d’écriture. Cela ne sera cependant discernable que par les plus connaisseurs de la licence.
On regrettera que ce film ne profite pas des planètes comme il le devrait. La force de l’univers étendu est (entre autres) de nous faire découvrir d’autres planètes, d’autres cultures. Certes, nous voyons Corellia et Kessel qui sont de nouveaux lieux, mais au vu de tout ce qu’il y a à raconter sur eux, il aurait été passionnant d’en découvrir un peu plus. Ensuite, cela ne dessert pas l’histoire et ces planètes sont suffisamment bien exposées pour que nous comprenions tout. Au final, Solo – A Star Wars Story nous rappelle à quel point l’univers Star Wars est riche. Il donne envie de découvrir encore et toujours plus d’histoires dans cet univers au potentiel illimité.
Vers une Trilogie ?
Nous vous en parlions déjà il y a quelques temps : Solo – A Star Wars Story pourrait bien devenir une Trilogie en fonction du succès que lui offrira le public. Le film semble effectivement aller dans cette direction. En soit, l’oeuvre se suffit à elle-même. Mais plusieurs éléments distillés dans le film laissent entendre que de belles choses ont été envisagées pour la suite. On pense notamment au twist final, qui en choquera plus d’un, même si les habitués de l’univers étendu ne seront pas surpris. Ce twist ouvre la voie à diverses suites ou spin-off avec un incroyable potentiel ! Espérons donc que les fans soient au rendez-vous afin de laisser ce potentiel s’épanouir.
Solo – A Star Wars Story est un pari réussi et un divertissement de première qualité. Une oeuvre qui devrait ravir les fans de Star Wars tout en divertissant le grand public. Malgré quelques problèmes discernables (comme dans tous les Star Wars), le résultat global est indéniablement à la hauteur du mythe. Une réussite qui montre que, même lorsque la création d’un film est chaotique, on peut en tirer quelque chose de très bon. Il suffit que cela soit fait avec passion.
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