« Nosferatu » : le chef-d’œuvre expressionniste fête ses 100 ans

Robin Uzan
Robin Uzan
6 Min Read

Le 4 mars 1922, Nosferatu le vampire voyait le jour pour la première fois dans les salles obscures en Allemagne. Un siècle plus tard, l’œuvre est considérée comme l’un des piliers du cinéma d’horreur et l’un des films les plus cultes de tous les temps. Revenons aujourd’hui sur la création d’un des plus vieux représentants du septième art

Synopsis : 1938, Thomas Hutter est un jeune clerc de notaire heureux en ménage avec sa femme Ellen. Pour les besoins de son travail, il doit se rendre en Transylvanie, dans l’optique de vendre une propriété au comte Orlok, très proche de sa propre maison. Mais alors que la transaction a lieu, le comte aperçoit une photo d’Ellen. Fasciné par cette femme, il tente de la séduire, répandant sur son passage une épidémie de peste. Dans un même temps, Thomas Hutter découvre la véritable nature du comte Orlok. Ce dernier est en fait un vampire du nom de Nosferatu…  

Nosferatu : une adaptation de Dracula… Ou presque ! 

Nosferatu le vampire est une adaptation officieuse du roman Dracula de Bram Stoker, paru en 1897. Pourquoi officieuse ? Tout simplement car Friedrich Murnau n’eut pas les droits nécessaires à en faire une adaptation officielle, du fait des moyens réduits de cette production. Ce qui ne l’empêcha pas de s’inspirer allègrement de l’histoire de Dracula pour créer son propre vampire. Ainsi, bien que les noms et les lieux aient été changés par rapport à l’œuvre de Bram Stocker, la trame narrative suit un cheminement assez similaire.

À ces changements de noms et de lieux s’ajoute un très gros élagage par rapport à l’histoire de Dracula. Une chose habituelle dans les adaptations, nous direz-vous. Mais la raison était moins artistique qu’économique là encore, la production devant faire très attention au moindre coût.

Nosferatu (1922) - Cultea

Toutefois, il est difficile de passer outre les originalités apportées par le scénariste Henrik Galeen. On pense notamment au cas de l’épidémie de peste, qui est une idée originale. On notera également le fait que la mort de Nosferatu est bien plus poétique que celle de Dracula, en plus d’être une véritable nouveauté dans le genre du vampire. En effet, celui-ci trouva la mort au contact des rayons du soleil. Une méthode qui peut paraître éculée aujourd’hui, mais qui fut une petite révolution du mythe de vampire à l’époque.

Mais malgré les quelques divergences entre Nosferatu et Dracula, les similitudes ne furent pas ignorées. Ainsi, la veuve de Bram Stocker intenta un procès contre la production, qu’elle remporta. En 1925, le jugement exigea la destruction pure et simple des copies du film, jugées illicites. Fort heureusement pour la culture, ce jugement ne fut jamais appliqué. Nosferatu put ainsi faire son petit bout de chemin, devenant progressivement un classique du cinéma d’horreur.

Une icône de l’expressionnisme allemand 

Difficile de parler de Nosferatu sans parler de son apport au cinéma. En effet, outre le fait d’être l’un des piliers du cinéma d’horreur, ce film est également l’un des plus célèbres représentants du cinéma expressionniste, qui s’est développé en Allemagne au début du XXe siècle, notamment après la Première Guerre mondiale.

En effet, peu après la guerre des tranchées, l’industrie hollywoodienne est en plein essor. Les productions sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus grandioses. L’Allemagne, qui panse encore ses plaies suite à la guerre, ne peut pas rivaliser dans cette industrie. Faute de moyens, les réalisateurs se retroussent les manches et rivalisent d’ingéniosité pour raconter leurs histoires ! Ceux-ci décident d’appliquer une très grosse dose de symbolique dans leurs films. Les œuvres sont ainsi rendues très expressives en terme d’images, avec une atmosphère et une mise en scène très marquées venant combler le manque de moyens.

Ainsi, plusieurs chefs-d’œuvre voient le jour à cette époque, dont Nosferatu. On peut également citer Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene, mais aussi les emblématiques M le Maudit et Métropolis de Fritz Lang. Des films qui ont profondément marqué l’histoire du cinéma et qui continuent encore aujourd’hui d’inspirer les metteurs en scène.

C’est donc l’occasion de découvrir (ou de redécouvrir) ce monument du cinéma ! Coup de chance, celui-ci est actuellement disponible sur Arte.tv. De quoi vous prévoir une belle soirée à thème. 

 

Sources :

Share This Article
Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.
1 Comment