Mildred Esther Mathias : pionnière de l’écotourisme ?

Mildred Esther Mathias : pionnière de l'écotourisme ? - Cultea

La botaniste Mildred Esther Mathias a inscrit son nom dans l’histoire de l’écologie… Découvrons son portrait !

Les premières années de Mildred Esther Mathias

Mildred naît le 19 septembre 1906 à Sappington, dans le Missouri. En tant qu’enseignant, son père est muté à l’est de l’État et toute la petite famille déménage. Elle grandit en montrant déjà un intérêt pour la nature et l’apprentissage. Elle réussit tout au long de sa scolarité à accroître cette envie d’apprendre. C’est ainsi qu’à l’automne 1923, Mildred entre à l’université Washington de Saint-Louis.

La première année, elle se découvre un talent et un goût pour les mathématiques, science dans laquelle elle veut se spécialiser. Mais à l’époque, l’université refuse aux femmes l’accès aux cours de maths comme discipline majeure de leur diplôme… Mildred se dirige alors vers la botanique, qu’elle apprécie aussi. On autorise aux femmes cette matière, car on associe les fleurs et les plantes à la féminité. Elle obtient finalement l’AB (=BAC 1926), la MA (=MASTER 1927) et le doctorat (1929), tout en menant ses recherches supérieures au Missouri Botanical Garden.

1992. Dr Mathias à Los Angeles. Sharon Belkin - Cultea
1992. Dr Mathias à Los Angeles. Sharon Belkin.

Un travail reconnu à l’international

Elle commence sa thèse à 22 ans et réalise une monographie taxonomique sur les Cymopterus et les parents de la famille des carottes (ombellifères). Mildred permet avec ses recherches de détailler ces espèces encore mal connues. Pour ce faire, elle part avec deux collègues parcourir l’ouest des États-Unis. La botaniste étudie de nombreux types d’ombellifères. Plus tard, elle mène des recherches indépendantes, même sans gagner d’argent.

Mais en 1939, le Dr. Lincoln Constance de l’université de Californie (UC) à Berkeley se joint à l’étude. C’est ainsi que, jusqu’en 1981, ils publient ensemble plus de soixante articles scientifiques sur les ombellifères du Nouveau Monde. On y trouve les descriptions d’environ cent nouvelles espèces, des centaines de nouvelles combinaisons et plusieurs nouveaux genres. En 1954, on donne le nom de Mildred Esther Mathias à une ombellifère du nord-est du Mexique, la Mathiasella. Son travail est reconnu rapidement à l’international et, en 1964, elle devient la première femme présidente de l’American Society of Plant Taxonomists.

Mathiasella, dont le nom est dérivé de celui de la célèbre botaniste Mildred Esther Mathias - Cultea
Mathiasella.

La vie personnelle de Mildred Esther Mathias

1987. Mildred Esther Mathias sur Bush Master Trail au Pérou. Sharon Belkin - Cultea
1987. Mildred sur Bush Master Trail au Pérou. Sharon Belkin.

Mildred Esther Mathias épouse en 1930 le docteur en physique Gerald L. Hassler. Quinze ans plus tard, ils s’installent dans le sud de la Californie. Ensemble, ils ont quatre enfants, et elle accepte un poste à l’UCLA (université de Californie à Los Angeles) à l’automne 1947, en tant que botaniste sous la supervision du professeur Carl Epling. Afin de lui permettre d’enseigner la taxonomie végétale, on la promeut conférencière. Puis, quatre ans plus tard, on nomme le Dr. Mathias, professeure adjointe au Département de botanique, un poste rare pour une femme à cette époque-là ! En tant que professeure adjointe, elle fait un premier voyage hors des États-Unis en 1958, en Basse-Californie (Mexique), avec un étudiant diplômé en botanique de l’UCLA, Peter H. Raven.

1987. Mildred Mathias avec le spécialiste des orchidées Ricardo Hernandez du muséum d'histoire naturelle de Lima. Sharon Belkin - Cultea
1987. Mildred avec le spécialiste des orchidées Ricardo Hernandez du muséum d’histoire naturelle de Lima. Sharon Belkin.

En parallèle, elle travaille avec des horticulteurs pour présenter aux pépinières et aux jardiniers différentes plantes subtropicales, botaniquement intéressantes et non conventionnelles, qui prospèrent dans les régions côtières et désertiques du sud de la Californie.

Des postes de plus en plus influents

Mildred Mathias devient directrice du jardin botanique de l’UCLA jusqu’à sa retraite en 1974. Avec passion, elle collabore avec les organisations horticoles en Californie et dans le monde et permet la formation de nombreux paysagistes et jardiniers amateurs.

Sa carrière professionnelle prend un tournant majeur entre 1959 et 1964, lorsque Mathias rejoint Dermot Taylor, président de pharmacologie à UCLA, pour collecter et identifier des plantes des forêts tropicales pour de nouveaux médicaments. Elle fait des expéditions en Amazonie, au Pérou et en Équateur, au Tanganyika et à Zanzibar. Des herboristes et hommes-médecins indigènes lui en apprennent un peu plus sur les plantes médicinales. Le domaine de l’ethnopharmacologie n’en est alors encore qu’à ses débuts. Ses études et expéditions contribuent énormément à sa reconnaissance mondiale !

1992. Mildred et autres à Los Angeles. Sharon Belkin - Cultea
1992. Mildred et autres à Los Angeles. Sharon Belkin.

Des prises de position pour protéger l’environnement

Lors de ses recherches, Mildred Mathias se prend d’affection pour les endroits qu’elle visite. Elle s’engage donc pour protéger la nature. Ainsi, en 1957, elle aide à la création du Rancho Las Tunas à San Gabriel, en tant que parc d’État. Elle utilise également son influence pour sauver des chênes historiques et assume la direction au sud de la Californie de l’organisation de protection environnementale The Nature Conservancy. Elle reçoit plusieurs prix pour ses engagements.

Au début des années 1960, Mildred Mathias, avec plusieurs autres professeurs, travaille pour établir le système de réserves naturelles de terres et d’eau de l’UC. Ensemble, ils essayent de créer un modèle national de conservation des écosystèmes naturels. Elle s’engage d’ailleurs personnellement en amenant les gens faire des randonnées dans des zones naturelles pour les convertir à la cause. Il s’agit là, en quelque sorte, des premières traces d’écotourisme…

En 1963, Mildred Mathias parle de manière critique de la destruction des forêts tropicales, où « de nombreux médicaments prometteurs issus de plantes sont perdus à jamais ». Sa carrière et ses engagements lui valent de recevoir le prix du mérite de la Botanical Society of America en 1973, et d’en être élue présidente en 1984.

1992. Mildred Esther Mathias et autres à Los Angeles. Sharon Belkin - Cultea
1992. Mildred et autres à Los Angeles. Sharon Belkin.

Une retraite active

Quand elle prend sa retraite en 1974, l’UCLA Extension persuade Mildred Mathias de mener un voyage d’histoire naturelle au Costa Rica. Elle devient par la suite guide touristique, afin d’éduquer les adultes sur certaines questions écologiques. Chaque année, elle visite le Costa Rica et l’Amazonie péruvienne pour immerger ses étudiants adultes dans la culture autochtone, ainsi que dans tous les aspects de la biologie tropicale et de la géographie. La station biologique de La Selva est une étape standard de ses visites et la botaniste convainc les biologistes tropicaux de donner des conférences aux adultes sur les recherches en cours.

Depuis 1974, elle a dirigé 53 groupes, avec un millier de participants, dans des espaces naturels, des jardins et des musées étrangers dans plus de trente pays. Sa dernière tournée, à l’âge de 88 ans, a eu lieu en novembre 1994 au Chili. Avant sa mort le 16 février 1995, suite à un accident vasculaire cérébral en jardinant, elle avait de nouveau prévu des voyages de groupe au Costa Rica…

Ces circuits sont désormais une source majeure d’attraction étrangère dans le pays, ce que l’on appelle « écotourisme ». Mildred Esther Mathias laisse derrière elle un héritage remarquable : ses études d’une part, et, d’autre part, la prise de conscience sur l’écologie qu’elle a pu apporter à de nombreuses personnes et organisations…

 

Sources :

L’article est une traduction et adaptation de la biographie de Mildred E. Mathias sur le site officiel du jardin botanique de l’UCLA.

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