Le village et le pont engloutis du barrage de Sarrans

Le village et le pont engloutis du barrage de Sarrans - Cultea

En 1929, on entame la construction du barrage de Sarrans, mis en service cinq ans plus tard. Il s’agit en fait d’un barrage hydroélectrique qui permet de fournir du courant à une ville comme Aurillac ou Rodez. Et pour le construire, il a fallu engloutir un village, et même un pont !

Contexte géographique et historique du barrage de Sarrans

Le barrage de Sarrans se trouve dans l’Aveyron (Occitanie), dans la vallée de la Tuyère. Plus précisément, il se trouve entre les communes de Sainte-Geneviève-sur-Argence pour la rive gauche, et de Brommat pour la rive droite. Ces deux villages sont aujourd’hui reliés par un pont suspendu. Le barrage retient les eaux de la Truyère et se situe entre les barrages de la Barthe et de Lanau.

En 1928, la Société des forces motrices de la Truyère, qui possède la concession des chantiers à cette époque, demande à construire un barrage. Rapidement, on autorise l’entreprise à mettre en place l’aménagement hydroélectrique de Sarrans et les travaux commencent en 1929. Environ 3 000 ouvriers vont aider à la construction du barrage, principalement des immigrés du Portugal, d’Italie, d’Espagne ou encore de Yougoslavie. On les logeait d’ailleurs dans les villages de Brommat et de Sainte-Geneviève-sur-Argence. Malheureusement, une cinquantaine d’entre eux auraient perdu la vie lors de la construction de la structure…

À cette époque, cette construction est le plus grand chantier d’Europe. On a en effet par exemple mis en place des lignes aériennes dans le but d’acheminer les matériaux (granit, ciment et basalte). De plus, on avait aussi besoin d’infrastructures spécifiques pour préparer le béton ou encore suivre les travaux.

Le barrage de Sarrans - Cultea
Le barrage de Sarrans.

En 1933, le président de la République Albert Lebrun visite le barrage. L’année suivante, on le met en service. En 1946, alors qu’on nationalise les entreprises de distribution d’électricité, on crée EDF. La société reprend alors l’exploitation, ainsi que la maintenance des aménagements hydroélectriques de la Truyère.

Le village et le pont engloutis

En 2014, on a vidé le lac de retenue artificiel pour le vidanger. On a donc pu voir le village de Tréboul et son pont, le pont aux Anglais, qui ont été engloutis dans les années 1930 afin de construire le barrage. Le pont a été construit au XIVe siècle, lors de la guerre de Cent Ans. Jean-Christophe Batteria, journaliste de France 3, explique :

« C’était un maillon essentiel de la route du sel, du vin et même des chemins de Compostelle. Fait de pierres de lave, il est dans un état de conservation extraordinaire. Il faut savoir qu’il est immergé sous 50 mètres d’eau. »

En ce qui concerne le village, il ne contenait ni église, ni cimetière, et ne comptait qu’une quarantaine d’habitants. Par la suite, Etienne Barthélémy, professeur d’histoire-géographie, a raconté à France 3 que l’expropriation causée par la construction de la structure était en fait une aubaine pour les habitants de Tréboul. En effet, on les considérait comme des gens assez pauvres, des fermiers ou métayers avec une richesse agricole très peu élevée. Dès lors, ils furent très heureux d’accepter l’argent proposé par EDF !

Le pont aux Anglais et le village de Tréboul lors de la vidange du lac artificiel en 2014 - Cultea
Le pont aux Anglais et le village de Tréboul lors de la vidange du lac artificiel en 2014.

Depuis 1927, le pont aux Anglais est inscrit au titre des monuments historiques. Puisque EDF vide le lac artificiel environ tous les 40 ans, on imagine qu’il sera impossible d’aller voir le pont et le village de Tréboul avant minimum 2050. À moins d’aller faire de la plongée dans le lac (ce qui est peut-être interdit), impossible d’observer le village et le pont d’ici là…

 

Sources :

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