Après une formidable conclusion en 2017, la saga La Planète des Singes fait son grand retour avec Le Nouveau Royaume. Premier opus sous l’égide de Disney, depuis le rachat de la 20th Century Fox, celui-ci a la lourde tâche de relancer une licence non seulement légendaire, mais qui en plus s’était terminée avec brio. Et si ce nouvel opus s’avère parfois chancelant, il s’impose toutefois comme une surprenante réussite.
Un véritable crescendo émotionnel
Le début de ce nouvel opus avait franchement de quoi laisser sceptique. Outre la longueur assez démentiel de l’introduction, celle-ci ne fait qu’enchaîner les stéréotypes narratifs que l’on retrouve dans à peu près tous les blockbusters. Certes, il le fait correctement, mais le peu de questionnements philosophiques (pourtant si importants dans cette saga) et la longueur de cette mise en place avaient de quoi refroidir.
Fort heureusement, La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume s’offre un crescendo fort appréciable, aussi bien thématique qu’émotionnel. Ainsi, dès que la mise en place un peu longuette se conclut, elle laisse place à une véritable montée de la tension dramatique. Le film s’offre alors quelques scènes d’une grande puissance, notamment lors de son dernier acte. On pense évidemment à la confrontation finale, mais aussi et surtout à la toute dernière scène, qui nous laisse entrevoir un monde bien plus vaste et un sacré paquet de thématiques à développer. Encore faut-il que celles-ci soient maîtrisées…
Touchant, malgré un manque de maîtrise
Avec les deux opus précédents réalisés par Matt Reeves, nous avions été habitués à une maîtrise absolument démentielle de la part du réalisateur, aussi bien dans sa mise en scène que dans les thématiques. Et si Wes Ball tente de singer cette qualité au sein de ce nouvel opus, on ressent toutefois un certain manque de contrôle dans son récit. Certes, La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume est un divertissement réussi. Mais justement, il n’est que cela : un divertissement réussi. Or, on en attend plus d’une saga aussi prestigieuse. Cette maîtrise aléatoire se ressent à deux égards :
- La mise en scène : Wes Ball ne semble pas faire assez confiance à sa mise en scène (ou bien peut-être a-t-il été contraint par des directives de production) et cela se ressent. Trop peu de moments sont laissés à l’introspection, à la contemplation, à la réflexion… Beaucoup de scènes souffrent d’un montage assez erratique, faisant perdre à l’action de sa réalité. Pourtant, quand le réalisateur laisse le temps à ses personnages de respirer, ça marche ! On pense notamment à la scène de l’observatoire en milieu de film, ou aux moments de tendresses entre les personnages, qui ont de quoi toucher aux larmes. En bref, quand le film fait confiance à son univers, il marche impeccablement.
- Les thèmes abordés : malgré plusieurs tentatives, le film manque cruellement d’une (ou plusieurs) thématique(s) forte(s). Après un bond dans le temps aussi spectaculaire, ainsi que la chute de l’humanité, il y avait pourtant largement assez de matière à développer. La violence de l’homme, la manipulation des enseignements de César, la ségrégation, les schismes religieux… Des sujets abordés, mais pas vraiment développés. Or, il ne s’agit pas d’un détail dans cette saga ! Les questionnements philosophiques sur la nature humaine sont à la base de cette histoire.
Petite remarque également sur les effets spéciaux, témoignant d’un véritable savoir-faire, mais là encore d’un certain manque de maîtrise dans la mise en scène. Comme toujours, ceux-ci sont extraordinaires et très réussis… À ceci près que le film est beaucoup trop lumineux et saturé au niveau des couleurs. Ainsi, à l’inverse de ses prédécesseurs, les défauts graphiques ressortent très facilement. Peut-être eut-il été judicieux de garder une colorimétrie similaire aux précédents, qui masquait les imperfections. Mention spéciale cependant aux textures des poils, notamment quand ils sont mouillés. Un travail titanesque et très réussi.
Ainsi, après le visionnage de La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume, on se sent nourris, mais pas totalement rassasiés. Si le film est un divertissement de bonne qualité, il manque cette cerise sur le gâteau à laquelle la saga nous a habitués (en dehors de l’épouvantable film de Tim Burton, qui n’avait pas grand chose pour lui…). Mais malgré une maîtrise aléatoire, ce nouvel opus parvient à insuffler une vraie puissance émotionnelle dans son récit. Cela marche notamment dans les scènes interpersonnelles, mais également durant les moments d’accalmie.
La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume s’impose comme une étonnante réussite. Un fait déjà assez miraculeux en soit, quand on sait à quel point il était casse-gueule de redémarrer la saga après l’excellente conclusion. Cependant, il faut espérer que l’opus suivant ne rehausse d’un cran la dimension philosophique de son œuvre. Maintenant que des bases sont posées pour une nouvelle trilogie, on en attend beaucoup de la suite.
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