Nous y voilà ! Trois ans après la sortie de La Planète des Singes – L’affrontement, César revient dans nos salles obscures, toujours sous les traits du génial Andy Serkis, dans La Planète des Singes – Suprématie. Cette fois la guerre est déclarée et fait rage entre les singes et les humains.
Aucune trêve n’a été enclenchée depuis le précédent épisode et les deux camps sont à bout de souffle. Suite à l’attaque de trop contre son camp, César décide de mettre définitivement fin à cette guerre. Le réalisateur Matt Reeves nous offre avec ce dernier opus une conclusion aussi brutale que réussie, où la psychologie des personnages côtoie un scénario riche et bien écrit.
Des thématiques assimilées et maîtrisées :
Lorsqu’on s’attaque à un monument tel que La Planète des Singes, il n’est pas garanti que l’on réussisse son film. Cela tient au fait que cette saga soit bourrée de thématiques que l’on se doit de maîtriser sous peine de ratage (en témoigne l’épisode conspué réalisé par Tim Burton). Fort heureusement, Matt Reeves connaît son sujet sur le bout des doigts et cela se ressent ! Dans La Planète des Singes – L’affrontement, Reeves avait démontré avec brio que le comportement des singes était un miroir de l’animalité qui sévit chez l’homme. Cependant, César reniait encore ces similitudes hommes/singes, préférant croire que ses semblables valaient mieux que l’humanité.
Désormais, César assume sa violence, sa colère et ses peurs. Son développement psychologique l’oblige à faire un travail d’introspection, mais également à comprendre que les mêmes défauts peuvent se trouver chez les deux espèces (la trahison, la haine, la vengeance…). Ainsi, le développement psychologique de César est poussé à son paroxysme. Un parallèle très puissant va même pousser César à se comparer à l’horrible Koba, terrassé dans le précédent épisode mais toujours présent dans son esprit. César, en pleine haine contre les humains, comprend que chaque singe lorsqu’il est poussé à bout peut commettre le pire (même en sachant que ses actes sont inutilement violents).
Outre la maîtrise des thématiques, le réalisateur n’oublie pas de distiller par-ci par-là de nombreuses références à la saga d’origine. Si nous ne les énumérerons pas toutes ici, il faut cependant parler de la plus belle référence qui soit ! Dans La bataille de la Planètes des Singes (1973), le film se termine sur un plan d’une statue de César en train de verser une larme. Dans cette œuvre, cette larme implique que César savait que la paix entre les singes et les humains ne durerait pas. Dans La Planète des Singes – Suprématie, Matt Reeves offre une toute autre interprétation à ce plan, en filmant César pleurer de la même manière, le tout dans une scène particulièrement riche en émotions. Par ce plan si anodin en apparence, Matt Reeves ne montre pas seulement à quel point il maîtrise cet univers et ces thème ; Il opère également une incroyable déclaration d’amour à la saga qu’il a suivi toute sa vie.
Des personnages hauts en couleurs
C’est dans les habitudes de la saga La Planète des Singes que de nous présenter des personnages attachants et complexes. Suprématie ne fait donc pas exception à la règle et nous offre un panel de singes et d’humains aussi attachants que détestables.
César est bien évidemment la figure centrale du film et bénéficie d’un développement psychologique qui fait plaisir à voir dans un blockbuster d’été tel que celui-ci. Le colonel interprété par Woody Harrelson n’est également pas en reste. Violent, autoritaire et déshumanisé, il s’avère être un personnage plus complexe que ce que l’on pourrait croire au premier abord. Figure emblématique d’une troupe de soldats dissidents, il fait office de Dieu vivant dans un monde où les humains n’auront bientôt plus leur place. Non seulement ce colonel est particulièrement bien développé, mais Reeves lui offre une conclusion d’une violence ahurissante renforcée par son intimisme.
Les personnages secondaires humains s’avèrent légèrement stéréotypés mais servent très correctement le récit et ne faillissent jamais à leur rôle. Les singes chevauchant aux côtés de César restent tout aussi attachants que dans les précédents épisodes. Maurice est toujours parfait dans son rôle du vieux sage mais la petite surprise vient du personnage de Rocket qui, du fait de ses traumatismes du précédent épisode (la mort de son fils notamment), s’est assagi et est de très bon conseil pour son chef César. Un nouveau personnage simiesque fait également son apparition en la personne de Bad Ape. Légèrement irritant de par son côté « Comic Relief », il n’en demeure pas moins un petit être attachant et empli de bonnes intentions. Bref ! que du beau monde dans un épisode qui conclut parfaitement cette trilogie entamée en 2011.
La boucle est bouclée !
Ce qui fait la force d’une trilogie bien écrite, ce sont des épisodes apportant chacun leur pierre pour former un édifice cohérent et solide. Et c’est exactement ce que fait La Planète des Singes – Suprématie, en concluant une histoire aux thématiques fortes et aux personnages complexes. Dans le premier opus (Les origines), l’histoire était racontée du point de vue de César et développait le personnage que nous allions suivre sur trois épisodes. Dans le second (L’affrontement), le point de vue était à la fois celui des singes et celui des humains, tout en nous précipitant vers la guerre totale. Dans ce dernier opus, la guerre fait rage et nous suivons un César désabusé et amer, prêt à tout pour sauver son espèce, quitte à se débarrasser de ses ennemis brutalement. Cela le conduira malheureusement à mettre son espèce en danger. Il devra alors tout donner pour les sauver d’un destin funeste et d’une prison à l’ambiance digne d’Auschwitz (que du bonheur…).
La fin de ce film nous fait comprendre que cette histoire est terminée et que désormais, un nouveau chapitre de La Planète des Singes peut s’ouvrir. Il est d’ailleurs intéressant de savoir que si Matt Reeves et la Fox ne prévoient pas de suite pour l’instant, Reeves souhaiterait s’intéresser un jour à la suite de cette histoire pour s’approcher progressivement de la timeline du film de 1968. Peut-être que nous aurons donc le droit à d’autres épisodes dans les années à venir. Et si la qualité est toujours au rendez-vous, pourquoi s’en priver ? En attendant, nous retrouverons Matt Reeves aux manettes du prochain film Batman Solo, dont il semble avoir déjà pris le leadership.
Avec un Andy Serkis toujours aussi talentueux et un Matt Reeves très compétent aux commandes, La Planète des Singes – Suprématie est un film qui tient parfaitement ses promesses.
Profond, sobre, bourré de références et de sous textes, il est de ces blockbusters qui redonnent espoir en une industrie hollywoodienne parfois trop insipide dans ses grosses productions. Un pur régal à découvrir absolument.
6 Replies to “« La Planète des Singes – Suprématie » est la conclusion parfaite pour cette trilogie [critique]”