Le vendredi 8 juillet 2022, l’ancien premier ministre du Japon, Shinzō Abe, a été abattu par balles en pleine rue. Alors que le monde entier est sous le choc, cela nous rappelle que les assassinats politiques sont une réalité qui a souvent marqué le cours de l’Histoire.
L’assassinat politique, un acte qui remonte à l’Antiquité
Abraham Lincoln, John Fitzgerald Kennedy, Martin Luther King… Dans la chronologie des États-Unis, ces assassinats, qui ont ébranlé la mémoire collective. Or, d’autres pays ont été confrontés à leurs heures sombres, à l’instar du meurtre politique du Mahatma Gandhi en Inde, ou celui du président de la République Sadi Carnot en France, en 1894. Du côté des femmes, Benazir Bhutto, ancienne Première ministre du Pakistan, en a été également victime. Elle avait été « la première femme élue à la tête d’un pays musulman », rappelle un podcast de Radio France.
Le meurtre politique est loin d’être un acte isolé : il alerte grandement de par son universalité. Qu’il soit idéologique ou l’apanage d’un adversaire qui veut se débarrasser de son opposant, ce type d’assassinat a en effet toujours reflété le portrait d’une société en crise, ou en mutation.
Aujourd’hui, cette pratique meurtrière a une portée monumentale. Sous le feu des projecteurs médiatiques, les tueurs se servent des nouveaux modes de communication pour exhiber leur crime. Chose qui, alors, n’existait pas dans l’Histoire ancienne.
Si l’assassinat de Jules César (qui, d’ailleurs, n’a jamais été empereur mais bel et bien un dictateur) n’est pas le premier de l’Histoire, il est néanmoins l’un des plus célèbres. C’est en 44 av. J.-C. que Jules César succombe de ses blessures au beau milieu d’une réunion au Sénat. Il aurait été frappé par vingt-trois coups de couteau. Selon le média Hérodote, « pas moins de soixante sénateurs [ont trempé] dans un complot contre sa personne » pour aboutir, ce jour-là, à sa mort.
Les politiques sauvés in-extremis
D’une manière générale, l’assassinat politique en public semble être une redondance historique. Toutefois, certaines personnalités rencontrent plus de chance. On pense notamment au dictateur et ancien Président de la République de Corée, Park Chung-hee.
En 1974, alors qu’il prononce un discours devant une foule de monde, dans le cadre symbolique d’une cérémonie anniversaire qui célèbre l’indépendance de la Corée, on tenta de lui tirer dessus. Park Chung-hee échappe de peu à la tragédie. Mais cinq ans plus tard, en 1979, son chef des services secrets parvient finalement à l’abattre.
Autre événement bien connu : l’attentat de Brighton qui, le 12 octobre 1984, avait pris pour cible la Première ministre anglaise, Margaret Thatcher. Ce jour-là, la « Dame de Fer » échappait de justesse à la bombe qui avait explosé au Grand Hôtel de Brighton. En 1961, Charles de Gaulle, quant à lui, avait failli être la cible d’une voiture piégée. Ainsi nommé « L’attentat de Pont-sur-Seine », il n’avait fait heureusement aucune victime.
Magnicide et régicide : qu’est-ce que ça veut dire ?
Plus haute est l’ascension, plus l’exposition au danger est grande. En effet, bien en haut de la tour hiérarchique, tous les coups sont permis. Or les personnalités politiques ne sont pas les seules à être dans les lignes de mire. Bien avant elles, les monarques et les empereurs ont été des cibles privilégiées, tout comme les artistes, les penseurs, ou autres figures influentes. C’est ce qu’on appelle respectivement le régicide et le magnicide.
L’Empire Romain était une grande époque du régicide. Cet acte, qui se définit par l’assassinat d’un souverain, était de coutume à une époque marquée par les conflits de succession. Britannicus, Caracalla et Domitien font alors partie des empereurs tués pendant l’exercice de leurs fonctions, ou juste avant leur prise de pouvoir.
Des siècles plus tard, le régicide prend un nouveau tournant. Le meurtre du roi de France Henri IV en est l’exemple. Si sa mort brutale est troublante, elle peut s’expliquer par le contexte des guerres de religions, qui commençait tout juste à s’apaiser. Plus que pour éliminer la concurrence, le régicide prend alors des allures idéologiques.
« Idéologie » est le maître-mot du magnicide, plus nuancé, qui caractérise l’assassinat d’une personnalité importante, mais pas forcément rattachée à la politique. Les victimes sont néanmoins souvent impliquées dans des mouvements sociaux ou des revendications qui chahutent l’opinion publique, à l’image de Malcolm X, l’une des grandes figures des mouvements de libération des Afro-américains.
Et la musique n’adoucit pas toujours les mœurs. Le 8 décembre 1980, John Lennon est brutalement abattu au pied du Dakota Building, à New-York. Au fil du temps, ces morts violentes laissent un impact indélébile dans les consciences collectives. Mais, comme le chanteur le disait si bien lui-même :
« Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. »
Sources complémentaires :
- Liste des grandes personnalités assassinées
- L’assassinat politique ? Une méthode « dépassée », selon un journal chinois, Le Point
- Corée du Sud : Park Chung-hee, la dictature capitaliste et le « miracle de la rivière Han », Bruno Birolli, Asialyst
- Le Couteau et le poison : L’Assassinat politique en Europe (1400-1800), Georges Minois
- Histoire du Moyen-Âge, Georges Minois
- L’assassinat d’Henri IV. Un essai d’histoire immédiate, Michel Cassan