Guerre du Vietnam : il remonte le moral des troupes avec… Des bières !

Guerre du Vietnam : il remonte le moral des troupes avec... Des bières !

Lorsqu’un ami est déprimé, on a tout de suite envie de l’aider. Cela passe bien évidemment par la présence auprès de cette personne, mais aussi par le simple fait de partager un moment ensemble. L’alcool aidant parfois, il n’est pas rare de passer acheter un pack de bières en chemin. Maintenant, imaginez cette idée appliquée à grande échelle, entre un New-Yorkais et des Marines déprimés sur les fronts du Vietnam. Notre histoire commence fin 1967 et sonne presque irréelle. Laissez-nous vous la raconter.

Aux origines des conflits indochinois et vietnamien

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France est affaiblie. Il faut dire que subir les destructions puis une domination allemande n’aide pas. C’est pourquoi quasi immédiatement après le conflit, l’empire colonial français éclate. Dès 1945, l’Indochine passe sous la domination japonaise. Mais très vite, un mouvement indépendantiste, les Viêt Minh, en profite pour s’emparer du pouvoir. La situation dégénère l’année suivante et se transforme en guerre entre la France alliée au Laos, au Vietnam et au Cambodge et les indépendantistes. Au-delà d’un simple conflit d’intérêts, il faut y voir la première crise majeure de la Guerre froide. En effet, l’Indochine indépendante est soutenue par la Chine mais surtout l’URSS. Il faut dire que les Viêt Minh sont communistes. Les États-Unis, forcés de se positionner, s’alignent derrière la France.

Le bilan est lourd des deux côtés et se solde par l’indépendance du Cambodge, du Laos mais surtout la scission du Vietnam en deux. Au nord, une « république » communiste à parti unique fondée par les Viêt Minh voit le jour. Au sud, se crée une république malheureusement instable.

C’est cette instabilité et ce manque de rigidité dans le jeune système qui ouvrent la porte à un nouveau conflit : la guerre du Vietnam.

Guerre du Vietnam

Un mouvement indépendantiste prend de l’ampleur dans le sud. D’idéologie communiste, il est évidemment soutenu par le nord et commence à mener plusieurs actions militaires. La guerre du Vietnam commence en 1955. Les États-Unis commencent alors à s’impliquer plus concrètement dans le conflit. Les choses dégénèrent en 1963 lorsque le président du sud Vietnam est assassiné lors d’un coup d’État. Les USA décident alors de mettre le paquet. En effet, ils envoient de nombreuses troupes et hélicoptères et investissent d’importants moyens.

Mais la guerre est très vite mal vue dans la société américaine. Le jeune mouvement hippie organise de nombreuses manifestations aux USA pour s’opposer au conflit. Ainsi, les militaires américains envoyés au front ont très mauvaise réputation. On les accuses d’être des meurtriers de masse, des violeurs et des tueurs d’enfants. La postérité constatera que tout était vrai…
Mais les mobilisés sont souvent jeunes et pas préparés mentalement à ce qui les attend. La guerre est un traumatisme de tous les côtés, dans les sociétés civiles américaine et vietnamienne mais aussi chez les soldats survivants.

La guerre du Vietnam - Cultea

Remonter le moral de ses amis

John « Chick » Donohue

Fin 1967, un vétéran des Marines, John « Chick » Donohue, ayant servi au Japon et à Taïwan vit des jours paisibles dans son quartier d’Inwood à New-York. John, 26 ans, et quelques copains sont alors accoudés au comptoir de leur bar lorsqu’ils entendent les slogans criés par les manifestants dehors. Ils sont lassés, et refusent d’entendre leur frères d’armes se faire traiter de tueurs d’enfants. Ils savent la difficulté du front et pensent à un moyen de leur remonter le moral. Le Vietnam avait déjà eu raison de 28 jeunes originaires du quartier. Le barman George Lynch, vétéran lui aussi, propose alors une idée folle : apporter des packs de bières à leurs camarades sur le front. Donohue, sans doute ivre, accepte le défi.

Il faut dire que John travaille dans la marine marchande et qu’il a par deux fois déjà accosté dans le Vietnam du sud. Mais ce défi est plus complexe, il faut aller sur le front. Il se fait alors embaucher comme marin sur un navire transportant des munitions. Donohue embarque alors avec un minimum d’affaires mais surtout plusieurs packs de différentes bières. Plus exactement pour les connaisseurs : Pabst Blue Ribbon, Schaefer, Schlitz, Piels, Ballantine et Rheingold. Le trajet jusqu’au Vietnam dure huit semaines.

A son arrivée, il tombe sur le premier gars de son quartier, Tommy Collins, alors en poste sur le port. Ce dernier n’en revient pas :

« Chickie ! Tu te fous de moi ?! Comment t’es arrivé là ? T’es malade ! »

Tommy Collins, cité dans « The Greatest Beer Run Ever: A Memoir of Friendship, Loyalty, and War »

Avant même qu’il ait fini sa phrase, Donohue lui sort une bière de son sac et lui offre : « Vas-y mec, ouvre là, elle est fraîche ». Par la suite, Donohue arriva à retrouver plusieurs autres du quartier.

John Donohue est l'homme à gauche en chemise à carreaux. - Cultea
John Donohue est l’homme à gauche en chemise à carreaux.

Un incroyable périple

Son voyage est une histoire de dingue. Il traverse le pays en auto-stop à bord de Jeep, de camions ou d’hélicoptères. Ce dernier parvient même à rester à bonne distance des combats. Il joue la comédie auprès de gradés sur place pour se faire accepter dans les camps militaires. John bricole des mensonges, il se fait passer pour un agent du gouvernement, il invente sur le tas. Avec sa tenue qui jure (un short et une chemise), on le prend pour un agent de la CIA. Donohue souligne lui-même :

« je suis rentré dans les Marines comme simple troufion et j’en suis ressorti simple troufion. Mais quand j’étais là-bas (au Vietnam), j’étais un véritable général quatre étoiles en matière de bobards ! ». 

John Donohue, cité dans « The Greatest Beer Run Ever: A Memoir of Friendship, Loyalty, and War »

Notre aventurier sera le témoin d’un événement majeur de la guerre : l’attaque des Viêt-Cong contre l’embrassade américaine à Saïgon. Il finit par rentrer au pays en mars 1968. Il est accueilli dans son quartier comme un héros.

Raconter l’histoire

John Donohue décida de raconter son histoire incroyable dans un livre. Ce dernier fût co-écrit par un ancien chroniqueur du New-York Post J.T. Malloy. Le New-York Times fit la promotion de l’ouvrage qui devint un best-seller.

Aujourd’hui, Apple studios entend réaliser une adaptation filmique de cette histoire, avec notamment Zac Efron dans le rôle titre et Russel Crowe au casting. Bill Muray serait aussi en négociation. Enfin, le projet est porté par le réalisateur oscarisé Peter Farrelly, auteur notamment de l’excellent Green Book.

Voilà donc le récit des formidables aventures de John Donohue, livreur international de bière. En effet, l’histoire retiendra cette belle démonstration d’amitié qui a su passer outre la distance et la guerre. 

 

Sources :

  • http://www.unificationfrance.com/article66702.html
  • https://www.newpelican.com/articles/giving-thanks-and-beers-during-the-greatest-beer-run-ever/

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