Quand Greta Thunberg est devenue un instrument de propagande russe

Quand Greta Thunberg est devenue un instrument de propagande russe

Est-il encore besoin de présenter Greta Thunberg ? Pas vraiment… Alors qu’elle était à peine adolescente, celle-ci était déjà le visage d’une jeunesse qui lutte pour son avenir sur une planète en proie au dérèglement climatique. Mais alors qu’en 2022 démarrait la guerre en Ukraine, suite à l’invasion Russe, la jeune femme s’est retrouvée au cœur d’une opération de propagande dont elle se serait bien passée. En effet, elle est devenue en Russie, sans le savoir ni le vouloir, la nouvelle égérie anti-OTAN. Une opération de propagande qui arriva au moment où la Suède, pays natal de la militante, tentait d’intégrer l’OTAN, après deux siècles de neutralité. Aujourd’hui, le pays fait partie intégrante de cette organisation depuis le 7 mars 2024. 

« Non à la Russie, non à l’OTAN, non à la guerre »

En Russie, tout part d’un long article d’un journal en ligne nommé Vzgliad. Le journal est connu pour soutenir le président Poutine. Le titre de l’article en question ? « Greta Thunberg renaît en ennemie de l’OTAN« . Dans ce papier, l’auteur questionne comment le mouvement de Thunberg pourrait annuler l’adhésion de la Suède à l’OTAN.

Sur X, anciennement Twitter, a été posté le 8 juillet 2022 une photo de manifestants du mouvement écologiste Fridays For Future (mouvement mené par Greta Thunberg) à Stockholm. Sur cette photographie, une personne brandit la pancarte « Non à la Russie, non à l’OTAN, non à la guerre ».

Photo OTAN Russie Guerre
Photo en question avec le slogan « Non à la Russie, non à l’OTAN, non à la guerre ».

Pour les journaux russes, qu’importe que Greta Thunberg soit ou non sur la photo (et elle n’y est pas). Qu’importe aussi que la pancarte en question se positionne contre la Russie et contre la guerre. Le plus important est de s’emparer d’une égérie Suédoise, pour en faire un instrument de propagande russe. Et pour comprendre ça, il faut remonter au principe de neutralité suédois, récemment abandonné…

La neutralité historique de la Suède

La Suède n’a pas pris part à un conflit armé depuis 1814. Cette guerre l’opposait à la Norvège. La neutralité est en quelque sorte un réflexe vital pour quasiment tous les Suédois. Actuellement, le pays se trouve dans une période charnière de son histoire.

La doctrine politique du pays a été fructueuse pour le pays lors de la Première et Seconde Guerre mondiale. Deux conflits majeurs auxquels n’a pas pris part la Suède. La neutralité a aussi été fructueuse lors de la Guerre Froide. Malgré sa position géographique, entre l’OTAN et le pacte de Varsovie, le pays s’est préservé du conflit.

Suède neutralité pays OTAN
La Suède, un pays historiquement neutre.

Cette neutralité a été sujette à débat. Ce fut le cas pour l’entrée de la Suède dans l’UE lors des années 90. Les textes de l’Union Européenne comportent des éléments de coopération au niveau sécuritaire et militaire. Élément capable d’interférer avec la position neutre de la Suède.

Le 8 juin 2016, le pays signe un Statement on Intent avec lest États-Unis. La neutralité a un peu évolué afin de devenir une politique de « non-alliance ». La Suède ne peut donc pas rester passive si un pays européen ou nordique subit une attaque. Ce qui est en train de se passer en Ukraine actuellement.

Plus tôt, le pays avait publié une déclaration unilatérale de solidarité envers les pays européens et nordiques. Cette déclaration annonce une réelle avancée de la conception suédoise. Le pays s’ouvre sur l’étranger proche et se place comme un potentiel leader de la région Baltique.

L’abandon du principe par la Suède et la Finlande

La Suède et la Finlande ont laissé de côté leur position neutre depuis que la Russie a envahi l’Ukraine. Les deux pays ont ensemble fait une demande d’adhésion à l’OTAN le 18 mai 2022. Les deux pays partagent une longue frontière terrestre avec la Russie, les rendant de facto inquiets pour leur souveraineté. 

Bien évidemment, la décision des deux pays a été vivement contestée par la Russie. L’OTAN étant l’ennemi clair de la Russie. Pour qu’un pays adhère à l’organisation, elle doit être approuvée à l’unanimité. Chaque pays membre a un droit de veto. Un seul pays peut décider qu’un autre ne rentre pas dans l’OTAN. L’adhésion fut cependant bien accueillie par les pays membres. Ainsi, les deux en font désormais partie, depuis 2023 et 2024.

Greta Thunberg et la Russie 

Les médias russes décrivent de suite la jeune militante comme une « ennemie de l’OTAN pour Gazeta.ru qui est contre « l’adhésion de la Suède à l’Alliance atlantique » selon 360.tv. Les journalistes russes semblent s’être d’un coup souvenu de l’existence de Greta Thunberg. Une personne pour qui ils n’avaient que très peu d’estime ces derniers temps. Le 23 septembre 2019, Vladimir Poutine avait commenté le discours de Greta Thunberg au cours de l’Assemblée générale de l‘ONU à New York.

« Personne n’a expliqué à Greta que le monde actuel est compliqué et multiforme, qu’il se développe vite et que des gens en Afrique et dans beaucoup de pays asiatiques veulent vivre au même niveau de prospérité qu’en Suède »

Vladimir Poutine sur Greta Thunberg 

Greta Thunberg, de son coté, n’a jamais été tendre avec le président russe. Dans le même commentaire fait à l’Assemblée générale de l’ONU, Poutine avait qualifié Thunberg de « gentille fillette très sincère » mais qui ne semble pas au fait de la complexité du monde.

Si une politique de neutralité lui a longtemps été avantageuse, il semblerait que ce qui se passe actuellement en Russie et en Ukraine rebatte les cartes. Les événements forcent le changement de conception de la politique étrangère du pays. 

Vladimir Poutine Russie
Le président russe, Vladimir Poutine.
Sources 

Après ma licence en Information-Communication, j'ai commencé un master en journalisme à l'ISCPA. Actuellement, je suis en deuxième année de Master. Je suis passionné de culture, et aime écrire dessus.

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