« Fighting Angels » : le pire jeu de combat imaginable !

"Fighting Angels" : le pire jeu de combat imaginable !

Certaines œuvres sont destinées à devenir de grands noms. D’autres n’auront peut-être pas la même chance, mais certaines ne devraient juste pas exister. C’est le cas de Fighting Angels, un titre PS2 méconnu de mauvais goût…

Evoquer son nom revient à définir réellement ce qu’est la honte vidéoludique. Nombreux sont les titres mauvais, mais dans ce cadre précis, difficile de ne pas crier son dégoût face à ce déluge de stupidité… Les fans de baston n’en ont peut-être jamais entendu parler, et à la fin de cet article, ils préfèreront que cela en reste ainsi…

Croyez-nous que trouver les mots pour parler de Fighting Angels (2005) est un défi particulièrement robuste du rétrogaming. Toutefois, on s’efforcera de raconter pourquoi ce jeu ne souhaite que se nourrir de l’argent de ses consommateurs férus de nouvelles tendances.

La recette « Simple », mais efficace !

Fighting Angels fait partie des épisodes compilations Simple 2000 sur PS2. Ce sont des jeux produits à des budgets très bas, sans aucun esprit artistique, ni passion. Ce sont aussi des mines d’or pour l’éditeur D3 Publisher, une branche filiale de Bandai Namco, puisque les projets sont peu chers et fortement rentables.

Reconnaissons tout de même des éléments positifs à travers ces œuvres à la durée de vie extrêmement courte. Leurs multiples parutions permettent de confier du travail à des développeurs amateurs, gonflant un peu plus leur curriculum vitæ. Parmi ces studios méconnus se trouvaient, entre autres, les équipes d’Atlus, célèbres pour la série des Persona.

Ces titres de mauvaise qualité permettent aussi d’expérimenter des idées novatrices du média que d’autres productions n’oseraient tester. Très répandue sur Playstation 2, Simple représentait plus de 5% du catalogue intégral de la console de Sony. Certaines œuvres sont devenues cultes, tandis que d’autres n’auraient jamais dû exister.

Un jeu de la branche Simple coûte 2000 Yen au Japon, soit 12 euros ! Les développements ne durent que quelques jours pour de gros résultats de ventes. La franchise totalise plus de 20 millions d’exemplaires vendus en 2007. La Playstation 2 fut la console la plus utilisée pour ses petits jeux. Ensuite, d’autres supports après la PS1, comme la Nintendo Wii et la Xbox 360, se sont vu attribuer des jeux Simple dans leur bibliothèque. Le dernier en date est officiellement sorti en toute indifférence sur WiiU en 2013.

Remplacer Hulk ou Godzilla par une idole en bikini et vous obtenez Demolition Girl, l’un des nanars expérimentaux les plus vendus de la franchise Simple sur PS2. A mourir de rire ! C’est aussi l’un des plus recherchés des collectionneurs.

Expliquer qu’il s’agit d’un vaste n’importe quoi serait trop grandiloquent pour décrire le contenu. Du ping-pong avec des femmes en tenue légère, un survival-horror mêlant cafards et petites jupes (nous y reviendrons, tant il mérite que l’on en parle), un jeu de sniper en zone totalement vide. De véritables touches de folie ludique ! Mentionnons aussi un plagiat d’Ace Combat sous fond d’alien, etc… Leurs noms sont tordants : Taxi Rider, Zombie Zone, Zombie Attack, Space War Attack…

La majorité de ces jeux profitait de leurs bas prix pour exister, tandis que d’autres se délectaient de la naïveté du public. C’est sans doute pour cela que tous les prétextes étaient possibles pour dévêtir des héroïnes ou mélanger sans cohérence les jeux de sport. Pourtant, le plus drôle est que la licence Simple et plusieurs de ses jeux, dont Earth Defence Force, sont parvenus à devenir culte. Cela n’empêche en rien que le mauvais goût l’emporte souvent.

On pourrait donc les catégoriser ainsi :

  • Des jeux de sport et de réflexion. Certains sont sans prise de tête, tandis que d’autres profitent de mauvais arguments (l’hypersexualisation ou la testostérone) pour se démarquer. On suggère Puzzle Maniacs ou Pink Pong.
  • Des jeux d’action nanardesques, mais qui attirent un public particulièrement friand de ce genre d’expériences. On prend tout ce qui fonctionne dans la concurrence et on utilise tout ce qui plaît pour satisfaire le client en peu de temps.
  • Des projets expérimentaux. Un point intéressant, puisqu’il rend les projets Simple très atypiques. Ce sont des œuvres uniques défiant les limites de l’imagination, malgré le budget restreint et la durée de travail très courte. Pour exemple, Demolition Girl est très connu des initiés, car il met en scène la garde nationale japonaise défiant une femme géante qui pourrait détruire la ville.
  • Les pires. On ne peut pas être plus explicite. Hélas, Fighting Angels entre dans cette catégorie.

Par conséquent, le Japon connaissait déjà l’intérêt zéro que représentait Fighting Angels. C’est son export international qui posait réellement problème. Certes, vu l’aberration du titre, son prix n’est pas haut, mais le regret sera éternel. Ainsi, grâce à 505 Games, Simple 2000 Series Vol. 55 : Le Catfight : Joneko Densetsu (à vos souhaits) deviendra Fighting Angels lors de son arrivée en France ! Notre pays pouvait enfin bénéficier des valeurs de Simple. 

En une image, on comprend tout ce qui ne va pas dans Fighting Angels !

Profiter du succès d’un autre jeu, c’est pas Simple !

Qu’est-ce donc que ce Fighting Angels ? Une mauvaise blague, qui profite du triomphe d’une autre œuvre reconnue du public.

A cette époque, Tekken, The King of Fighters et Street Fighter n’étaient pas les seuls incontournables du jeu de combat, puisque Dead or Alive s’imposait en bon rival du genre. Bien qu’il ait toujours la réputation de n’être qu’une excuse pour contempler des femmes « sexy » se battre, le jeu de la Team Ninja était très technique, dynamique et nerveux dans ses affrontements. Son quatrième épisode, sur Xbox 360, est toujours considéré comme l’un des meilleurs Versus Fighting selon les fans. La franchise répondait présent à de nombreux tournois d’e-sport et organisait de multiples évènements.

Malheureusement, c’est surtout la réputation des spin-off Xtreme, dans lesquels toutes les héroïnes se trémoussent en bikini sur la plage, qui ont conduit la franchise Dead or Alive à se perdre. Récemment, la preuve en est que Dead or Alive 6 (2019) n’a pas convaincu tout le monde à cause de ses cosmétiques onéreux, ses costumes de mauvais goût (enfin, tout est relatif…) et son netcode trop en retard. Le jeu avait été largement critiqué du public, reprochant un développement des combattantes plus mises en avant que la structure du titre elle-même. En parallèle, Dead or Alive Xtrem 3 (2016) fut un immense succès commercial.

Bien évidemment, des éditeurs affamés de stratagèmes capitalistes sont conscients que de nombreux joueurs dépenseraient leurs économies pour admirer des courbes féminines. Nul besoin de scénario, de graphismes fluides. Pas besoin non plus de gameplay peaufiné ou d’éprouver un quelconque plaisir ludique. Que nenni, puisque le plus important est de récupérer l’argent des gens !

Fighting Angels est à oublier très vite !

Les mauvais jeux de combat sont légion. On pourrait citer Rumble Roses et Kabuki Warriors. Cependant, Fighting Angels est encore bien en dessous ! C’est un jeu ridicule avec des commandes limitées et injouables. C’est un hybride loupé entre tout ce qui se fait dans la concurrence (et le catch) sans équilibrage. Moche, il ne raconte rien et rate à la perfection tout ce qu’il ne souhaite pas engendrer.

Le seul intérêt du jeu réside dans son casting 100% féminin. Malgré tout, il n’est pas question de présenter des femmes fortes ou dotées d’une personnalité intéressante… Il suffit juste de leur faire porter un maillot de bain. Une image de la femme encore bien dégradée…

Ce n’est pas un nanar, ni un navet ! Pire, le décrire comme une version low-cost de Dead or Alive serait presque un compliment !

Certaines productions sont vraiment mystérieuses…

Si vous cherchez la définition du mot « escroquerie » dans le dictionnaire, vous trouverez sans doute la jaquette de ce jeu vendu très cher sur Internet… En effet, aussi improbable soit-il, les produits labellisés Simple ont gagné une forte notoriété auprès des collectionneurs. Fighting Angels atteint presque la soixantaine d’euros sur Internet.

Nous terminerons ces lignes par une question qui, probablement, vous taraude. Comment avons-nous pu tomber sur ça ? Disons que la curiosité est un vilain défaut. Nous avions beaucoup entendu parler des produits Simple, mais les tester dépasse toutes nos espérances… C’est une expérience singulière, tout sauf agréable, plus particulièrement celle-ci. Dites-vous que le pire des jeux de l’année ne sera jamais pire que Fighting Angels ! Surtout, dites-vous qu’il existe encore sûrement bien pire ! 

Photographe et réalisateur indépendant. Certains de ses films ont obtenus une soixantaine de sélections en Festival à travers le monde. Rédacteur chez Cultea, ses écrits sur le Traumatisme abordé dans le jeu vidéo sont publiés sur le site !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *