Assassin’s Creed Mirage n’a pas fini de fasciner les érudits d’histoire. En partenariat avec Ubisoft, l’Institut du Monde Arabe à Paris ouvre une exposition sur la resplendissante Bagdad et ses reconstitutions historiques à partir du dernier épisode de la franchise culte. Le public est invité à découvrir Bagdad : redécouvrir Madinat al-Salam, avec Assassin’s Creed Mirage, ouverte du 28 février au 10 novembre.
Depuis 750, les Abbassides gouvernent l’immense Empire islamique. En 762, Al-Mansûr, deuxième calife de la dynastie, décide de fonder une nouvelle capitale. Il en choisit l’emplacement sur la rive occidentale du fleuve Tigre, dans l’actuel Irak. Débute alors la construction d’une ville majestueuse sur un plan circulaire avec le palais califal en son centre. Al-Mansûr la nomme Madinat al-Salam, la cité de la paix. Comment restituer cette ville-monde, capitale politique, scientifique, culturelle et marchande, rasée par les Mongols en 1258 et sur les ruines de laquelle la Bagdad moderne s’est construite ? L’exposition propose une réponse à cette question en faisant dialoguer les faits historiques et les objets des collections de l’IMA, dont certains n’ont pas été vus depuis plus de vingt ans, avec du contenu issu d’Assassin’s Creed Mirage : dessins conceptuels (concept arts), extraits vidéo et audio, images des personnages et lieux historiques présents dans le jeu, etc.
Nous étions sur place pour le vernissage organisé à l’IMA ce 27 février 2024 en présence de quelques membres de l’équipe d’Ubisoft. En prime, nous avons eu droit à une visite guidée par Jean-Luc Sala, le directeur artistique d’Assassin’s Creed Mirage et Thierry Noël, l’historien qui nous raconte les coulisses des recherches. Des étapes construites à base de créativité artistique, de travaux universitaires, mais aussi de discussions avec de nombreux historiens passionnés de l’époque. Un challenge passionnant, néanmoins difficile, puisque la représentation de Bagdad au IXe siècle ne compte que peu d’informations.
Un vrai travail historique !
Pour commencer les recherches, Thierry Noël nous raconte que l’IMA est le premier endroit où l’équipe s’est rendue pour obtenir de précieux conseils, des archives et des renseignements. Plusieurs questions se sont posées tout le long du développement sur la véracité de l’ancienne cité, comme les activités possibles, les environnements et les objets pour les reconstituer directement dans le jeu.
Pour l’époque, la ville ronde de Bagdad est un cas unique. Cependant, cela vient d’inspirations plus anciennes comme la Perse. Ils ont repris ce vieil héritage. C’est un lieu qui déborde de vie. J’aime la vie qu’il y a dedans.
Chaque détail est minutieusement étudié, à l’instar de l’architecture, des lumières et des atmosphères, le tout afin d’apporter une véritable cohérence. Comme l’explique Jean-Luc Sala, « si on ne peut pas avoir l’exactitude, on vise l’authenticité. »
C’est aussi un retour en milieu urbain pour Assassin’s Creed. L’exposition n’est donc pas anodine et répond comme un aboutissement du travail des deux équipes.
Redécouvrir Bagdad par Assassin’s Creed Mirage
Assassin’s Creed Mirage est un épisode important. Il marque en effet le quinzième anniversaire d’une franchise si populaire qui devait, à ses débuts, n’être qu’un spin-off de Prince of Persia. Pour revenir aux sources de la série et rendre honneur à la popularité autour du personnage de Basim (vu dans Assassin’s Creed Valhalla), les développeurs font immédiatement le choix de se tourner vers l’Orient et plus précisément vers la capitale de l’Irak. On ne pouvait rêver d’un meilleur décor tant explorer la ville ronde est un vaste plaisir dans le jeu vidéo.
Une occasion de demander l’aide des chercheurs professionnels de l’Institut du Monde Arabe. L’objectif était de se rapprocher le plus possible de la réalité, tout en associant des partis pris pour le gameplay. C’est également un excellent moyen de briser les clichés de la ville et de présenter ses cultures à travers les différents quartiers. L’exposition révèle aussi au public des objets de collection et des concept arts du jeu. Une manière très satisfaisante d’apprendre de manière ludique.
Les joueurs vont découvrir une ville bien plus verte que prévue, loin de l’image clichée du désert. C’est la première fois que l’on va parler de cette partie du monde sans que ce soit sous le prisme de la guerre. Nous sommes sur un contre-pied de cette représentation.
Cette exposition de l’Institut du Monde Arabe se concentre sur cinq thèmes. La ville ronde, les différentes religions présentes à Bagdad, l’administration et la politique, mais également les arts et la culture (avec une mention de la Maison de la Sagesse). Enfin, un passage se consacre aux sciences et techniques.
Chaque trouvaille historique raconte ce que fut la ville de Madinat al-Salam. En parallèle, le parcours montre l’expertise des talents pour la reconstruction de la magnifique cité grâce aux technologies vidéoludiques. Ainsi, l’exposition lie toujours les faits du passé et le travail moderne d’Ubisoft Bordeaux et des autres studios ayant apporté leur touche. Par exemple, Singapour apporte l’agriculture et certains quartiers, tandis que les locaux de Sofia apportent un peu de vie aux PNJ. Un travail organisé et méticuleux, toujours inspiré par la recherche.
Ce n’est pas la première collaboration entre l’Institut du Monde Arabe et l’éditeur de jeu vidéo. En effet, ils avaient proposé une expérience de réalité virtuelle lors de l’exposition Cités millénaires : Voyage virtuel de Palmyre à Mossoul. C’était entre 2018 et 2019.
L’exposition Bagdad : redécouvrir Madinat al-Salam, avec Assassin’s Creed Mirage se déroule à l’Institut du Monde Arabe à Paris, du 28 février au 10 novembre 2024. Rappelons également que l’aventure de Basim a récemment été mise à jour pour accueillir le mode Permadeth (Mort Permanente), poussant la difficulté à son plus haut degré.
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