Evoquer le souvenir de Prince of Persia revient à conter une trilogie légendaire avec beaucoup de nostalgie. Alors qu’on la croyait définitivement disparue, Ubisoft ravive la flamme avec The Lost Crown, un épisode qui porte en lui le devoir de perpétuer l’héritage. Un retour stupéfiant qui saura immédiatement conquérir son public, à n’en point douter.
Nota Bene : Nous avons pu tester le jeu sur Nintendo Switch via son édition deluxe. Nous avons donc pu arpenter le périple avec un costume facultatif.
N’est-il pas l’une des plus grandes trilogies de l’enfance pour la plupart des joueurs ? Les Sables du Temps, L’Ame du Guerrier et Les Deux Royaumes restent encore aujourd’hui des chapitres d’un conte indémodable (2003 à 2006). Il en est de même pour l’original de 1989 sur Apple II, sorti de l’imagination de Jordan Mechner, véritable révolution d’un média en quête de nouveauté. Puis, le temps s’écoule et la franchise semblait alors enfouie dans les sables depuis tant d’années… Jusqu’à aujourd’hui. La série est de retour et ce n’est pas un mirage !
Perpétuer l’héritage…
Nous avions eu l’immense bonheur de nous livrer à une démonstration du titre lors de la Paris Games Week 2023 sur le stand d’Ubisoft. Ce premier aperçu nous avait déjà fait beaucoup envie et, très vite, ce Prince of Persia The Lost Crown était devenu l’une de nos attentes de ce début d’année 2024. Pour tout dire, le retour d’une franchise légendaire ne pouvait que nous combler d’excitation. Le dernier épisode, Les Sables Oubliés, datant de 2010, ne représentait pas l’adieu honorable que le prince méritait.
C’est donc avec une immense satisfaction que l’on découvre ce nouvel épisode développé par Ubisoft Montpellier. Quiconque connait Rayman Legends ou l’excellent Soldats Inconnus aura déjà une idée du savoir-faire du studio chargé de ressusciter la saga disparue. Que les fans se réjouissent ! Ce Prince of Persia The Lost Crown est une délicieuse réussite, qui se démarque considérablement des autres productions.
Devenir Immortel et mourir !
Sargon est un guerrier intrépide promis à l’avenir des plus braves. Il est aussi le septième membre du clan des Immortels, combattant au service de Thomyris, la reine de Perse. Jamais le pays n’avait connu d’aussi grands défenseurs. Malheureusement, la situation se dégrade. Les terres se dessèchent, la pauvreté règne en maître et le prince Ghassan est enlevé. Devenant la priorité des Immortels, Sargon et sa valeureuse équipe n’ont d’autres choix que de se rendre au Mont Qaf pour sauver le fils de la reine. Hélas, les choses se compliqueront très vite, puisqu’une malédiction frappe ces lieux.
C’est ainsi que s’ouvre un nouveau mythe. Que serait un Prince of Persia sans sa touche de magie et de malédiction ? Il s’agit d’un élément primordial au service du gameplay, du level-design, mais aussi de la narration. Et pour plus d’immersion, un doublage perse est hautement recommandé !
Commençons par un détail qui comble dès les premiers instants. Terminé l’exploration en 3D à laquelle on était habitué, puisque Prince of Persia The Lost Crown est un metroidvania tout en 2D. Le choix pourrait surprendre les non initiés. Mais c’est en réalité le meilleur compromis pour cette franchise, qui reflète ses origines. Impossible de ne pas évoquer le premier épisode dans lequel il fallait sauver la princesse en moins de 60 minutes. Le jeu proposait des mouvements réalistes pour l’époque et une difficulté très élevée qui inspira par la suite Flashback.
Ce choix audacieux symbolise parfaitement la renaissance de la saga, mais également cette approche mêlant nostalgie et modernité. Sargon est jouissif et épique à contrôler et ses déplacements vifs, précis, très bien réalisés. C’est exactement ce qu’il faut pour surmonter un titre difficile et finalement plutôt exigeant. On pourrait presque croire que le Prince of Persia de 1989 a grandi avec nous. Le chef-d’œuvre semble alors lui-même devenir Immortel !
Le « metroidvania », la solution idéale
Nota Bene : Bien que nous ayons terminé le jeu en Guerrier (Normal), il existe plusieurs choix pour corser le challenge. Mieux encore, Ubisoft propose une personnalisation totale de la difficulté, dans laquelle nous pouvons modifier les dégâts environnementaux, ceux des ennemis et l’épuisement des ressources pour ne citer que ces exemples. En plus d’être une très bonne idée pour l’accessibilité, c’est aussi une solution pour créer sa propre façon de jouer et accroître une bonne durée de vie en plus de la quinzaine d’heures nécessaires pour atteindre l’épilogue.
Livré à soi-même, Sargon progresse avec son épée et son agilité. On peut aller de droite à gauche, faire des roulades, sauter, frapper et parer. Au fur et à mesure, de nouvelles habilités s’ajouteront au jeu, comme tout Metroidvania qui se respecte. Nous pourrons bientôt tirer avec un arc, faire un sprint aérien et même nous téléporter par l’intermédiaire d’un clone (l’Ombre du Symorgh que nous avions déjà adorée lors de la démonstration). Tous les ingrédients d’un jeu de plateforme et d’action sont donc réunis pour le meilleur.
Certes, écrit de cette manière, on croirait que le jeu atteindrait vite ses limites, surtout en matière d’affrontements. Heureusement, ce n’est que pour surprendre encore plus avec l’élaboration des combos. Une fois que l’on maîtrise son clone, son arc et son épée, on peut se débrouiller pour pratiquer le combo le plus dévastateur. Après tout, nous sommes un grand guerrier, on aurait tort de s’en priver !
Avec un peu d’entraînement, il est possible de vaincre un Boss sans prendre le moins dégât et en étant le plus spectaculaire possible. Créer un clone dans une autre direction, trancher l’adversaire et prendre la place de son double pour contre-attaquer est divinement grisant. Une belle preuve qu’un gameplay simple peut être solide et efficace. On s’est souvent vu en train d’améliorer notre style de combat, parce qu’on ressent vraiment une grande montée de puissance et de nervosité.
De plus, on pourra également compter sur des choix d’amulettes pour augmenter ses capacités en devenant plus fort et résistant. Mieux encore, un Refuge permet de reprendre des ressources et, en fouinant un peu, des points de téléportation permettent de se déplacer instantanément d’un coin à l’autre de la carte pour découvrir les nombreuses quêtes secondaires et les multiples combats d’une Citadelle où l’on se perd très (trop ?) souvent.
Nota Bene : Pour tous ceux pour qui l’exploration pourrait être pénible, il est possible de choisir entre deux options afin de faire apparaître les objectifs ou non sur la carte. Cela ne facilitera pas pour autant le titre, mais on salue vraiment cette libre démarche !
Attention où l’on met les pieds !
Bien évidemment, le véritable charme de The Lost Crown réside dans la traversée des pièges. Depuis toujours, la franchise d’Ubisoft nous habitue à terminer des parkours sans erreur pour échapper à des pièges plus vicelards les uns que les autres. Cela tombe bien, puisque son gameplay s’adapte à la dextérité. Pour s’en sortir, il faudra de sacrés réflexes et beaucoup de jugeote. Ce procédé frôle presque le genre du die & retry. On se rend alors compte que ce sont nos moments préférés du jeu.
Puis, à un certain point de l’histoire, il est toujours possible de se téléporter pour se sortir d’un bien mauvais pas. Décidément, ce simple élément du jeu transcende toute une partie. Une fois la téléportation acquise et comprise, l’exploration devient également un vrai plaisir. Surtout que l’on sera contraint à de nombreux allers-retours. Finalement, nous sommes bien devant un Metroidvania.
Bon retour parmi nous, Prince of Persia !
On ne tarit pas d’éloges. Tant que l’on pourrait croire que ce Prince of Persia The Lost Crown est exempt de défaut. Honnêtement, ils sont très mineurs et ne gâchent en rien une partie. Néanmoins, il est dommage que tout ce qui se passe à côté du gameplay si raffiné ne soit pas des plus intéressants. La plupart des Immortels sont oubliables et le scénario se contente du strict minimum, bien qu’il comporte de jolies traces de bravoure. Plus triste encore, le personnage de Sargon lui-même paraît finalement très anecdotique, tant on n’éprouve peu d’empathie à son égard.
L’écriture du titre lui fait défaut, tout comme le fait qu’il soit, finalement, un Metroidvania des plus classiques. Cela aurait été l’occasion parfaite de transcender le genre, comme l’avait réussi Les Sables du Temps en 2003, restant aujourd’hui incontournable ! On aime vraiment la magie de la Perse. Mais on aurait probablement aimé plus de cette touche qui fait de Prince of Persia l’une des plus grandes franchises jamais créées. Heureusement, manette en mains, tous ces défauts paraissent superficiels et rien ne vient gâcher l’immense plaisir qui se dégage du titre.
Enfin, nous terminerons sur les mérites d’une direction artistique assez soignée, comportant de jolis visuels. Aussi, les graphismes sont fluides et nous n’avons que très peu ressenti une chute des performances. Sur PS5 et Xbox Series, le jeu tournerait sur du 120 images par seconde. Sur Switch, nous avons pu bénéficier de 60 i/s, accompagnées d’un rendu très propre. Cette version apporte un confort non négligeable et se permet de devenir l’une des meilleures expériences de la console de Nintendo. Un grand bravo à toute l’équipe d’Ubisoft Montpellier pour ces retrouvailles qui réchauffent le cœur. Sincèrement, on n’y croyait plus !
Faire renaître une saga éternelle n’est jamais une tâche facile. Prince of Persia The Lost Crown est une œuvre fantastique, portée par un talent et une passion inébranlable. En renouant avec les origines, Ubisoft permet à la série d’atteindre des sommets prometteurs. Plus qu’un vent de fraîcheur dans le domaine vidéoludique, le jeu propose ce qui existe de plus efficace, offrant un plaisir qui ne s’arrête pas avant d’atteindre les 100 %. Sans conteste l’un des titres qui nous annonce une bonne année.
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