Famille : l’ordre de naissance forge-t-il la personnalité ?

Famille : l'ordre de naissance forge-t-il la personnalité ?

L’ordre de naissance de l’enfant dans sa fratrie, aîné, cadet et benjamin, forge-t-il  la personnalité d’un individu ? Les aîné.e.s seraient responsables, les cadet.tes oublié.e.s, les benjamin.e.s choyé.e.s et libres. Voilà les idées que nous pouvions avoir sur les personnalités des individus selon leur ordre de naissance. Mais est-ce vraiment le cas ? Des études récentes montrent que cette hypothèse serait fausse.

La position de l’enfant dans sa famille : histoire d’une hypothèse scientifique

La position d’un enfant dans sa famille a influencé son statut social pendant une longue période. En effet, nous pouvons citer les lignées royales où les ainés (généralement masculins) étaient logiquement choisis comme héritiers, et s’il leur arrivait quelque chose, le successeur était choisi selon l’ordre de naissance. Il s’agissait du droit d’aînesse.

Jusqu’ici, il ne s’agissait que de statuts sociaux érigés par la société, mais qu’en est-il du développement de la personnalité selon l’ordre de naissance ? La théorie selon laquelle notre personnalité peut changer selon notre position dans l’ordre de naissance est apparue au début du XXe siècle avec Alfred Adler. En effet pour le psychothérapeute, la personnalité et le style de vie d’un individu se basent sur cette position.

Ainsi, selon lui, la naissance du cadet prive l’aîné de l’attention qu’il ou elle possédait de ses parents et le rendrait enclin au conservatisme et à imiter les personnes plus âgées. Les cadet.tes chercheraient l’attention de leurs parents de façon compétitive et les benjamin.e.s sont paresseux.se.s. Et finalement, les enfants uniques possèderaient un complexe d’Œdipe et seraient plus enclin à l’égoïsme.

Plus tard, la théorie sera confirmée par de multiples études, notamment par celle de Frank Sulloway qui étudiera la carrière d’individus dans les années 1990 et 2000 pour évaluer cette influence. Les scientifiques né.e.s en premier auraient plus tendance à pratiquer de la recherche conservatrice, tandis que les scientifiques cadet.tes ou benjamin.e.s seraient plus intéressé.e.s par les théories de l’évolution et de la relativité qui sont plus radicales.

Réfutation de ces idées 

Les nouvelles études sur cette théorie se basent sur les éléments dits principaux de la personnalité : l’ouverture d’esprit, la conscience, la stabilité émotionnelle, l’extraversion, l’amabilité, le neuroticisme et l’imagination.

En 2015, une professeure agrégée de psychologie à l’université de Houston, Rodica Damian, a alors utilisé les données d’une étude longitudinale sur 440 000 lycéens et lycéennes pour mener son étude. En prenant en compte le statut social, le sexe et l’âge, l’étude démontre que l’association entre la personnalité et l’ordre de naissance « est aussi proche de zéro qu’il est possible de l’être ».

Une autre étude a été faite en 2015, confirmant l’étude menée par la professeure. Avec trois échantillons représentatifs des habitants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, l’étude n’a une nouvelle fois menée à aucun lien entre la position de l’enfant et la personnalité qu’il peut avoir.

Un seul lien pourrait exister entre l’ordre de naissance et la personnalité 

Les deux études ont montré que les personnes nées en premier étaient plus susceptibles de mieux s’exprimer. Les aîné.e.s ne sont pas forcément plus intelligent.e.s ou ne possèdent pas une capacité d’apprentissage plus élevée, mais simplement ils ou elles sont plus susceptibles d’avoir une meilleure intelligence verbale. Ceci est simplement dû au fait que les enfants nés en premier ont passé plus de temps avec des adultes, des personnes plus âgées dans leur petite enfance. La différence n’est que d’un point de QI.

Quelles sont alors les influences de la formation de la personnalité ?

Cette idée séduit encore le public et les chercheurs, car chacun.e est positionné.e dans une famille et ainsi a des expériences personnelles. Cependant, Damian explique que ces observations sont dues à une confusion, car l’aîné.e semblera toujours plus responsable et plus mûr.e pour ses plus jeunes frères et sœurs et ses parents, tout simplement parce qu’il ou elle est plus âgé.e.

La formation de la personnalité est encore mal comprise, avec des recherches suggérant que 40% serait dû à la génétique et le reste lié à des facteurs environnementaux et culturels qui participent à former les dispositions dans lesquelles nous évoluons.

Bien que les traits généraux de personnalité puissent être mesurés, il est plus difficile de quantifier les expériences subjectives qui les façonnent. Damian étudie actuellement l’impact des récits de vie des individus sur leur développement personnel. Néanmoins, la psychologie de l’ordre de naissance reste bien moins divertissante que de taquiner ses frères et sœurs !

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Sources :

  • La position d’un enfant dans une fratrie influence-t-elle vraiment sa personnalité ? National Geographic 
  • The associations of birth order with personality and intelligence in a representative sample of U.S. high school students – ScienceDirect 

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