uBlack Panther est sans conteste la saga maudite du MCU… Pourtant, avant le décès tragique de Chadwick Boseman, celle-ci avait démarré en beauté avec un premier épisode particulièrement réussi, malgré des défauts très visibles. Retour sur le premier opus de Black Panther.
Un rythme inégal mais crescendo
Black Panther souffre d’un problème de rythme, certes pas flagrant, mais tout de même assez malvenu. Toutefois, ce problème n’est décelable que lors de la première moitié du film. Là où la première partie semble peiner à enchaîner ses scènes, la seconde nous offre un spectacle digne des meilleurs films du MCU. Le tout en soumettant un propos social et géopolitique fort intéressant.
Malgré une première partie peinant à trouver son tempo, on ne peut qu’apprécier la mise en contexte du Wakanda et de sa population. Tout est introduit de manière claire. Ainsi, nous ne nous demandons jamais qui est qui, ou quelles sont les forces en présence. Cela sauve cette première partie moyennement rythmée, tout en mettant en place les divers éléments clés de l’histoire. Au final, le film s’en sort correctement niveau écriture, même si certains points auraient mérité un peu d’améliorations. Fort heureusement, ce rythme inégal dénoncé est rattrapé par un propos qui n’avait pas été abordé depuis un moment dans le Marvel Cinematic Universe.
Black Panther : un film social et très politisé
Qu’il est bon de retrouver des thématiques aussi fortes au sein du MCU. Si on peut reprocher le manque de développement de ces divers sujets, on ne peut que saluer leur présence. Ici, nous sommes confrontés à deux sujets qui, s’ils sont distincts, n’en demeurent pas moins corrélés :
- La discrimination ethnique ayant eu (et ayant encore) lieu aux Etats-Unis vis-à-vis des noirs.
- Le manque de représentation de l’Afrique sur la scène politique internationale. Problème auquel se couple l’ingérence occidentale présente sur ce continent.
Là où le propos trouve toute sa force, c’est dans les solutions qu’il propose face à cette discrimination. Le film pointe du doigt l’esprit revanchard de certaines communautés, ainsi que l’escalade de la violence. Cependant, l’œuvre propose une solution bien plus pacifiste, prônant l’entraide, ainsi que le rapprochement entre toutes les cultures (sans distinction de couleurs ou de classes sociales). Si le message peut paraître naïf, il est toujours bon de le véhiculer, surtout dans une Amérique profondément divisée socialement.
Une esthétique impeccable
Black Panther est l’un des plus beaux films du MCU parus à ce jour. Outre les décors africains parfaitement iconisés par Ryan Coogler, ce dernier s’est également attelé à créer une ambiance à l’esthétique impressionnante. On pense bien sûr aux costumes colorés, mélangeant la tradition africaine à un style vestimentaire ultra-moderne. On peut également noter les présentations aériennes du Wakanda, retranscrivant parfaitement la puissance et la modernité de cette cité cachée. La puissance africaine est d’ailleurs représentée en permanence via ses décors. Qu’ils s’agisse de ceux urbains, ou de ceux plus naturels, ils nous font ressentir la puissance brute et indomptée de ce continent. Les décors de science-fiction sont également très harmonieux, donnant envie de posséder des technologies similaires à celle du Wakanda.
Mais c’est surtout l’esthétique fantastique qui est la mieux gérée, via un incroyable mélange d’aurores boréales et de nature africaine. Les scènes allégoriques dans lesquelles nous retrouvons ce type de décors sont tout bonnement féeriques. Ajoutez à cela toute la symbolique inhérente à Black Panther et vous obtenez des scènes aussi sublimes que puissantes émotionnellement. Probablement le point le mieux géré du film. Cette symbolique et la noblesse qui s’en dégage n’est d’ailleurs pas sans rappeler Le Roi Lion… ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Un casting sous-exploité
Black Panther jouit d’un excellent casting, malheureusement sous-exploité au profit du grand spectacle. Chadwick Boseman nous offre une prestation des plus correctes, aidée par son charisme naturel. Andy Serkis, l’acteur virtuel le plus connu du monde (pour ses rôles de Gollum ou encore César dans la Planète des Singes) nous offre quant à lui une prestation teintée de cabotinage, ce qui est dommage quand on sait à quel point cet acteur est capable d’être subtil. A sa décharge, il semble s’éclater dans ce rôle de méchant.
Michael B. Jordan n’est également pas au top de sa forme… Malgré son talent indéniable, celui-ci est un peu trop caricatural. Il ne parvient à retranscrire qu’aléatoirement la complexité émotionnelle de son personnage. Ce qui est regrettable quand on connaît l’étendue de son talent. Petite mention pour Forest Whitaker ainsi que Martin Freeman, qui ne brillent pas spécialement, mais que l’on a toujours plaisir à retrouver !
Mention spéciale toutefois pour l’excellent casting féminin ! Qu’elles soient guerrières, ingénieures ou matriarches, les femmes brillent dans Black Panther. Il s’agit d’ailleurs probablement d’un des meilleures castings féminins dont nous ayons pu profiter dans un film super-héroique. Laetitia Wright est juste parfaite dans son rôle de Shun, la sœur espiègle et intelligente du Black Panther. Danai Gurira est impeccable dans son rôle de guerrière fidèle au Wakanda, malgré les doutes qui l’assaillent quand à la légitimité du dirigeant. Lupita Nyong’o n’est pas vraiment mémorable dans ce rôle stéréotypé de « love interest » qu’est Nakia, mais elle a le mérite d’être elle aussi une femme très forte, s’éloignant du cliché de la demoiselle en détresse.
Black Panther est un véritable vent de fraîcheur au sein du Marvel Cinematic Universe. Malgré quelques défauts celui-ci nous offre un spectacle grandiose agrémenté de thématiques intéressantes. Des thématiques qui ont su trouver un écho dans la suite, malgré l’absence de son protagoniste…
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