La série à succès est revenue le 15 juin 2023, après 4 ans d’absence, pour une sixième saison ! Black Mirror est une série d’anticipation, se basant sur des technologies ou habitudes de notre société, et dépeignant notre futur proche autour d’un sujet précis. Chaque épisode a un casting différent, un décor différent et une réalité différente. Ils traitent tous de la façon dont nous vivons maintenant, et de la façon dont nous pourrions vivre dans dix minutes si nous sommes maladroits. Quelques exemples : l’importance de la notation, les limites du contrôle parental ou encore les intelligences artificielles. L’anticipation menant à la dystopie est un genre qui a traversé les époques. Mais d’où vient ce phénomène ?
L’origine de l’anticipation
Une œuvre d’anticipation décrit le monde tel qu’il pourrait être dans un futur proche ou plus lointain. Le genre de l’anticipation est né dans la littérature à la fin du XIXe siècle, avec le roman De la Terre à la Lune de Jules Verne. Il vient de la rencontre entre les traditions du voyage imaginaire, de l’utopie et des romans d’aventures. Il dépeint principalement les conséquences psychologiques et surtout sociales du changement.
1984, de George Orwell, est à ce jour le meilleur exemple de dystopie d’anticipation du XXe siècle. Il décrit une Grande-Bretagne trente ans après une guerre nucléaire entre l’Est et l’Ouest, censée avoir eu lieu dans les années 1950 et où s’est instauré un régime totalitaire fortement inspiré à la fois de certains éléments du stalinisme et du nazisme. Dans ce roman, la dictature d’un parti unique surveille tous les faits et gestes de ses sujets. Le gouvernement n’encourage certainement pas le libre-arbitre. La série à succès Black Mirror s’en est inspirée. Dans de nombreux épisodes, il est question d’espionnage par le gouvernement. L’anticipation est aujourd’hui reprise au cinéma et à la télévision avec des films comme Time Out d’Andrew Niccol ou la série The 100 de Jason Rothenberg.
Les récits historiques
La série Black Mirror fait appel à de nombreuses thématiques classiques des récits d’anticipation. En effet, la dimension historique est très prisée. Certains épisodes de Black Mirror mettent en scène des situations montrant le gouvernement américain dans des situations critiques. Dans le pilote, la série crée un dilemme autour d’un politicien, le forçant à avoir des relations sexuelles avec un animal pour retrouver sa fille. L’épisode pose donc la question du libre-arbitre et de la dignité. L’épisode 3 de la deuxième saison montre un ours de dessin animé acquérir une telle popularité qu’il se présente aux élections présidentielles. On observe ici la place que prennent les médias dans notre société, jusqu’à la politique.
Dans la littérature, les auteurs se servaient des régimes totalitaires pour créer des œuvres d’art. En 1953, Ray Bradbury publie Fahrenheit 451, au cœur duquel le gouvernement décide de brûler les livres. François Truffaut adapte cet ouvrage au cinéma en 1966. Plus récemment, en 2005, Amélie Nothomb s’inspire des camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale pour son roman Acide sulfurique. Elle rivalise alors d’ingéniosité, alliant modernité et ancienneté en créant une émission de télé-réalité qui utilise ces camps comme sujet phare.
Black Mirror et le développement des nouvelles technologies
Depuis l’invention d’Internet et le développement des intelligences artificielles, les dystopies d’anticipation se basent globalement sur les nouvelles technologies. Dans la série Black Mirror, les téléphones, centres de nos vies, sont utilisés comme des outils d’espionnage. Les robots sont poussés à un réalisme perturbant. Les personnes s’implantent des outils technologiques directement au niveau du cerveau.
Le premier épisode de la dernière saison, « Joan est horrible », est parfaitement écrit. Dans cet épisode, une jeune femme nommée Joan découvre une série basée sur sa vie en temps réel. Elle apprend alors que son téléphone collecte ses données. La signature des « termes et conditions » de sites Internet l’empêche de retrouver une vie normale et anonyme. On peut alors y voir une autocritique de Netflix, au travers de la fausse plateforme « Streamberry » et du mode de création de leurs contenus.
Au niveau du cinéma, on a pu voir dans les années 90 le film The Truman Show. Ce film utilise la vie d’une personne pour créer de l’audimat. La télé-réalité de Truman est alors poussée à l’extrême. Plus récemment, le long-métrage I, Robot d’Alex Proyas nous montre les dérives de la vie en communauté avec les robots. Les films et séries d’anticipation présentent donc de nombreuses hypothèses sur notre avenir avec les technologies modernes.
L’anticipation, comme réflexion philosophique autour de la question de l’humain et des technologies, a traversé les époques. Ce genre s’est donc popularisé et est apprécié par le grand public en roman, au cinéma ou en série. Simples idées pessimistes ou prédictions du futur, on se donne rendez-vous dans 100 ans pour le découvrir. Avec sa série Black Mirror, Netflix a révolutionné ces codes et ne compte pas s’arrêter là !
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