Le légendaire destrier d’Alexandre le Grand a traversé les âges jusqu’à nous. Si les hommes ont gravé leurs noms dans l’histoire, certains animaux, comme Bucéphale, ne sont pas en reste…
Un cheval de légende
Qui n’a jamais entendu parler de la légende de Bucéphale ? Peu de chevaux ont gravé leur nom avec autant d’importance dans l’histoire que ce cheval-ci. La figure de Bucéphale est étroitement liée au mythique conquérant Alexandre le Grand. Et on ne peut évoquer les conquêtes du roi de Macédoine sans mentionner son incroyable destrier.
Nous n’avons pas beaucoup de sources mentionnant Bucéphale. En effet, les principaux écrits le concernant proviennent de Plutarque (Alexandre, 6) et Arrien (Anabase, V).
L’ami d’Alexandre le Grand
Bucéphale comme un défi
Alors que le jeune Alexandre vient d’avoir 12 ans, son père, Philippe II de Macédoine, lui offre en cadeau un magnifique cheval. Mais l’achat n’était pas couru d’avance… En effet, le marchand thessalien, Philonicos, présente Bucéphale au roi. Le cheval semble tombé du ciel. Son pelage ébène attire l’œil. Son encolure ronde, sa tête haute et ses proportions mythiques font de lui le seigneur des chevaux.
Mais l’animal est très agité et nerveux, il ne se laisse pas monter. Philippe II refuse donc l’achat, mais le jeune Alexandre lui demande de se raviser. Le roi accepte, à condition qu’Alexandre dompte l’animal. S’il échoue, il devra entièrement rembourser son père. Ce qui représente une somme rocambolesque…
Or, l’étalon noir est sublime, mais personne jusqu’ici n’a réussi à le monter. L’animal piaffe, rue et se cabre. Les hommes ont peur de lui, ce cheval semble indomptable. Cependant, le jeune homme est déjà un cavalier émérite et connaisseur des batailles à cheval. Alors, quand il voit devant lui ce grand cheval noir au sang chaud, il relève le défi !
Alexandre passe ainsi des heures à observer le comportement de l’animal. Mais chaque essai des hommes qui tentent de s’approcher de l’animal se conclut par un échec. Un jour, le jeune homme se décide. Il guide Bucéphale et le place face au soleil. Le cheval renâcle et peine à être calmé. Pendant quelque temps, Alexandre l’apprivoise. Il passe du temps avec lui, le déplace au rythme du soleil et du mouvement des ombres, le caresse, le touche… Quand il sent l’animal rassuré, il agrippe l’encolure et se hisse sur le dos de Bucéphale. Alexandre a trouvé sa faille… Il avait peur de son ombre ! On appelle aujourd’hui cette technique de dressage, l’équitation éthologique, ou comportementale.
Le jeune homme lance son destrier au galop à travers la plaine face au soleil, sans aucun accro ! Il revient vers son père et l’homme dit : « Mon enfant, cherche un royaume à ta mesure. La Macédoine n’est pas assez grande pour toi. » Ainsi, l’animal peut désormais être monté à cru par les valets. Mais il n’est possible qu’à Alexandre de chevaucher l’animal avec le harnais royal. Bucéphale plie le genou à terre et laisse le jeune homme grimper sur son dos…
Le conquérant et son destrier
Durant presque vingt ans, Alexandre et Bucéphale se lancent dans un même élan sur les champs de bataille. L’animal accompagne le célèbre conquérant dans presque toutes ses victoires, et notamment celle sur Darius le Grand, empereur des Perses, à Issos, en 333 av. J.-C. Les seuls moments où Alexandre laisse son cheval pour un autre, c’est pour ménager Bucéphale…
Rien n’arrête ce couple mythique qui étend les frontières de l’Empire grec de l’Égypte, où le roi fonda la ville d’Alexandrie, à l’Inde. Ensemble, ils alimentent les légendes de guerre et contribuent à la diffusion de la culture hellénistique dans tous les peuples conquis. Un incident survient cependant près de l’Hyrcanie (région d’Asie au sud-ouest de la mer Caspienne). Des ennemis capturent Bucéphale et déclenchent le courroux d’Alexandre, qui menace de mort tous les ennemis rencontrés dans la région. Il récupère par conséquent bien rapidement son cheval…
Mais après tant de victoires, cette histoire s’arrête brusquement en 326 avant notre ère… Alors qu’Alexandre affronte Pôros, roi indien du Pendjab durant la bataille de l’Hydaspe, Bucéphale est gravement touché. Malgré ses blessures, il porte le roi de Macédoine jusqu’à la victoire. Alors que la bataille se termine, l’animal s’écroule… Alexandre perd son cher destrier… Alexandra fonde, en son hommage et sur son tombeau, la ville de Bucéphalie, dans l’actuel Pakistan.
Nota Bene : la mort de Bucéphale suscite encore aujourd’hui des interrogations. Nous présentons ici une des fins légendaires du cheval. Arrien par exemple, écrit que l’animal serait mort de vieillesse entre 28 et 30 ans.
L’histoire de Bucéphale a alimenté les imaginations jusqu’à nos jours. On retrouve le couple dans de nombreux films, écrits et peintures, et même dans certaines chansons…
Sources :
- revue-circe.uvsq.fr : Bucephale, compagnon d’exception d’Alexandre
- historia.fr : Bucéphale, la plus grande conquête d’Alexandre le Grand
- journals.openedition.org
- Alexandre le Grand par Pierre Briand – Editions Presse Universitaires de France
6 Replies to “Le cheval le plus célèbre de l’histoire : Bucéphale, le destrier d’Alexandre le Grand”