« The Insider » : Steven Soderbergh plus malin que jamais [critique]

Steven Soderbergh est de retour coup sur coup en ce début d’année 2025. Après son film d’horreur Presence sorti le 5 février dernier, il revient cette semaine avec le thriller The Insider. Emmené par Michael Fassbender, Cate Blanchett, Regé-Jean Page, Naomie Harris ou encore Pierce Brosnan, The Insider (Black Bag en VO) est un petit film d’espionnage sans fioriture d’1h30 largement divertissant. Une proposition efficace, écrite par l’immense scénariste David Koepp (Jurassic Park).

The Insider : un petit film comme ça

Il avait dit il y a quelques années qu’il prenait sa retraite. Visiblement, Steven Soderbergh ne peut pas se passer des plateaux de cinéma. Mais depuis quelque temps, l’immense réalisateur de la saga Ocean’s Eleven est passé à un cinéma plus intimiste, davantage confidentiel. Il s’est éloigné des grosses productions hollywoodiennes pour se centrer sur un cinéma plus libre, plus personnel. Une approche avec laquelle il semble s’amuser comme un petit fou. Une stratégie dans laquelle s’inscrit parfaitement The Insider.

Bénéficiant du talent d’écriture de David Koepp, qui signe un récit inventif et cérébral, The Insider peut également compter sur l’audace narrative de son réalisateur. Steven Soderbergh livre ici un petit exercice de genre élégant, un véritable jeu d’enfant, qui stimule autant son auteur que son assistance. The Insider, sans jamais tomber dans la prétention ou le tape à l’œil, est un objet court, efficace, intelligent et séduisant. Un petit bonbon vite vu certes, mais une sucrerie sympathique, un petit digestif agréable.

Sans être le meilleur film de sa carrière (on en est quand même très loin), The Insider est une proposition sans chichis, jamais superflue, mais qui manque parfois d’impact, de grandiose. The Insider ne sera pas le film qui marquera durablement les fans de Steven Soderbergh, mais c’est difficile de bouder son plaisir.

The Insider préfère se concentrer sur les failles humaines de ses personnages plutôt que d’entrer dans un film d’espionnage classique. Le scénario regorge de retournements de situation. Mais ces derniers ne sont jamais tape à l’œil et servent une histoire humaine intéressante, qui explore le psychisme de l’être humain moderne par le biais de l’espion.

Michael Fassbender, dont le rôle semble avoir été écrit sur-mesure, est impeccable dans la peau de cet espion intelligent, calculateur, précis, chirurgical, capable de discerner le vrai du faux en observant le monde qui l’entoure et les erreurs de ses partenaires. On regrettera simplement que ce rôle ne soit qu’une déclinaison à peine masquée du récent The Killer de David Fincher.

Véritable brûlot psychologique, The Insider est une thérapie de groupe plus qu’un film d’espionnage comme on a l’habitude d’en voir. C’est un film mature, dont l’enjeu n’est pas le destin du monde, mais celui d’un couple. Exit les excentricités des propositions façon James Bond ou Jason Bourne… Ici on explore les caractères des êtres humains par le biais de l’espionnage. Les pérégrinations d’espions ne sont que des prétextes pour entrer dans les tréfonds de l’esprit humain, de sa vanité à son égoïsme en passant par son orgueil.

Les éléments s’assemblent ainsi pour raconter le drame humain plutôt que l’éventuelle apocalypse. Le plaisir réside principalement dans les dialogues, dans l’écriture des personnages, dans leurs relations, leurs mensonges et leur capacité à dissimuler le vrai du faux. On se retrouve ainsi dans une délicieuse enquête façon Agatha Christie. 

De ce fait, The Insider est un film sur les contradictions. Une proposition stylisée, pleine d’humour noir, dont le véritable sujet est l’expression du mensonge et de la vérité à travers une profession ou chaque information est pénalisable de vie ou de mort. 

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