« Smile 1 & 2 » : retour sur une saga d’horreur qui prend ses aises [critique]

"Smile 1 & 2" : retour sur une saga d'horreur qui prend ses aises [critique]

En 2022, le cinéaste Parker Finn dévoilait Smile, le premier volet d’une nouvelle licence horrifique. Emmené par Sosie Bacon, le film avait réussi à trouver son public et avait rapporté plus de 217 millions de dollars de recettes au box-office. Un score suffisant pour que la Paramount donne son feu vert à un deuxième volet, sorti en ce mois d’octobre 2024. Un deuxième opus passionnant qui surpasse son prédécesseur en tout point.

Smile : retour sur le premier volet

En 2022, Smile avait réussi à trouver son public surtout grâce à son approche rafraîchissante. Premier point positif, le film n’est pas la suite, le reboot ou le remake d’une licence déjà existante. Ce n’est pas non plus l’énième adaptation d’un roman de Stephen King. Non, Smile s’inspire d’un court-métrage sorti en 2020, et déjà réalisé par Parker Finn. Mais surtout, il repose sur un concept passionnant. Quelque part entre The Ring, It Follows, The Empty Man et Destination Finale, Smile parvient à remodeler et à moderniser le vieux mythe de la boucle horrifique, déjà au centre des métrages précédemment cités.

Smile
Sosie Bacon dans Smile

Ici aussi, il est question d’une boucle infernale où les victimes n’ont que quelques jours pour s’affranchir d’une menace démoniaque qui se manifeste de manière de plus en plus violente. Ici aussi, notre héroïne, notre Final Girl doit trouver un moyen de se débarrasser de son parasite, de sa maladie, en la refilant à quelqu’un d’autre. Ou comment le mantra « tant que c’est pas moi » prend tout son sens.

Même si Smile ne révolutionne pas le genre, il est suffisamment solide dans sa narration pour se placer comme l’un de ses meilleurs représentants. Le récit, fluide, permet d’emmener l’auditoire dans une ambiance oppressante de tous les instants. Paranoïaque, le film parvient, comme It Follows, a distiller une menace omniprésente et surtout imprévisible. Le démon peut se manifester n’importe quand, par le biais d’un inconnu, d’un proche ou même d’une foule (comme le montre le deuxième volet). C’est passionnant et les ressorts horrifiques nous tiennent en haleine du début à la fin.

Surtout, Parker Finn parvenait parfaitement à jouer avec ses jump scares. En fait, ces derniers sont placés à des moments attendus du récit. Mais contrairement au tout-venant horrifique, Parker Finn prend un malin plaisir à faire durer l’intervention du jump-scare. On vous explique. Le public se retrouve dans une séquence assez classique. Et alors qu’on pense savoir quand le jump scare va surgir, ce dernier se fait volontairement attendre, laissant le temps à l’ambiance, l’anxiété, le poids de la paranoïa de s’installer durablement.

De ce fait, la menace est constante et les jump scares interviennent presque comme une libération, comme un élément de montage qui vient mettre un terme à la souffrance du spectateur. Si on vous parle de tout ça, c’est parce que Smile 2 fonctionne à peu près de la même manière.

Smile
Ce genre de sourire…

Et puis, ces sourires peu naturels sont un élément terrifiant, malaisant et totalement perturbant pour l’assistance. En plus, Smile peut compter sur une bande son géniale, et sur une interprétation parfaite de Sosie Bacon. Enfin, même si la fin est plus convenue, elle permet de développer la mythologie de Smile en offrant un aperçu terrifiant du démon. L’esthétique est folle, quelque part entre du body horror et l’imagerie d’un H.P. Lovecraft.

Smile 2 : plus long, plus fort, plus flippant

Parker Finn est de retour à la réalisation de Smile 2. Naomi Scott succède à Sosie Bacon, et le cinéaste décide de déplacer son intrigue dans un environnement totalement différent. Il quitte le milieu hospitalier et sa personnage de psy du premier opus pour se concentrer sur l’industrie musicale et sur une chanteuse au bord du burn-out. Ancienne toxicomane, le personnage de Naomi Scott doit jongler entre la pression de sa tournée, son addiction en phase de rémission, et surtout avec la présence d’un démon qui compte bien se servir d’elle pour se développer à grande échelle…

Smile 2
Naomi Scott géniale dans Smile 2

Avec ce deuxième volet, Parker Finn prend davantage de libertés. Il propose un film plus intense, où le ton est posé dès une séquence d’ouverture totalement dingue. Dans un décor froid, enneigé, esthétiquement superbe, Parker Finn replonge ses spectateurs dans l’effroi de Smile, à travers une scène qui emprunte davantage aux thrillers d’action qu’aux films d’horreur. En quelques plans circulaires géniaux, nous revoilà immergés dans la tourmente Smile.

Smile 2 parvient à conserver l’identité de l’original, sans jamais tomber dans la répétition. Comme dans le premier film, le metteur en scène sait gérer ses jump scares parfaitement et les places à des moments opportuns avec un timing plus intelligent que la moyenne. La tension, la pression, sont d’une efficacité remarquable et on met au défi n’importe qui de ne pas sursauter une seule fois devant le long-métrage.

Smile 2
Tu vas sourire oui ?!

Parker Finn va plus loin dans sa représentation graphique du mal. Il propose quelques séquences ultra généreuses et extrêmement bien maîtrisées, à l’instar de cette scène de danse (ceux qui ont vu le film comprendront). Une scène d’une tension folle, où il propose une représentation monstrueuse des corps, sans pour autant mettre en scène une créature inhumaine. Non, avec de simples danseurs, il convoque une fois de plus l’imagerie d’un Color out of Space ou du dernier Evil Dead. Une séquence terrifiante de par sa simplicité, qui prend toute sa dimension dans l’opposition d’une action qui n’est pas horrifique mais dont l’aspect visuel est totalement dérangeant : sourires démoniaques et corps qui se tordent à l’arrivée.

Mais ce qui fonctionne le mieux dans Smile 2, c’est sa dernière scène. Parker Finn propose un dénouement totalement hallucinant, d’un courage rare dans le milieu hollywoodien. Le metteur en scène prend tout le monde de cours en offrant une conclusion radicale, sans concession, qui va clairement au bout de son concept. ATTENTION SPOILERS Une fin sans happy-end qui place le film dans la rare liste des longs-métrages horrifiques où les démons en sortent victorieux. FIN DE SPOILERS.

Smile 2
Ce genre de sourire… encore…

Avec cette fin, Parker Finn déjoue les conventions du genre, à travers une séquence pleine de crédibilité, d’efficacité et qui permet à sa thématique de prendre toute son ampleur. Parce que oui, en plus d’être terrifiant, Smile 2 a des choses à raconter. Avec cette suite, Parker Finn a aborde les thèmes de la célébrité, de la notoriété, du poids des réseaux sociaux.

Il se penche sur la condition du consommateur, du fan, du voyeur, du profiteur, à même de perturber notre artiste. Un peu à la manière du Evil Dead de Fede Alvarez, le long-métrage utilise le prisme de l’horreur pour parler du sevrage. Smile 2 aborde beaucoup la notion de santé mentale, que ce soit à travers le burn-out, la pression d’une société de plus en plus superficielle (d’où l’utilisation du faux sourire), qui iconise à l’excès des personnalités qui n’ont pas toujours les épaules pour supporter toute cette médiatisation.

Enfin, cette conclusion permet à Smile 2 de développer sa mythologie en proposant un regard superbe sur sa créature. En digne héritier de la saga Les Griffes de la Nuit ou du cinéma de Carpenter, Smile 2 met en scène une créature aussi terrifiante qu’hypnotisante, dont le body horror n’a rien à envier aux pires cauchemars de votre enfance. Reste à savoir si la saga continuera sur cette voie et nous proposera prochainement un Smile 3 digne de ce nom… 

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Notre critique vidéo de Smile 2 

@cultea

Notre avis sur le film d’horreur Smile 2, actuellement au cinéma 🎬 (sans spoilers) #smile2 #smile #OnRegardeQuoi #filmhorreur #naomiscott #cinema #cultea @Aubin Bouillé

♬ Storytelling – Adriel

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