« Shibatarian » : un manga pour les amateurs d’horreur ! [Critique]

"Shibatarian" : un manga pour les amateurs d'horreur ! [Critique]

Halloween a beau être passé, Panini continue de nous offrir de délicieux frissons avec l’arrivée de Shibatarian, de Katsuya Iwamuro (Shōnen Jump +). Tout juste sorti des imprimeries, ce premier volume intrigue déjà beaucoup grâce à son esthétique horrifique impactante et son histoire mystérieuse pleine de rebondissements. Hommage au cinéma bis et aux films de monstres qu’il référence joyeusement, ce manga a également l’avantage de se terminer efficacement en 5 tomes. Tout pour plaire, donc ! 

Shibatarian : cauchemar d’adolescent

Shibatarian, c’est l’histoire de Sato Hajime, un lycéen normal qui, dans le choix des fléaux adolescents, a tiré les cartes « solitaire » et « hautain ». Un beau jour, il découvre un garçon de son âge, enterré sous un cerisier : Shibata. Ce dernier est naïf, optimiste et sans arrière-pensée, partageant franchement sa solitude et son envie de créer des liens. Tout le contraire de Sato, de son mépris pour le monde et son envie de provoquer… L’amitié nouvelle qui lie les deux garçons va aider Sato à transitionner vers une personnalité plus mature, grâce notamment à la découverte d’une passion commune : le cinéma.

Jusqu’ici, on dirait le résumé d’une quête initiatique adolescente classique. Cependant, très rapidement Katsuya Iwamuro nous plonge dans une ambiance fantastique, car personne ne semble voir Shibata à part Sato… Le développement de l’intrigue est rythmé. Ici, pas de lenteurs !

Quelques années plus tard, Sato a totalement perdu de vue Shibata, qu’il prend désormais pour une ancienne hallucination. Mais l’étrange garçon réapparaît et est cette fois bien visible pour tout le monde. Mauvaise nouvelle… Car il est revenu dans un but bien précis : exaucer le souhait qu’un Sato immature, ado et furieux avait formulé il y a longtemps. Celui de voir le monde entier se transformer en Shibata et de devoir l’affronter en tant qu’ennemi.

Avec un postulat de base aussi barré, on sent que Katsuya Iwamuro a pris plaisir à mélanger des styles et des thèmes très différents. C’est d’ailleurs un des points forts de ce manga : puisqu’il ne rentre dans aucune case précise, dur de prévoir les rebondissements habituels inhérents à chaque genre. Shibatarian a des envies de libertés, ce qui peut surprendre dans une œuvre qui cite autant ses inspirations. Un manga hommage, qui ne se laisse pas enfermer : voilà une agréable surprise et une proposition qui semble avoir trouvé un lectorat enthousiaste !

Panel de Shibatarian

Entre Zombies et Gremlins

Shibatarian est un projet profondément personnel, sinon autobiographique. Katsuya Iwamuro est un passionné, qui a grandi à l’écart des autres enfants en développant un intérêt pour les films de genre. Si les pages de son manga sont truffées de références au cinéma d’horreur, il assume sa filiation jusque dans les apartés présents entre les chapitres. On peut ainsi y trouver un beau résumé de ce que représente le manga Shibatarian pour lui :

« Durant ces 6 années passées à apprendre à jouer l’electone (ndlr : orgue électronique), je n’ai jamais su jouer qu’un seul morceau. Il s’agissait de la bande originale de Gremlins, le thème principal de ce film dans lequel des gremlins se multiplient lorsqu’on les asperge d’eau. (…) Moi j’aime les mangas. Plus tard j’aimerais devenir mangaka. Et dessiner une histoire dans laquelle j’aurais de plus en plus d’amis… »

extrait d’une rédaction de Katsuya Iwamuro en primaire

En plus de la référence évidente aux petites créatures désastreuses de Joe Dante et Chris Colombus, Shibatarian fait ouvertement écho aux films de zombies. Le titre même du manga, qui se lit « Shibattalion » en japonais semble être un défaut de traduction qui masque un emprunt aux films de Romero et de Dan O’Bannon. En effet, Battalion est le titre japonais du film culte Le Retour des morts-vivants (1985). Or, les Shibata qui se clonent et agissent tous selon une volonté commune ne sont pas sans rappeler les zombies originels.

Il y a également fort à parier que l’esthétique des mangas d’horreur ait aussi inspiré Katsuya Iwamuro. Entre Junji Ito, Hideshi Hino, Kazuo Umezz et tant d’autres maîtres passés sur ce chemin, le choix est vaste. Dans Shibatarian, on retrouve un côté très contrasté, un style old-school et simpliste des traits qui détone dans le paysage actuel plutôt lisse.

De ces différents films de genre, Katsuya Iwamuro a tiré une imagerie gore et impactante qui fonctionne parfaitement. La multiplication des Shibata, l’aspect expérimental et scientifique fou, l’esthétique cauchemardesque et les emprunts au surnaturel contribuent à faire de cette lecture une expérience à la fois jouissive et originale. On se laisse embarquer dans cette paranoïa mystérieuse avec un frisson de peur et de plaisir.

Tout ces mélanges donnent envie de combiner Halloween et Noël pour ravir les aficionados de manga et de cinéma de genre. Le tome 1 de Shibatarian est à retrouver chez Panini depuis le 29 Octobre 2024. Pour la sortie de Shibatarian tome 2, il faudra attendre le 5 Février 2025. 

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