L’opéra Garnier est un lieu incontournable des visites de Paris. En effet, c’est un haut lieu d’art lyrique et de danse. Mais c’est aussi un site visité pour son architecture caractéristique de l’empereur Napoléon III.
On qualifie ce style d’éclectique : il mélange le classicisme, le baroque ou encore le néo-gothique. C’est l’architecte Charles Garnier qui a eu la tâche de dessiner et bâtir cette nouvelle salle de spectacle. Au sein d’un Paris renaissant sous les travaux d’Haussmann, l’opéra se place comme la pièce maîtresse de cet urbanisme voulu par l’empereur Napoléon III.
Son inauguration a lieu le 5 janvier 1875. Cependant, ce n’est pas la première inauguration de l’opéra de Garnier. En effet, on l’a déjà inauguré pour l’exposition universelle de 1867. Revenons ensemble sur la genèse de la construction de cet illustre monument.
L’opéra Garnier, symbole du Second Empire
Pour s’intéresser à l’inauguration de l’opéra, il faut d’abord comprendre les enjeux de sa commande et de sa construction. En effet, le 14 janvier 1858, Napoléon est visé par un attentat dans l’opéra de la rue Le Peletier. Cet évènement tragique fait 8 morts et plus d’une centaine de blessés. L’empereur et son épouse s’en sortent miraculeusement. Alors, Napoléon III décide qu’un nouvel opéra doit être construit à Paris. Le plus important étant qu’il soit dans une rue moins propice aux attaques.
On organise alors un concours à la demande de l’empereur pour trouver l’architecte qui construira le nouvel opéra. Haussmann désigne une parcelle où il semble impossible de construire une salle de l’ampleur attendue. Face à des architectes expérimentés comme Viollet-Le-Duc, c’est le jeune Charles Garnier qui remporte le concours. Les travaux débutent en 1861. Ils se poursuivent jusqu’en 1875. Cependant, le chantier ne se déroule pas sans interruption.
La première inauguration de 1867
Le 15 août 1867, on inaugure en grande pompe la façade de l’opéra. En effet, c’est à l’occasion de l’exposition universelle de cette année que les Parisiens et le monde découvrent une partie du nouvel opéra. C’est d’ailleurs à cette occasion que Napoléon III décide de faire percer l’avenue de l’Opéra. En effet, cette avenue n’était pas prévue dans les plans d’urbanisme d’Haussmann. Cependant, pour sa propre protection et pour magnifier l’édifice, Napoléon III demande son percement.
Fait intéressant, Charles Garnier s’est opposé à un point important dans l’urbanisme d’Haussmann, la plantation d’arbres sur l’avenue. En effet, il ne souhaitait pas que la vue de son édifice soit polluée par des arbres. D’ailleurs, aujourd’hui encore, on peut voir de manière impressionnante l’opéra depuis l’autre bout de l’avenue.
C’est lors de cette première inauguration que l’on aurait défini le style architectural Napoléon III, par une conversation que l’on prête à Charles Garnier et l’impératrice Eugénie.
L’impératrice Eugénie : « Qu’est-ce que c’est que ce style-là ? Ce n’est pas un style !… Ce n’est ni du grec, ni du Louis XV, pas même du Louis XVI. »
Charles Garnier: « Non, ces styles-là ont fait leur temps… C’est du Napoléon III ! Et vous vous plaignez ! »
Cependant, en 1867, l’opéra Garnier est loin d’être terminé. C’est sans compter sur la guerre franco-prussienne qui verra la chute de l’Empire en 1870.
La fin des travaux et l’inauguration de l’opéra Garnier
À la fin de la guerre, l’opéra est en bien mauvaise posture. En effet, le budget manque pour pouvoir continuer les travaux. Cependant, c’est surtout le symbole qu’il représente que la récente Troisième République ne souhaite pas conserver. Finalement, c’est un événement presque « miraculeux » qui vient sauver le destin de l’opéra. En effet, le 28 octobre 1873, un incendie détruit l’opéra de la rue Le Peletier. On l’utilisait encore durant les travaux. On rappelle donc Garnier pour terminer son œuvre. Même si de nombreuses déconvenues se dressent sur son chemin, il achève le chantier en 1875.
Le 5 janvier 1875, on inaugure l’opéra en grande pompe. Sont présents le président Mac Mahon, les maires de Londres et d’Amsterdam. En tout, il n’y a pas moins de 2 000 invités ce jour-là. Scandale dans la presse de l’époque, on n’aurait pas invité Charles Garnier ! Il a dû acheter son billet lui-même. On reproche au pouvoir son ingratitude envers les artistes.
Il y a 146 ans, l’Opéra Garnier voyait donc ses premiers spectateurs. Depuis, il ne cesse de produire des spectacles acclamés et est visité chaque année par de nombreux touristes qui souhaitent admirer les ors du grand foyer ou encore la superbe salle de spectacle. Peut-être espèrent-ils croiser le Fantôme de l’Opéra ?
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