Wimbledon, c’est l’élégance britannique, la singularité des terrains en gazon et le bac à sable de Roger Federer. Créé en 1877, il est le deuxième tournoi le plus vieux du monde. C’est aussi le théâtre de bon nombre d’histoires étonnantes.
Mishu : le « malchanceux » de Wimbledon
Nicolae Mishu, pianiste et joueur de tennis roumain né en 1893, n’est pas un joueur de tout premier plan, mais il se défend. Il a 21 ans lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, qui met fin aux tournois de tennis majeurs. En 1919, Mishu débute sa carrière de tennisman. Il atteint de nombreuses finales : Monte-Carlo, Nice, Menton, Deauville, Cannes et Athènes.
À ses débuts, en 1919 il atteint quatre finales la même années, les quatre contre le même joueur, Max Decugis. Il en remporte trois, ce qui constituera la quasi-totalité de son palmarès (de quatre titres en tout). Il battra même René Lacoste, joueur légendaire et fondateur de la marque au crocodile.
En 1924, lors de son 5e tournoi de Wimbledon, il affronte Ivie Richardson sur le Center Court. Le Roumain se fait dominer sur les deux premiers sets, qu’il perd 2-6 et 3-6. C’est au troisième set qu’il étonnera la foule réunie autour du court central. Frustré par la chance de son adversaire, il lancera :
« Je ne peux pas jouer contre un cocu pareil ! »
Le pianiste est connu pour ses accès de colère, mais ce jour, il frappe un grand coup. Énervé par le fait que les balles de son adversaire touchent la bande du filet à de multiples reprises, Mishu abandonne, quitte le court et claque la porte en laissant toutes ses affaires aux pieds de la chaise de l’arbitre. Il perd ainsi le match 2-6 3-6 1-3. Le pianiste roumain s’excusera plus tard en faisant livrer à son adversaire une cartouche de cigarettes. Dans un jeu où le mental est aussi important, on comprend qu’il n’ait jamais dépassé les 16e de finale de ce tournoi.
Pietrangeli, fan de football repenti
En 1970, Nicola Pietrangeli, joueur italien le plus performant en Coupe Davis, se rend au Mexique. Il n’y voyage pas pour un énième tournoi, mais bien pour soutenir son équipe nationale de football. La Squadra Azzura se qualifie sous ses yeux en demie-finale de la Coupe du Monde, disqualifiant l’Allemagne de Beckenbauer. La finale, que Pietrangeli ne voudrait rater pour rien au monde, se jouera lors du premier tour de Wimbledon. Le joueur italien décide de déclarer forfait pour rester en Amérique ; malheureusement, son équipe perdra en finale contre le Brésil (4-1).
Mais en 1973, une nouvelle chance se présente à lui. Alors qu’il a mis un terme à sa carrière l’année précédente, les organisateurs de Wimbledon font appel à l’Italien. En effet, cette année-là, 81 joueurs manquent à l’appel. La décision de la Fédération internationale de Tennis de bannir Nikki Pilic du tournoi est contestée par des joueurs du monde entier. Le croate avait refusé de jouer la Coupe Davis cette année-là.
Pietrangeli, double vainqueur à Roland-Garros, en profite ainsi pour faire son retour dans le tournoi majeur. Il perdra cependant dès le premier tour contre le néo-zélandais Jeff Simpson. Son héritage sera lui marqué par un court à son nom à Rome, possiblement le plus beau court de tennis du monde.
Gagner en tirant à pile ou face…
Il s’agit d’un match d’une autre époque : en 1904, on ne gagne pas d’argent, il n’y a pas de sponsoring à la clef, et les matchs en double sont plus populaires que le simples. Mais tout de même, on ne laisserait pas le hasard définir l’issue d’une demie-finale du plus grand tournoi du monde non ? Eh bien si !
Au cours d’une demie-finale entre les compatriotes et partenaires en double Frank Riseley et Sydney Smith, c’est bien un pièce de monnaie qui va désigner le vainqueur. À deux set partout, les joueurs ne souhaitent pas se fatiguer davantage avant la finale en double du lendemain. Opposés aux renommés frères Doherty, ils savent qu’il vaut mieux mettre toutes les chances de leur côté et en rester là. Riseley, vainqueur du pile ou face, accède ainsi à la finale en double et en simple. Mais le malheureux Frank Riseley aura sauvé ses forces pour rien : il perd les deux finales, respectivement contre les frères Doherty en double et contre Laurence Doherty en simple.
En tout, Riseley perdra ses 3 finales en simple à Wimbledon, les trois contre le même adversaire : Laurence Doherty. La finale en double opposant la paire Riseley-Smith aux Doherty Brothers se répétera elle à cinq reprises, célébrant à deux reprises la victoire de ceux qui se sont départagé par un toss, contre trois succès pour les Doherty.
Wimbledon, c’est aussi la magie du tennis. En 145 ans, le tournoi aura eu le temps de nous délivrer les plus belles histoires, comme les plus rocambolesques.
Sources :
- WeAreTennis
- Wikipédia
« disqualifiant l’Allemagne » ?! Je ne savais pas que l’Allemagne avait été exclue de la Coupe du Monde 1970. Je pensais qu’elle avait été éliminée…