« Wicked For Good » : une suite merveilleuse, plus sombre, mais moins maîtrisée [critique]

"Wicked For Good" : une suite plus sombre, plus politique, mais moins maîtrisée [critique]

Il était plus qu’attendu depuis le succès de son premier opus fin 2024, Wicked For Good revient adapter la deuxième partie d’un des musicals les plus populaires des années 2000. Jon M Chu est toujours aux commandes avec un casting de stars plus talentueuses les unes que les autres. Wicked premier du nom est à la fois un excellent film et une très bonne adaptation. Qu’en est-il de son successeur ?

Pays magique et coups de trafalgar

Si son petit frère était plein de bons sentiments malgré une fin brutale, Wicked For Good prend une tournure bien plus sombre. L’histoire prend place quelques années plus tard et on retrouve une Glinda en haut de l’échelle sociale, pendant qu’Elphaba se cache au fin fond de la forêt dans l’espoir de faire tomber Le Magicien et sauver les animaux. Les deux amies sont en opposition, non seulement d’un point de vue visuel (couleurs opposées sur le cercle chromatique, esthétiques de sorcières aux folklores différents…) mais également d’un point de vue idéologique.

Enfin, c’est un peu plus compliqué que ça. Si Elphaba représente une figure sombre et torturée, la plus développée reste Glinda qui vacille entre ses idéaux, son amour pour sa soeurcière et ce qu’on attend d’elle. La plupart des autres personnages restent archétypaux mais, à vrai dire, ça leur va bien et on n’a pas vraiment besoin de surdévelopper, par exemple, l’histoire de Madame Morrible qui reste une figure de pouvoir manipulatrice et qui, ainsi, sert le récit.

"Wicked For Good" : une suite plus sombre, plus politique, mais moins maîtrisée [critique]

Les chansons sont toutes très bonnes, que ce soit les originales ou les deux petites nouvelles. On a nos préférées, dont For Good qui est probablement l’un des duos les plus émouvants de l’histoire de la comédie musicale. Le voir porté à l’écran dans une séquence poignante nous a fait monter les larmes et nous a profondément touchés. L’alchimie de Cynthia Erivo et Ariana Grande est encore plus stellaire et leurs performances individuelles sont tout aussi impressionnantes. Ariana Grande a fait ses preuves en tant qu’actrice auprès du grand public, définitivement. On n’oublie pas non plus le reste du casting, pensant notamment à Ethan Slater (Boq) qu’on ne voit que très peu mais qui sort du lot.

Le monde d’Oz se développe d’autant plus esthétiquement avec les fameuses routes de briques jaunes et de nouveaux environnements. Mais il développe aussi de nouveaux thèmes. Si l’histoire d’Elphaba est tournée autour de la discrimination et que la pièce comme le premier film parlent de ségrégation à travers la situation des animaux ; ça continue et ça va un peu plus loin.

On reste dans l’allégorie mais Wicked For Good montre des dynamiques de pouvoir abusives et manipulatrices. Elphaba résiste et se bat contre ça, comme une véritable figure résistante. L’allégorie est bien dosée, le message passe doucement et le développement des personnages évolue en grande partie avec cette société. L’amour inconditionnel sous toutes les formes est également un thème crucial du film.

"Wicked For Good" : une suite plus sombre, plus politique, mais moins maîtrisée [critique]

Le divertissement et l’émotion sont bien dosés. On écarquille les yeux, on rit, on pleure… On aime ces personnages et on veut les voir s’en sortir, tout en étant fascinés par ce monde corrompu et rempli de paillettes.

Le problème de l’adaptation

Les adaptations de musical sont généralement soit un succès grandiose soit un flop monumental. L’année 2021 nous en a apporté 3. Le tristement mal adapté Cher Evan Hansen qui ne rend pas du tout hommage au matériau de base du côté des flops ; puis dans les succès, l’acclamé Tick Tick Boom et la réadaptation du classique à la scène et au cinéma par Steven Spielberg : West Side Story. Et avant Wicked en 2024, rien. Ou plutôt si, l’affreux Mean Girls quelques mois avant…

Cas très intéressant puisque Mean Girls n’a pas été markété comme une comédie musicale. Adaptation ou non, les comédies musicales ne contenaient pas de numéros musicaux dans leurs bandes annonces. Comme si les studios estimaient que le genre ne vendait pas.

"Wicked For Good" : une suite plus sombre que le premier opus (critique)

Wicked était un pari à la fois facile et difficile. Il s’agit certes d’un musical populaire de Broadway, qui se joue encore dans le monde entier depuis sa création en 2003, mais c’est surtout l’adaptation d’un conte populaire : Le Magicien d’Oz. En fait, c’est l’adaptation d’un livre publié en 1995 et qui se nomme Wicked, mémoires de la méchante sorcière de l’Ouest.

Mais ce que nous retenons tous, c’est ce conte que l’on a lu ou vu dans des films ou des téléfilms. On part donc avec un avantage. Puis, on ajoute des stars et surtout l’une des plus grandes pop stars de l’histoire : Ariana Grande. On savait que ça allait vendre, mais on ne savait pas que le film allait être aussi bon.

On divise l’histoire en deux films : une qui raconte le parcours des sorcières à la fac et une autre qui nous plonge dans leur vie d’adulte, bien plus sombre. Si on calcule la durée totale, leur histoire au cinéma dure environ 5 heures. Deux heures et demi de plus donc que l’œuvre originale. Mais qu’est-ce qu’on raconte de plus, qu’est-ce qu’on installe ? Il est logique d’allonger une adaptation de musical, un médium qui a tendance à aller vite et à suivre le rythme de la musique.

Le développement n’est pas le même sur scène et à l’écran. Le premier est un film long dont on ne voit pas passer le temps et il développe très bien ses personnages. Le deuxième, cependant ne prend étonnamment pas le temps de continuer ce développement en bonne et due forme.

Si l’adaptation est très fidèle, mis à part 2 chansons ajoutées, quelques scènes modifiées, rajoutées ou inversées… Et bien, là est le seul véritable défaut du film. Un film et un musical ne peuvent pas fonctionner de la même manière. Wicked For Good est posé dans son premier acte, drôlement accéléré dans son deuxième et posé à nouveau dans son dernier (et meilleur) acte. Bien évidemment que cette histoire est alambiquée , elle est bonne.

Ce n’est pas ce qu’on lui reproche. De nombreux évènements s’enchainent, on subit plot twist sur plot twist et on n’a pas le temps de respirer. On pense que quelqu’un qui n’a pas connaissance de l’histoire de base sera au moins un peu confus. Pire encore, quelqu’un qui ne connaît pas Le Magicien d’Oz ne saura pas faire des liens cruciaux.

Sans prendre le spectateur par la main, le film aurait dû montrer plus de choses au lieu de les suggérer. Il manque également quelques occasions de recréer des moments iconiques du conte. En clair, il aurait probablement fallu mélanger un peu plus (ne serait-ce qu’à travers quelques petites scénettes) Wicked et Le Magicien d’Oz ainsi qu’ajouter quelques dialogues ou plans.

Wicked For Good n’est certes pas à la hauteur de son prédécesseur qui frôle le sans-faute, mais c’est vraiment un film divertissant et intéressant qui possède de véritables moments de grâce. Les chansons sont tout aussi magnifiques que dans l’œuvre originale et le tout est globalement interprété avec beaucoup de cœur comme de technique. On rentre à nouveau dans un monde merveilleux, cette fois teinté de douleur. Et même s’il manque quand même de développement, on reste emportés par cette réécriture du mythe qui évoque des sujets forts et qui réveille nos émotions. 

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La bande-annonce de Wicked For Good

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