Vera, une gardienne de zoo, vient à peine de recevoir Rihanna, une tigresse qui appartenait à la fille d’un gangster. Durant cette même période, elle met tous les moyens possibles en sa possession pour faire enterrer son bébé mort après 4 jours (et donc non baptisé) dans un cimetière orthodoxe. Mais quand Rihanna s’échappe, une traque cathartique commence.
L’instinct animal
Vera et Rihanna sont comme un miroir, des figures fortes enfermées en cage. Chacune lutte pour sa survie à sa manière, mais l’héroïne garde un côté instinctif et hostile qui lui donne des airs animaux. Même dans les mimiques de l’actrice Catalina Moga, on garde ce côté presque bestial. Une performance assez impressionnante et très précise.
Vera noue des liens forts avec les animaux dont elle s’occupe, avec un aspect très maternel. On ressent la mère endeuillée qui s’attache à ces petits comme ces grands êtres avec le plus grand des respect et une véritable envie de les protéger.
Une traque cathartique
Le sujet du décès prématuré de l’enfant de Vera est tout aussi central que la traque de la tigresse Rihanna. Presque tout au long du film, elle sera accompagnée de son mari Toma et ils auront de longues discussions sur le deuil et l’acceptation. On pourrait presque penser qu’elle a déporté son lien affectif sur la tigresse.
Sa perte est une sorte de deuil, et elle va tout faire pour la retrouver quitte à se mettre en danger. Elle va la surprotéger jusqu’au bout de la traque. Vera et Toma vont mûrir ensemble à travers le deuil et à travers la traque, le temps qu’il insiste pour l’accompagner. Tigresse est un film qui a plusieurs niveaux de lecture et de multiples cadres d’analyse, même si l’aspect cathartique reste central. Et malgré tout son drame, il jouit aussi d’un air presque comique, à petite dose, rendant le récit plus léger.
Quoi qu’il en soit, Tigresse est un film riche en émotions avec beaucoup de substance. Il nous emporte dans sa traque et on en finit fasciné. Une pépite du cinéma roumain qui sera en salles le 7 août.