Trois heures et trois minutes. C’est le nouveau record établi mercredi 14 octobre 2020 pour un voyage spatial habité de la Terre à Station spatiale internationale (ISS). La navette transportait une microbiologiste américaine, ainsi qu’un pilote militaire et un cosmonaute, tous deux russes.
Les prouesses de Space X mettent fin à l’hégémonie Russe dans la liaison entre la station spatiale et la Terre. Elles sont d’ailleurs au cœur de l’actualité spatiale, du fait de leurs démesures. Entre les tests de fusées permettant de faire un voyage sur Mars et la réutilisation partielle des engins de propulsion, l’innovation est au centre des attentions de cette entreprise privée.
La Russie, un maillon essentiel voyage spatial
Alors que fin mai, ils lançaient la première capsule non Russe en direction de l’ISS depuis 2011 dans un voyage long de 19h, ils ont partiellement éclipsé le fait que la communauté internationale était alors dépendante de l’ancienne technologie Russe, toujours viable, depuis une décennie.
En effet, le record a été établi avec un vaisseau Soyouz MS, qui est une version améliorée du vaisseau Soyouz original. Conçu au début des années 1960, il était jusque-là le seul à pouvoir effectuer cette tâche. L’établissement de ce record est lié à un nouveau système de guidage, permettant de réduire le nombre d’orbite nécessaire autour de la Terre avant l’arrimage.
Si de nouveaux acteurs viennent s’intégrer à la conquête spatiale, à l’image de l’entreprise d’Elon Musk, cet événement met en lumière plusieurs choses :
- La première est la coopération réussie depuis plusieurs années entre la Russie et les pays occidentaux, pour l’organisation de la station spatiale, flottant sous divers pavillons (Européen, Américain, Japonais, Canadien et donc Russe). Les astronautes font une bonne partie de leur préparation sur place, et doivent apprendre la langue de Tchekov. Ils peuvent alors voyager en coopération totale avec les scientifiques sur place.
- La seconde est la tentative réussie des Russes de montrer leur savoir-faire, à une période où les innovations se font de plus en plus rares de leur côté, et que leur budget, nourri par les factures de 80 millions d’euros adressées aux pays souhaitant envoyer des astronautes sur la station spatiale, risque fort d’être amputé avec le développement d’alternatives. En comparaison, Elon Musk promettait un coût concurrentiel de 60 millions d’euros.
La fin d’une bonne entente entre la Russie et l’occident ?
Les dirigeants de Roskosmos admettaient de leur côté le risque d’un écart technologique impossible à rattraper en cas de maintien d’une stratégie d’amélioration continue de leurs lanceurs, à la place d’une vraie R&D dans le secteur spatial. Cela traduit leur crainte de voir le pays complétement dépassé par les puissances étrangères.
Le manque de stratégie forte dans un domaine aussi couteux que celui du spatial n’est cependant pas une surprise pour les observateurs. Il semblerait qu’un manque d’intérêt au sommet de l’Etat au sujet du programme spatial en soit la cause, la priorité étant plutôt de développer les technologies militaires de pointes.
Cette prouesse a divisé le temps de transports d’astronautes par deux et permet de mettre temporairement la Russie au premier plan dans le domaine du transport spatial, comme il y a plusieurs décennies. Mais ceci est sans doute une tentative de sursaut d’un programme plus global qui semble s’essouffler. Un programme qui va avoir du mal à rivaliser dans le futur sans une réorganisation coûteuse.
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