« Sahara » : chronique d’un énorme fiasco hollywoodien (2005)

Sahara, c’est l’exemple typique du projet hollywoodien ambitieux qui a tourné au cauchemar. Sorti en 2005 et adapté d’un roman d’aventures très populaire de Clive Cussler, il aurait pu être le début d’une saga cinématographique d’aventures à la Indiana Jones. Mais aujourd’hui, il reste dans les mémoires comme l’un des fiascos industriels les plus spectaculaires de l’histoire du cinéma contemporain… 

Sahara : un projet démesuré 

Dès le départ, Sahara portait en lui des ambitions énormes. L’idée de départ était d’adapter à l’écran les aventures de Dirk Pitt, personnage phare des romans à succès de Clive Cussler, comparable à Indiana Jones ou James Bond. À l’origine, Paramount Pictures et sa filiale Crusader Entertainment prévoyaient pour ce blockbuster un budget avoisinant les 80 millions de dollars.

À la réalisation, on retrouve Breck Eisner, fils de Michael Eisner, qui était alors président-directeur général de la Walt Disney Company (eh oui, le népotisme a la vie dure à Hollywood). Au casting, on embauche des stars comme Matthew McConaughey, Penélope Cruz, Steve Zahn ou encore Lambert Wilson. Bref, sur le papier, la recette semble idéale pour démarrer une nouvelle franchise cinématographique. Mais la réalité va vite rattraper ces espoirs hollywoodiens…

Le tournage commence… Les ennuis aussi ! 

Le tournage débute en 2003 au Maroc et sombre rapidement dans une spirale infernale. Les conditions climatiques difficiles rendent chaque journée de tournage très difficile à gérer. L’équipe essuie des tempêtes de sable et des problèmes logistiques à répétition. Le tournage accumule rapidement les retards et le budget commence à gonfler de manière incontrôlable.

Face à ces multiples crises, le budget initial prévu à 80 millions de dollars explose, atteignant les 160 millions de dollars. Ajustée à l’inflation, cette somme dépasserait aujourd’hui les 250 millions de dollars. Un budget tout bonnement absurde, surtout en 2005. À cela s’ajoutèrent les dépenses marketing engagées par Paramount pour tenter de sauver les meubles afin de vendre son film au grand public… Sans succès ! À certains égards, ce tournage infernal et l’explosion du budget rappellent le cas de Waterworld, dont la création avait été une véritable enfer. Sauf qu’au lieu d’être confrontés aux affres de la mer, l’équipe a dû affronter la rudesse du désert.

À cela s’est ajouté un autre imprévu dont la production se serait bien passé. En effet, en parallèle du tournage, un conflit juridique d’une ampleur exceptionnelle avait éclaté entre Clive Cussler, auteur du roman original, et Paramount. L’écrivain, mécontent du choix de Matthew McConaughey pour interpréter son héros Dirk Pitt et insatisfait des multiples réécritures du scénario, décida d’attaquer en justice les producteurs, réclamant des dizaines de millions de dollars pour rupture de contrat.

Une sortie en salles désastreuse 

Lorsque Sahara sort enfin, en avril 2005, les critiques sont au mieux mitigées, au pire dévastatrices. Le film est pointé du doigt pour sa superficialité, ses incohérences scénaristiques et sa mise en scène peu inspirée. Seul reste le charisme de ses acteurs principaux, mais cela est loin de suffire pour faire du film un succès. Ainsi, en salles, le verdict est sans appel : Sahara ne génère que 119 millions de dollars de recettes mondiales. Une somme qui est très loin d’amortir son budget gigantesque. C’est un véritable fiasco commercial et artistique pour Paramount.

Le fiasco de Sahara ne s’arrêta d’ailleurs pas à son échec critique et commercial. Durant plusieurs années, Paramount et Clive Cussler poursuivirent leur bras de fer juridique, jusqu’à ce qu’un tribunal tranche en faveur du studio en 2007, tout en accordant des dommages symboliques à l’auteur. Mais le mal était déjà fait… Sahara était désormais considéré comme un des plus gros fiascos de l’Hollywood moderne, cumulant tous les problèmes possibles et imaginables pouvant accompagner la création d’un film.

Vingt ans après sa sortie, Sahara demeure le triste symbole d’un Hollywood où un trop-plein d’ambition et un excès de confiance en soi peut mener à un naufrage. Bien évidemment, le film ne lança aucune franchise et Sahara 2 ne vit jamais le jour. Quoi qu’il en soit, cela n’empêcha pas les talentueux Matthew McConaughey et Penélope Cruz de continuer leurs prestigieuses carrières respectives. Quant au réalisateur Breck Eisner, il ne perça jamais au cinéma, mais se fit remarquer pour son travail sur la série télévisée The Expanse.

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