Rosa Bonheur : forte, engagée, et pionnière de la défense animale dans l’art

Alexandra Gueguiniat
Alexandra Gueguiniat
5 Min Read

Cheveux courts, pantalons et pinceaux au bout des doigts, Rosa Bonheur est une artiste majeure du XIXe siècle. Véritable pionnière de la défense animale en peinture et sculpture, son travail tomba pourtant dans l’oubli pendant de nombreuses années. Retour sur l’art d’une avant-gardiste au grand cœur.

2022 sonne l’année du bicentenaire de l’anniversaire de Rosa Bonheur, artiste puissante qui fût incontestablement l’une des premières à exposer la maltraitance animale dans ses œuvres. Une femme remarquable et un talent fascinant qui encourageront de nombreuses femmes à se lancer dans le domaine de l’art.

Née le 16 mars 1822 à Bordeaux, Rosa Bonheur débute la peinture très jeune. Une passion qu’elle tient de son père, portraitiste et professeur de dessin. Elle grandit à la campagne, entourée de bêtes et de nature, un environnement qui développera son amour pour les animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages. Mais, très vite, son paternel quitte la famille afin de rejoindre un couvent Saint-Simonien. Cet abandon marquera la jeune fille et la poussera à devenir une femme indépendante.

L’envie de défendre la cause animale 

Très vite, Rosa Bonheur décide de prendre en main la tournure de sa vie. Elle abandonne son travail de couturière à 13 ans, afin de se consacrer totalement à son art. À l’aide de ses pinceaux, elle prend comme thème principal la défense d’une cause qui a énormément d’importance dans sa vie : les animaux. À ses 19 ans, la jeune artiste commence à exposer ses œuvres au Salon de Paris. Elle remporte une médaille d’or pour son tableau Bœuf et Taureaux, race du Cantal et commence à acquérir de la notoriété. Des riches amateurs et hommes d’Etat remarquent rapidement son talent et placent l’avant-gardiste au cœur de l’art.

Toute sa vie, Rosa Bonheur œuvra pour la défense des animaux à travers ses créations. Et pour reproduire au mieux ses bovins sur grandes toiles, elle déambule dans les marchés aux bestiaux et abattoirs. Pour pouvoir s’y rendre, elle obtient le droit de porter des pantalons à la préfecture de police. Les femmes n’avaient en effet pas le droit de porter le pantalon à l’époque.

Le Marché aux chevaux, œuvre réalisée par l'artiste peintre Rosa Bonheur - Cultea
Le Marché aux chevaux, œuvre réalisée par l’artiste peintre Rosa Bonheur

Une femme dans un milieu d’hommes

Si la jeune femme ne s’est jamais déclarée anticonformiste ou féministe, ses cheveux courts, son cigare à la bouche et ses apparitions à cheval intriguent. Il faut dire que Rosa Bonheur n’hésite pas à transgresser les interdits moraux de son époque. Sa vie à contre-courant fascinera plusieurs artistes. À un fil du réalisme des peintres animaliers, son engagement et son amour pour les animaux apporteront une dimension particulière à son art. Une touche qui séduit, en France et partout ailleurs.

 « Elle fait de l’art sérieusement, et on peut la traiter en homme. » Théophile Gautier

Alors que l’art était exclusivement réservé aux hommes à l’époque, bien des artistes reconnaissent en Rosa Bonheur des qualités masculines. Pourtant, Rosa Bonheur était bien une femme. Une femme talentueuse, forte, et engagée, qui transmettra ses convictions à travers son œuvre. Elle est d’ailleurs la première femme décorée au rang de chevalier de la Légion d’honneur.

Si Rosa Bonheur est aujourd’hui tristement méconnue, elle était de son vivant une artiste incontournable. Reconnue pour la force et le réalisme de ses représentations d’animaux, ses œuvres sont plus que jamais d’actualité. Et pour célébrer le bicentenaire de sa naissance, une grande exposition sera organisée du 18 octobre 2022 au 15 janvier 2023 au musée d’Orsay. Une belle occasion de découvrir le travail de cette femme de caractère ! 

 

Sources :

Share This Article
3 Comments