« S’ils n’ont plus de pain, qu’ils mangent de la brioche ». Cette célèbre citation attribuée à Marie-Antoinette est depuis longtemps à l’origine de l’image détachée de la reine. Du haut de son trône, elle ne connaît pas les problèmes des pauvres et pense qu’il suffit de remplacer un aliment par un autre. Seul couac dans l’histoire : Marie-Antoinette n’a jamais dit ça.
D’où vient cette citation si ce n’est pas de Marie-Antoinette ?
C’est dans la littérature que l’on retrouve ces mots. Dans la première partie des Confessions, Jean-Jacques Rousseau dit :
« Enfin, je me rappelai le pis-aller d’une grande princesse à qui l’on disait que les paysans n’avaient pas de pain, et qui répondit : Qu’ils mangent de la brioche »
Le livre est publié en 1782. On assimile donc la fameuse « grande princesse » à une reine. Et en 1782, la reine n’est autre que Marie-Antoinette. Cependant, rien ne la mentionne directement. Et lorsque l’on se penche d’un peu plus près sur la chronologie des faits, il est tout bonnement impossible qu’il s’agisse de Marie-Antoinette.
Si l’on rembobine l’histoire, Les Confessions de Rousseau sont publiées en 1782. Sauf qu’elles le sont de manière posthume. En réalité, elles relatent la vie de l’écrivain jusqu’en 1765. Et c’est là la preuve qu’il ne peut pas s’agir de Marie-Antoinette, puisque la jeune autrichienne arrive en France pour épouser Louis XVI qu’en … 1770 ! Cinq ans séparent donc la fin de l’écriture des Confessions et le mariage de la Reine avec Louis XVI.
Le fait qu’on lui ait attribué cette citation est aussi dû à sa personnalité. Réputée pour avoir le sens de la fête, Marie-Antoinette aime les soirées luxueuses. Ce train de vie la déconnecte totalement de la réalité du peuple, qui lui, souffre de la faim.
Toujours dans l’actu
Encore aujourd’hui, cette phrase reste attribuée dans l’imaginaire collectif à la Reine de France. Et il n’est pas rare de l’entendre dans les médias ou au cinéma.
En novembre 2018, François Ruffin, député La France Insoumise déclare sur LCI :
« Macron, c’est Marie-Antoinette au moment de la révolution française. C’est quoi ? C’est « vous n’avez pas de pain ? Eh bien vous n’avez qu’à acheter de la brioche ». Vous n’avez pas de quoi faire le plein de votre voiture ? Eh bien vous n’avez qu’à en acheter une neuve »
En pleine crise des Gilets Jaunes, cette comparaison est faite pour mettre en avant la déconnexion du Président vis-à-vis des problèmes de la France. Même si elle est percutante, elle est historiquement fausse.
Pendant le mouvement des Gilets Jaunes, les comparaisons avec la reine se multiplient et de nombreuses personnalités politiques tombent dans le panneau, comme Nicolas Dupont Aignan dans la matinale de BFM TV.
En 2006, Sofia Coppola ne résiste pas à l’envie de glisser la référence dans son film Marie-Antoinette. Confortablement installée dans sa baignoire, Kristen Dunst, l’actrice qui incarne la reine, clame « Let them eat cake » [Qu’ils mangent de la brioche !, NDLR].
Sources :
Elle a donc pu prononcer ces mots en 1965, à l’âge de 10 ans, alors qu’elle était à ce moment Princesse Imperiale (ou Grande Princesse). Il n’y a évidemment pas qu’en France que le peuple a pu revendiquer du pain au 18e siècle, et la phrase serait excusable de la part d’une enfant élevée dans un palais impérial. Donc la chronologie n’invalide en rien qu’elle ait pu prononcer ces paroles, mais invalide qu’elle ait pu les prononcer en 1789 comme Reine de France.
Cette phrase a été prononcée, selon J.J. Rousseau, par « une grande Princesse », avant 1765, comme cet article le démontre. Marie Antoinette n’était, alors, encore en rien (!!) « une grande Princesse », puisqu’elle n’avait QUE 10 ANS (!!!) en 1765. Et ni la France, ni J.J. Rousseau, n’avaient, alors, de raison, ni de la connaître, parmi l’ensemble des membres des royautés européennes, ni d’avoir le moindre retour de ce qu’une enfant autrichienne comme Marie Antoinette pouvait dire et même penser avant l’âge de 10 ans !! Votre acharnement à vouloir à tout prix, contre les évidences ici apportées par cet article, que ce soit Marie Antoinette qui ait eu ces paroles me rappelle cet enfant que j’avais vu un jour et qui prenait un marteau pour faire coûte que coûte rentre la forme en étoile dans la forme ronde, plus petite, pour avoir raison contre la logique et les évidences !!
belle histoire et triste à la fois.