Dans l’imaginaire collectif, les Māoris sont des peuples aborigènes qui vivent au sein d’îles paradisiaques. Après des siècles de développement, les descendants de ces anciennes tribus perpétuent les rites de leurs ancêtres. Mais qui sont-ils vraiment ? Entre colonisation, tatouages intégraux et danses endiablées, plongez dans l’héritage Māori.
Histoire des Māoris
Aux origines
Dès l’Antiquité, des peuples aborigènes s’installent dans les Îles du Pacifique, notamment en Polynésie. La culture se développe et les tribus s’agrandissent. Les premiers mouvements migratoires du VIIIe siècle après J.-C. conduisirent les autochtones vers un triangle d’îles ; composées d’Hawaï, de l’Île de Pâques et de la Nouvelle-Zélande. Cette dernière destination se révéla être un choix judicieux. En effet, les conditions de vie étaient favorables à la croissance des tribus. Enfin, les Māoris ne sont donc pas un peuple unique, mais partagent des ancêtres communs, les Polynésiens.
Premier contact extérieur
Les premiers colons européens (Pakeha) sont néerlandais, et débarquent au 17e siècle. Les colons sont très vite repoussés, les tribus autochtones refusant tout contact avec l’extérieur. Il s’ensuivit l’arrivée du capitaine James Cook, navigateur britannique, qui donna son nom à un archipel du Pacifique à la suite de ses expéditions du 18e siècle. Sa découverte de la Nouvelle Zélande marqua le coup d’envoi d’une vague coloniale. Au fil des années, les étrangers connurent des destins très différents. D’esclaves à commerçants, haut placés ou même guerriers : le statut des Paheka varie.
En janvier 1840, la reine Victoria annexe la Nouvelle-Zélande. Afin de signer le traité de Waitango, la couronne envoie un certain William Hobson pour négocier avec les Māoris. Un accord est conclu entre la délégation britannique et les autochtones, et Hobson devient le premier gouverneur de Nouvelle-Zélande. En clair, l’objectif était de laisser les Māoris vivre en paix sur leurs terres, et ces derniers s’engageaient en retour à fournir des produits aux marchands étrangers.
Guerres Māoris
Puis l’inéluctable se produit. Progressivement, l’emprise de l’Angleterre s’étend dans toutes les sphères de la société aborigène. Ce fut par exemple le cas de l’éducation, où la langue traditionnelle fut interdite. Furieux, de nombreux Māoris prirent les armes et se rebellèrent contre la couronne, qui avait rompu sa part du marché. Entre 1845 et 1872, les guerres Māoris se multiplient.
Malheureusement pour les autochtones, l’Angleterre est trop avancée sur le plan militaire, et contrôle les révoltes. Si peu de victimes sont à dénombrer, l’impact est tout de même majeur, puisque l’empire britannique ne cherche pas à connaître l’identité des tribus rebelles. C’est ainsi que tous les Māoris voient leurs terres être confisquées, qu’ils aient participé aux affrontements ou non.
Malgré une période de déclin, les Māoris ont survécu. Mieux encore, leur statut a évolué vers une plus grande reconnaissance.
Les Māoris aujourd’hui
Une reconnaissance tardive
En effet, rien de prédestinait ce peuple ancestral à survivre. Les colons européens se sont mélangés à la population, et la culture Māori semblait vouée à disparaître. Cependant, l’identité culturelle est réapparue dans les années 1960, et a entrainé avec elle un souffle nouveau pour la communauté. La montée du pouvoir politique Māori, conjugué au lobbyisme activiste, a poussé le gouvernement à redonner de nombreuses terres volées par la couronne. De plus, de réelles avancées sociales se sont faites ressentir, comme la création d’écoles Māoris. En 2010, la Nouvelle-Zélande signa la déclaration de l’ONU sur les droits autochtones, permettant à la Constitution d’être modifiée, afin d’octroyer de nouveaux droits aux populations ancestrales.
Dans la culture populaire
Au fil du temps, l’Occident a montré un intérêt croissant pour ces peuples océaniens. On pense à Blue Hawaii de Norman Taurog (1961), avec pour acteur principal Elvis Presley, qui a enregistré ses titres Can’t Help Falling in Love ou encore Hawaiian in Sunset pour les besoins du film. Les costumes et décors sont inspirés des accoutrements traditionnels des populations autochtones.
En 2011, le musée du Quai Branly accueillit une exposition de plus de 250 pièces articulée autour de l’art Māori. Les objets rituels et tribaux, transmis de génération en génération, mettaient ainsi en avant l’association entre tradition et modernité.
Plus récemment, le film d’animation Vaiana (2016), produit par les studios Disney, nous plonge dans l’île polynésienne de Motunu. Des figures mythologiques sont sollicitées, telles que Te Ka ou Te Fiti, respectivement déesse des profondeurs de la Terre et déesse pourvoyeuse de vie.
À l’instar des différentes civilisations millénaires, les populations aborigènes fascinent le monde entier par leurs traditions, leurs cultes et autres rituels. La renaissance identitaire Māori a amplifié l’attrait que portent les autres pays aux peuples polynésiens. Mais comment les Māoris ancestraux et actuels font-ils vivre leur culture ?
Culture et traditions Māoris
Tatouage Moko
Tout d’abord, le tatouage traditionnel fait partie intégrante de la culture maorie. Les Moko sont réalisés essentiellement sur le visage et recouvrent toute la tête des hommes et le menton des femmes. Bien plus qu’un acte esthétique, autrefois ils étaient réservés aux personnes ayant un statut social, tels que les guerriers et les personnalités importantes.
La pratique pourrait dériver de rituels de deuil pratiqués par les femmes, incluant la lacération du visage, ensuite frotté de cendres, l’association marquant de manière indélébile le souvenir du défunt. En partant de motifs linéaires rudimentaires, la technique aurait évolué par expérimentations successives pour se figer dans un répertoire de motifs classiques.
Parallèlement, le tatouage traditionnel a regagné en popularité dans les populations maories depuis les années 1960. D’abord perçu comme un signe distinctif entre délinquants (à la manière des irezumi pour les yakuzas), le Moko retrouve sa symbolique première : un marqueur fort d’identité.
Sculptures Tiki
Les sculptures Māoris sont facilement reconnaissables. Elles sont nommées tikis, en référence à l’ancêtre mi-humain mi-dieu qui fut le premier homme. C’est ce personnage mythique qui engendra les humains. Les sculptures sont, selon les légendes Māoris, dotées de pouvoirs de protection. Par exemple, on considère à Haïti qu’un tiki placé à l’extérieur d’une maison est destiné à en protéger les habitants. Certains tikis sont placés sur un maraen, espace sacré situé devant la maison commune du village. À cet endroit persiste la culture Māori : la tribu s’y réunit, et les visiteurs sont accueillis par des rituels ancestraux.
De plus, les Tiki peuvent aussi être portés comme pendentif. Selon la coutume Māori, ce dernier est passé de génération en génération ; l’être humain représenté rappelle les ancêtres et peut symboliser la fertilité. Il est ainsi considéré comme talisman ou fétiche personnel.
Le haka
Enfin, comment ne pas penser au haka ? Cette danse chantée est un rituel pratiqué par les Māoris lors de conflits, de manifestations de protestation, de cérémonies ou de compétitions amicales et a pour vocation d’impressionner les adversaires. L’équipe de rugby de Nouvelle-Zélande, les légendaires All Blacks, a rendu célèbre cette tradition très ancienne.
À l’origine, la danse avait une fonction sociale très forte. L’idée n’était pas de faire peur, mais plutôt de souhaiter la bienvenue aux tribus qui étaient invitées et reçues dans le village. En revanche, si la performance n’était pas à la hauteur, cela pouvait être pris comme un manque de respect, voire une injure grave. Aujourd’hui, le haka est utilisé majoritairement lors de rencontres sportives importantes, ou pour des événements tels que des mariages ou des funérailles.
Aujourd’hui, les Māoris ne représentent que 15 % de la population. Pourtant, leur héritage est bien plus grand, et s’est perpétué sur des millénaires. Les générations actuelles se montrent plus que jamais garantes des traditions ancestrales, ce qui laisse présager un futur radieux pour les descendants Māoris.
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