Lusitania : l’histoire d’un Titanic en temps de guerre !

Lusitania : l'histoire d'un Titanic en temps de guerre !

Connaissez-vous l’histoire du Lusitania ? Retour sur le récit d’une des plus grandes tragédies maritimes civiles en temps de guerre. 

RMS Lusitania : la révolution industrielle

Le Lusitania n’aurait probablement jamais vu le jour sans la révolution industrielle qui marqua l’entrée du XIXᵉ siècle dans notre ère moderne. À l’aube du XXᵉ siècle, le mythe de l’American Dream est encore vivace. Une douce chimère qui pousse chaque jour de plus en plus de personnes à émigrer vers le Nouveau Continent.

À cette époque, l’aviation n’en est qu’à ses balbutiements. Pour partir, il faut traverser l’océan par la voie de la navigation. Une demande de plus en plus croissante, qui pousse donc le secteur à se moderniser de façon exponentielle. Les compagnies maritimes commencent à se multiplier. La plupart sont françaises, allemandes et surtout britanniques. Cette dernière cumule d’ailleurs dans ses rangs deux des plus grandes firmes de l’époque : la mythique White Star Line et la Cunard Line.

Cette dernière, fondée en 1840 par Samuel Cunard, sillonne les routes transatlantiques en transportant passagers et marchandises. Des paquebots de plus en modernes, confortables et surtout rapides. C’est d’ailleurs ce dernier point qui donnera naissance au fameux Lusitania.

RMS Lusitania : le fleuron de la Cunard Line, prince du Ruban Bleu

En 1838, un navire à voile nommé le Sirius se voit auréolé d’une récompense appelée Ruban Bleu. Un prix créé au XIXᵉ siècle qui félicite le navire transatlantique le plus rapide d’entre tous. Un sésame que les compagnies se disputent avidement.

À l’aube du XXᵉ siècle, la brillante Cunard commence lentement à se fragiliser. La concurrence allemande ainsi que les tentatives de rachat des compagnies par des magnats des affaires la poussent à se moderniser encore plus vite. On commande alors deux nouveaux immenses paquebots : Le Mauretania et le Lusitania. La Cunard finit même par s’associer à l’Etat, car en manque d’argent pour financer ce pharaonique projet ! Un accord tacite entre les deux entités qui, en échange de financements, laisse à l’Etat la liberté de réquisitionner les deux paquebots en cas de conflit.

On lance enfin la construction des deux « sisterships » sur les berges écossaises. En deux ans, le Lusitania est prêt à prendre la mer. Le 7 septembre 1906 marque ainsi d’une pierre blanche la mise à l’eau du titan. Sous la direction du capitaine James B. Watt et de 827 membres d’équipage, le navire lance ses chaudières en direction de New York, emportant avec lui plus de 2 000 passagers. La traversée dure alors 5 jours et 54 minutes top chrono. Un voyage brillant qui ouvre par la suite au Lusitania et à son jumeau un véritable âge d’or où ceux-ci ne feront que s’échanger le Ruban Bleu. Mais les âges d’or sont toujours aussi brillants que fugaces.

Salle à manger de 1ère classe du Lusitania (Internet Archive Book Images)

Le naufrage du Lusitania : une catastrophe annoncée

En 1912, le naufrage du Titanic brise à jamais les rêves de l’homme plus fort que la mer armé de ses bateaux insubmersibles. En 1914, l’Europe s’embrase dans un meurtrier conflit que l’Histoire retiendra comme la Première Guerre mondiale. Certains navires sont alors immédiatement réquisitionnés, tandis que d’autres comme le Lusitania continuent de voyager avec une folle imprudence. De nombreux sous-marins allemands rodent sous les eaux calmes de l’océan atlantique. Une armée aquatique qui n’hésite pas à torpiller navires de guerre et marchands.

Au printemps 1915, le Lusitania accoste pour la dernière fois dans le port de New York. On prépare son voyage retour, mais un funeste avertissement est alors envoyé depuis l’ambassade allemande aux navires civiles transatlantiques. Tout bâtiment naviguant au large de la Grande-Bretagne sans pavillon prend le risque d’être coulé. Une mise en garde relayée par les journaux et la Cunard elle-même, qui ne prend alors pas vraiment la menace au sérieux. Personne n’oserait toucher un navire civil transportant des passagers de la « neutre » Amérique. C’est ainsi que le Lusitania part à toutes chaudières vers l’Angleterre le 1ᵉʳ mai 1915 pour un ultime voyage. 1 265 âmes passagères sont à son bord.

La traversée se déroule tranquillement jusqu’à ce que le navire entre dans la zone de guerre où des sous-marins sont déjà signalés. On appelle le croiseur Juno afin d’escorter le paquebot, mais au matin du 7 mai 1915, toujours rien. Le Lusitania est seul. À 14h25, au large de la pointe sud de l’Irlande, la surface de l’eau commence à se troubler. En une fraction de seconde, une effroyable explosion se fait entendre, puis une seconde. Le Lusitania vient d’être torpillé par l’U-20, un sous-marin allemand. Le monstre des mers sombre alors en 18 minutes, emportant avec lui environ 1 200, victimes dont 94 enfants.

Représentation allemande du naufrage du Lusitania (Bundesarchiv, DVM 10 Bild-23-61-17 / CC-BY-SA 3.0)

Les mystères du naufrage et de l’épave

De nombreux mystères entourent la tragédie du Lusitania, dont les causes mêmes de son si rapide naufrage.

Aux États-Unis, l’annonce de la catastrophe provoque de fortes émotions chez la population. Le Lusitania a en effet emporté avec lui 128 Américains, dont le fortuné Alfred G. Vanderbilt. Une véritable perspective de crise diplomatique alors utilisée par les forces alliées comme un outil de propagande contre l’Allemagne, qui de son côté minimise le drame.

On ne sait plus qui accuser. L’équipage du sous-marin qui se défend en assurant que le paquebot était bien répertorié comme navire de guerre ? La Cunard qui a laissé les traversées se faire malgré le risque imminent ? L’heure est donc à la théorie. Le Lusitania devient donc aux yeux de certains un navire de contrebande de guerre qui, au moment du naufrage, était en réalité lourdement armé dans ses cales. Une théorie en partie fausse. Le navire transportait bel et bien des armes, mais celles-ci étaient déclarées. Le résultat de l’enquête américaine finit par tomber. La Cunard est innocente et l’Allemagne coupable.

Une idée reçue voudrait ainsi faire croire que ce fut bien le naufrage du Lusitania qui provoqua l’entrée en guerre des États-Unis dans le premier conflit mondial. C’est en partie faux ! Au moment de la catastrophe, le président Wilson cherche au contraire encore à maintenir la paix. Il obtient d’ailleurs le retrait des sous-marins dans les eaux anglaises.

La théorie du complot qui dirait que le naufrage du Lusitania fut orchestré par l’Angleterre pour pousser les États-Unis à entrer en guerre est également totalement erronée. L’entrée en guerre des USA ne se justifie en réalité que par une seule chose : la reprise de la guerre sous-marine par les forces allemandes avec une volonté de faire front en Amérique du Nord. La cerise sur le gâteau qui provoque la fureur du pays outre-Atlantique qui entre alors dans le conflit en 1917. Deux après le naufrage…

La tragédie du Lusitania reste dans la mémoire une de ces grandes catastrophes dont le souvenir fut injustement occulté par les horreurs de la guerre. L’histoire d’un Titanic en plein tumulte de l’Histoire dont l’épave sera explorée pour la première fois en 1935 à 90 mètres de profondeur. Dans les années 90, l’épave est étudiée par le célèbre explorateur du Titanic, Robert Ballard. Des découvertes qui ne répondront jamais à l’ultime mystère du Lusitania. D’où venait la seconde explosion dont ont témoigné les survivants ? 

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Sources : 

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