Rien ne se perd, tout se transforme ! Cette phrase décrit assez bien la tendance de l’upcycling, une nouvelle pratique éco-responsable qui permet de s’habiller mieux. Ce mouvement, à la fois écologique et économique, émerge grâce à l’engagement des jeunes face aux problématiques environnementales actuelles.
L’upcycling existe depuis les années 90, mais c’est aujourd’hui qu’il connaît sa démocratisation, surtout grâce aux jeunes générations. Avec une société de consommation et une industrie de la mode de plus en plus décriées, notamment par leur dangereux impact écologique, l’upcycling, dit « sur-cyclage », est davantage mis en avant. Cet engagement, soutenu majoritairement par les jeunes, permet de redorer le blason du secteur de la seconde main. La pratique de l’upcycling revalorise les vêtements de seconde main, contrairement aux grandes industries du textile qui produisent en quantité considérable chaque année.
Surconsommation, production de masse, fast-fashion, gaspillage… Voici les termes employés pour décrire l’industrie de la mode au cours de ces dernières années. De la conception des vêtements jusqu’à leur arrivée dans les magasins, l’industrie du textile est considérée comme l’un des plus grands pollueurs de la planète. Selon le rapport de la fondation Ellen Mac Arthur, A New Textiles Economy : Redisigning Fashion’s Culture, publié le 1er décembre 2017, une tonne de textile génère 17 tonnes d’équivalent en CO2.
Heureusement, une prise de conscience face à cette descente aux enfers écologique a su s’éveiller chez certains esprits, notamment auprès des jeunes générations.
Une (re)naissance nécessaire de l’upcycling
À la base, l’upcycling se pratiquait sur des matériaux ou objets usés. Puis, avec le temps, le mouvement s’est développé vers d’autres horizons, notamment celui de la mode. L’upcycling vestimentaire consiste à réutiliser, au lieu de jeter, des vêtements ou tissus usagés en les transformant en un produit de qualité ou d’utilité supérieure. C’est pourquoi on parle d’un recyclage « vers le haut ».
Cette tendance écologiste connaît une forte évolution au XXIe siècle. Elle impacte davantage les jeunes générations qui se sentent plus concernées par les problématiques écologiques d’aujourd’hui. Ils sont en effet de plus en plus à s’initier à cette pratique, permettant d’ailleurs de pallier les difficultés écologiques, économiques et sociales.
C’est ce que fait Lucille, une jeune femme de 26 ans, qui partage ses astuces de couture (@degaine_paris) et ses créations qu’elle met parfois en vente directement sur le réseau Instagram. Lucille prend également des commandes sur-mesure pour les personnes souhaitant consommer de manière plus écologique. C’est à 21 ans qu’elle décida de consommer de la seconde main pour son engagement écologique. Mais cette initiative en a fait suivre une autre. Lucille explique :
« La première raison pour laquelle j’ai commencé à faire de l’upcycling, c’est tout simplement parce que je suis trop grande. Depuis que j’ai commencé à acheter dans les friperies, je ne trouvais jamais de vêtement à ma taille. Je fais 1,82m, donc ça fait 3-4 ans que je retouche les vêtements que je chine. »
En retouchant ses propres vêtements, Lucile prit plaisir. Voyant que ses créations plaisaient à son entourage, elle décida de se lancer sur Instagram.
« Je me suis dit que c’était l’occasion d’apprendre à utiliser les réseaux comme plateformes de communication et de vente. »
Cette pratique, à la base personnelle, s’est transformée en un engagement partagé sur les réseaux sociaux. Un bon moyen pour faire passer un message au plus grand nombre sur les avantages de s’habiller avec des matières usées et de redonner vie aux vêtements dont on ne sait pas quoi faire.
« Ceux qui ont plein de vêtements qu’ils ne mettent plus et qu’ils n’arrivent pas à vendre, eh bien, il faut essayer de les transformer. Il y a plein de tutoriels sur YouTube et Instagram (…). Ca permet de créer une nouvelle garde-robe à petit budget et c’est écolo (…). J’ai appris à coudre en un mois, donc je pense que tout le monde peut le faire. »
En plus de l’approche éco-responsable, ce nouveau mode de consommation permet de moins dépenser dans l’achat de nouveaux vêtements. Une dépense souvent coûteuse pour les plus précaires, notamment les jeunes étudiants. C’est le cas de Chiara, étudiante de 22 ans. L’initiative de Lucille de s’engager à travers les réseaux sociaux a porté ses fruits. En effet, Chiara a pu s’inspirer de certaines de ses créations pour recycler ses propres vêtements. Elle avait déjà eu écho de cette mouvance. Mais c’est en découvrant la page Instagram de Lucille que Chiara s’est motivée à faire pareil.
« En tombant sur son compte, j’ai vu qu’elle arrivait à transformer ses vieux vêtements avec peu de matériel (…). J’ai donc moi-même essayé et j’ai pu transformer un vieux jean en short, des t-shirts en crop-top (…). Sur le long terme, je pense pouvoir faire beaucoup d’économie. »
Une nouvelle ère
L’upcycling crée actuellement une nouvelle économie. Toutefois, cette pratique semble bien plus en vogue chez les jeunes générations.
« J’ai remarqué que les personnes de plus de 40 ans n’aiment pas dénaturer les vêtements originaux, ils aiment en créer des nouveaux à base de tissus, mais rarement à base d’anciens vêtements. En tous cas, j’en ai très peu vu », constate Lucille.
Un mouvement trop récent pour certains. Mais pour d’autres, l’upcycling peut être une réelle alternative économique à long terme et un moyen de réduire la pollution en créant une société de consommation éco-responsable. Le secteur de la mode évolue et change, de grandes enseignes telles que Louis Vuitton ou Giorgio Armani souhaitent changer leur mode de production, surtout depuis l’apparition du Covid-19 et de l’urgence climatique qui se déroule sous nos yeux.
Si les marques les plus influentes commencent à montrer l’exemple et à changer leurs méthodes de création, peut-être pourrait-on espérer atteindre dans un futur proche, une évolution positive sur l’environnement grâce à un upcycling massif.
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