Tokyo : le quartier de Shibuya refuse de fêter Halloween

Tokyo : le quartier de Shibuya refuse de fêter Halloween

Des milliers de personnes déguisées défilant devant la gare, dansant et buvant sur l’avenue Omotesando, les « Champs-Élysées de Tokyo ». Voici le spectacle auquel on peut assister chaque année, le 31 Octobre, si l’on se promène dans la capitale nippone. Les fans de Jujutsu Kaisen reconnaîtront peut-être les lieux et l’événement. En effet, l’arc « Le Drame de Shibuya » met en scène cette grande fête d’Halloween, devenue célèbre dans le monde entier.

Première parade d’Halloween au Japon

C’est en 1983 que la fête d’Halloween commence à s’importer au Japon, par la voie économique. La chaîne de magasins Kiddy Land avait en effet remarqué le potentiel commercial que représentait la vente de costumes et accessoires d’Halloween. Cette année là, le magasin d’Harajuku organise la première parade d’Halloween au Japon : la « Hello Halloween Pumpkin Parade ». Et au fil des ans, la tradition a pris de l’ampleur. Aujourd’hui, elle rassemble quelques milliers d’enfants qui défilent avec leurs familles, entourés de musiques, de stands, sous les lanternes.

En 2023, on célèbre la 39ème édition de la parade et il y a fort à parier que pour le grand anniversaire de l’an prochain, la mairie mettra les bouchées doubles. On peut s’attendre à une parade gigantesque et une avalanche de sucreries.

Halloween à Shibuya

Avec l’occidentalisation progressive du Japon, la fête d’Halloween a fini par conquérir le pays entier. Elle revêt une signification pourtant différente pour les Japonais qui fêtent la visite de leurs défunts à l’O-bon, en août. Loin de représenter un désir d’effrayer et d’éloigner les esprits, elle est surtout un prétexte pour se déguiser et organiser des soirées à thème dans les quartiers. Ainsi tandis que les restaurants préparent des menus spéciaux, les villes se parent de stands locaux. Et de leur côté, les habitants en profitent pour exhiber leurs plus beaux costumes. En effet, dans le pays du cosplay, on est loin de se contenter de s’envelopper d’un drap pour ressembler à un fantôme. Le maquillage, la couture, les perruques, les effets spéciaux et même la technologie sont employés à leur maximum. Le résultat donne un spectacle impressionnant. Quant aux références aux personnages culturels iconiques, elles ne manquent pas.

Un quartier était prédestiné à attirer la plus grande fête d’Halloween japonaise. Un quartier dédié à la mode, aux déguisements, regroupant des centaines de milliers de passages par jour. On parle bien sûr de Shibuya. Devenu un lieu de rendez-vous évident pour tous les fêtards, on comptait en 2019 plus de 40 000 d’entre eux.

Dérives et drames

Le 31 octobre, un flot inexorable de gens remplit la moindre ruelle pour y passer la nuit entière, au grand dam de la Mairie. Car si les fêtes japonaises traditionnelles se passent généralement sans accroc, c’est la présence des touristes qui est pointée du doigt. Attirés par la réputation de la soirée, ils représentent désormais environ 70 % des participants. Or, la mairie a recensé de plus en plus de plaintes et de délits. Désormais, Halloween est synonyme de vols, violences, dégradations des boutiques et restaurants alentours et d’agressions sexuelles difficiles à gérer pour la police japonaise. La très grande consommation d’alcool n’arrangeant en rien les choses, la soirée est dans le viseur des autorités.

C’est la bousculade tragique d’Halloween à Séoul, l’an dernier, qui finit de décider le Maire de Shibuya. En effet, l’événement ayant causé 159 morts a marqué le monde entier. Depuis la réouverture des frontières japonaises suite au Covid, on craint qu’un drame identique ne survienne. C’est donc une vraie campagne anti-Halloween qui a lieu depuis quelques mois à Shibuya. Interdiction de vendre de l’alcool dans le quartier le 31 octobre, interdiction de consommer de l’alcool sur la voie publique, grand  panneau informant que la fête d’Halloween n’aura pas lieu… Tout est fait pour limiter la présence des fêtards. Un important  dispositif policier a également été mis en place.

Néanmoins, si vous êtes de passage au Japon en cette période, rassurez-vous. Il existe toujours de nombreux moyens de célébrer l’événement en toute sécurité et dans une ambiance festive. A Tokyo, Disneyland s’occupe de faire frissonner petits et grands. A Osaka, Dotonbori accueille une fête de rue. Quant à Kawasaki, sa parade éclectique et familiale est aussi queer-friendly ! Il n’y a plus qu’à  choisir entre ces grands événements et toutes les petites célébrations locales. Un seul mot d’ordre : s’amuser !

 

Sources :

One Reply to “Tokyo : le quartier de Shibuya refuse de fêter Halloween”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *