Industrie textile : des alternatives éco-responsables face à une activité ultra-polluante ?

Industrie textile : des alternatives éco-responsables face à une activité ultra-polluante ?

Aujourd’hui, la crise environnementale agite notre actualité, bouleverse nos quotidiens et nos avenirs. La Terre nous crie de regarder là où ça fait mal, comme une plaie béante qui saigne à flots continus et qui nous fait peu à peu sombrer dans le néant. Il faudrait changer les choses, tout recommencer, ou plutôt réapprendre. Et cela peut commencer par jeter un œil vers l’industrie textile. 

On entend beaucoup parler de l’impact de notre consommation, sans savoir réellement ce que cela implique. En cette nouvelle période de soldes débutée cette semaine, attardons nous sur les alternatives à la consommation de masse vestimentaire.

Pollueur mondial : l’industrie textile

Au début de l’année 2019, un rapport du Parlement européen révèle que la mode est dans la tête de liste des secteurs les plus polluants du monde. L’industrie textile se renouvelle et produit à outrance pour suivre ou créer les tendances. Afin de toucher un maximum de profils, les prix sont faibles et les qualités moindres. Encouragée par un modèle de consommation excessif, la demande de vêtements continue à augmenter, passant de 62 millions de tonnes en 2015 à une estimation de 102 millions de tonnes pour 2030.

Ces paramètres ont des conséquences graves sur les moyens de production. On cherche à fabriquer plus et payer moins. Le choix des matières premières utilisées (tissus, teintures) est impacté. Les lieux de production situés à l’étranger (Asie, Chine, Indonésie notamment) n’imposent pas de normes environnementales strictes, ni de bonnes conditions de travail pour les employés. La délocalisation permet donc d’être moins regardant sur l’éthique, faisant baisser drastiquement les coûts de production au détriment de la moralité.

Pourtant, l’industrie textile consomme énormément d’énergie et d’eau. Elle rejette également des eaux usées polluées, du CO²… Sans encadrement, nous assistons à un véritable désastre environnemental.

dechets et rejets de l'industrie textile
Les flux principaux dans l’industrie textile, de façon schématique ! Ellen MacArthur Foundation, A new textiles economy: Redesigning fashion’s future

Nous avons listé quelques idées pour vous permettre d’agir (un peu ?) de votre côté, face à l’industrie textile.

La seconde-main, un choix de plus en plus en vogue !

Depuis quelques années, la mode du vintage est sur toutes les lèvres. Influenceuses et influenceurs, grandes marques… chacun apporte son lot de pièces vintage dans sa collection. Les séries populaires (à l’image de la mode Stranger Things, ou encore The End of the F***ing World) reprennent des looks des années 60, 70 ou encore 80 et font des collaborations avec de célèbres marques comme H&M, entre autres. S’il est facile de trouver des pièces neuves reprenant les caractères vintage, pourquoi ne pas se diriger vers de l’authentique, afin de ne plus participer au cycle infernal des industries ?

La seconde main permet de ne pas laisser mourir les vêtements. On leur donne une nouvelle vie, une nouvelle place dans notre garde robe ! Il existe plusieurs types de boutiques spécialisées dans la vente d’occasion…

Entre friperies, dépôts-ventes et brocantes, faites votre choix !

Le terme populaire de « friperies » a tendance à englober tous les magasins de vêtements de seconde main. Pourtant, si on regarde de plus près, on observe que chaque boutique tenue par des fripiers est plutôt spécialisée : Pin Up, années 80, Rock… On trouve aussi des chaînes de frip’ comme Mad Vintage ou le Kilo Shop, qui sont sans doute un peu plus universelles.

Elles fonctionnent grâce aux propriétaires qui vont à la rencontre de grossistes de vêtements. Ils trient et sélectionnent les pièces correspondant au style de la boutique. On apprécie, lorsqu’au détour d’une rue, une jolie devanture nous extirpe des nos flâneries. Aguicheuses, elles invitent souvent à la fouille plaisante de leur entre à la recherche de la perle rare. Les prix sont plutôt variables selon les matières, l’époque, les pièces de collection…

Si vous passez par Clermont-Ferrand, allez jeter un œil sur la place des Gras ou encore à Kiff Peace & Kiss, vous y trouverez votre bonheur !

Il existe aussi des dépôts-ventes. Moins spécialisés et parfois légèrement plus chers, ils restent une alternative appréciable. La différence avec les friperies tient dans la provenance des vêtements. Si les premières se fournissent chez des grossistes, les dépôts-ventes récupèrent les vêtements de leur clientèle afin de les revendre. Ils s’aménagent une commission, plus élevée si le vêtement est de marque. Donc, si dans vos placards quelques habits vous semblent délaissés, amenez-les dans un dépôt-vente près de chez vous ! Et puis l’été, n’oubliez pas d’écumer les brocantes, peut-être qu’un trésor s’y dissimule ?

Ces alternatives, en dehors du principe de recyclage, on un côté « sortie » sympathique. On ne sait jamais vraiment ce qu’on va trouver et cela participe au plaisir coupable de la surprise !

Les magasins solidaires pour une bonne action ?

Les magasins solidaires sont aussi une bonne alternative afin de recycler les vêtements. On peut prendre l’exemple d’Emmaüs ou du Secours Populaire qui possèdent des salles des ventes un peu partout en France. Ils contiennent des vêtements, meubles, jouets, livres, CD ou encore des vinyles… De quoi ravir les grands comme les petits !

Ces magasins vous permettent d’acheter à petits prix car ils fonctionnent avec des dons. Rien ne vous empêche de faire une bonne action en cédant de temps en temps certains de vos biens laissés de côté afin qu’ils retrouvent une utilité !

Ces dons et achats permettent en effet de faire vivre le mouvement Emmaüs initié par l’abbé Pierre, qui compte aujourd’hui 120 communautés. Ces dernières sont des lieux d’accueil, de vie, d’activité et de solidarité, qui fonctionnent sans subvention grâce à la récupération d’objets. Des gens en perte de repères ou en difficulté se tournent vers ces communautés qui leurs permettent de reprendre peu à peu pied dans la société.

Les magasin comme Emmaüs peuvent être une alternative face à l'industrie textile
Ça, c’était « avant » au magasin Emmaüs de Vandoeuvre-lès-Nancy. Crise sanitaire oblige, tout a été repensé © Radio France – Guillemette Franquet

Des plateformes de mode à la mode

Pour les adeptes de l’achat en ligne, Vinted est l’une des plateformes favorites des acheteurs et vendeurs de seconde main. Créée en 2008 en Lituanie, venue en France en 2013, l’application permet de vendre et d’acheter des vêtements, des accessoires de seconde main en ligne. Elle s’est maintenant étendue au mobilier, aux livres et aux jouets… Plusieurs millions de personnes utilisent l’application en France. Cela permet de faire des roulements pour changer sa garde-robe. Vendre, racheter et parfois même troquer. On trouve de tous les prix, parfois certaines affaires valent vraiment le coup. Il peut y avoir des vêtements neufs comme des vêtements usés, des dernières collections au vintage.

Mais le fonctionnement de Vinted n’est pas tout rose. Il faut notamment faire attention au danger des achats compulsifs. Les offres s’enchaînent sur le fil d’actualité, ciblent les précédentes recherches. Le roulement s’accélère et les yeux rivés sur l’application ne veulent pas souffrir de « louper LE coup du siècle ». On entre alors dans un autre système de consommation excessive un brin addictif.

De plus, des critiques ciblent le service d’assurance de la plateforme, que l’on entretient par un petit montant versé à chaque achat. Le service client n’est jamais très efficace et les fraudes sont présentes sur le site.

Vinted est donc une bonne alternative pour le porte-monnaie et permet également de redonner vie aux vêtements, dans la mesure où l’on reste attentif à sa manière de consommer.

Capture d’image de l’accueil de la plateforme Vinted

On peut également trouver des vêtements de seconde main sur la célèbre plateforme Leboncoin ainsi que plus récemment, sur celle de Facebook, Marketplace.

Les marques éco-responsables

Les consommateurs prennent de plus en plus conscience de la crise environnementale, se refusant à diriger leurs achats dans certaines enseignes. Pour répondre à leurs besoins et créer en quelque sorte la consommation de demain, des créateurs et nouvelles marques tendent à changer leur mode de production. Ainsi, on découvre des lignes plus locales, utilisant des matières plus responsables (coton biologique, lin, chanvre…).

La mode éthique est de plus en plus en vogue ces dernières années. Des marques comme Knowledge Apparel, Vega, Patagonia sont appréciées et montrent l’exemple. Les prix souvent élevés de ces vêtements se justifient par les matières et le savoir-faire appliqués. Cela permet également de ne pas tomber dans une consommation outrancière de vêtements, choisir la qualité à la quantité.

Le succès de cette mode de l’éthique amène d’autres grandes enseignes à réfléchir sur leur mode de production. Du moins en surface. Faites attention au greenwashing de certaines marques ! Sous couvert de belles et vertes publicités, certaines ne respectent ni l’environnement, ni les conditions de travail des employés.

Et si la multinationale Inditex (Zara, Pull & Bear, Bershka, Stradivarius… ) tente de surfer sur la vague responsable avec sa marque ultra rentable Zara en promettant monts et merveilles, la surproduction de vêtements engendrée est colossale. La marque continue de lancer 500 nouvelles créations par semaine en boutiques.

À vos fils et aiguilles !

La dernière idée réside dans votre savoir-faire ! Entre vieux vêtements déchirés, usés, démodés ou draps à jeter, pourquoi ne pas les réutiliser autrement ? À l’aide d’une petite machine à coudre ou d’un fil et d’une aiguille, de nombreux tutoriels DIY vous guident dans le recyclage de tissus.

Dans les magasins solidaires, il n’est pas rare également de trouver de grands morceaux de tissus d’ameublement à des prix dérisoires. Si le motif vous plaît, foncez ! De grandes marques se mettent également à revendre à bas prix les chutes de leurs tissus comme Sézane par exemple, de quoi se donner un peu d’inspiration ! Il faut savoir qu’environ 400 milliards de m² de tissus sont produits chaque année et qu’au total, 60 milliards de m² de chutes sont gaspillées lors la coupe !

Quelque 350 tonnes de vêtements atterrissent tous les jours dans l'usine Soex de Wolfen en Allemagne, qui reçoit notamment des vêtements collectés par H&M.
Quelques 350 tonnes de vêtements atterrissent tous les jours dans l’usine Soex de Wolfen en Allemagne, qui reçoit notamment des vêtements collectés par H&M. (Crédits : DR)

On espère que vous trouverez votre bonheur dans ces solutions alternatives. N’hésitez pas à nous partager vos idées ! 

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