Ce 13 mai s’est ouvert la 78e édition du Festival de Cannes, présidée par Juliette Binoche. Le coup d’envoi est lancé pour deux semaines de projections, et la sélection promet quelques belles surprises. Quels sont les films les plus attendus par les spectateurs cannois ?
The Phoenician Scheme de Wes Anderson (en compétition)
Wes Anderson revient avec The Phoenician Scheme, une comédie noire d’espionnage, imaginée avec son fidèle co-auteur Roman Coppola. Le film suivra la trajectoire d’un riche homme d’affaires et de sa fille religieuse, traqués par des terroristes et des assassins. La bande-annonce montre que les ingrédients d’un bon film de Wes Anderson sont déjà réunis : précision visuelle extrême, symétrie et tons pastel… Et bien sûr, un casting de stars, réunissant Benicio del Toro, Michael Cera, Riz Ahmed, Tom Hanks, Bryan Cranston, Mathieu Amalric, Scarlett Johansson et Benedict Cumberbatch, pour ne citer qu’eux !
Eddington de Ari Aster (en compétition)
Avec Hérédité, Midsommar et Beau is Afraid, Ari Aster s’est rapidement imposé comme l’un des noms incontournables du cinéma de genre américain. En compétition à Cannes pour la première fois, il propose cette année Eddington, un western moderne situé dans la ville d’Eddington au Nouveau-Mexique, en pleine pandémie de Covid-19 : le film raconte la confrontation entre le shérif et le maire de la ville, qui met le feu aux poudres en montant les habitants les uns contre les autres. On retrouvera dans les premiers rôles Joaquin Phoenix, avec qui il avait déjà tourné Beau is Afraid, ainsi que Pedro Pascal, Emma Stone et Austin Butler.
Nouvelle Vague de Richard Linklater (en compétition)
Richard Linklater, révélé par sa trilogie des Before et particulièrement remarqué pour son film Boyhood tourné sur 12 ans, présente cette année à Cannes un film intitulé sobrement Nouvelle Vague. Il racontera la production du long-métrage À bout de souffle de Jean-Luc Godard, cinéaste débutant, initiateur avec Claude Chabrol et François Truffaut du mouvement de la Nouvelle Vague, qui aura une vive influence sur le cinéma mondial.
Pour son premier film tourné en français, Linklater s’est entouré de comédiens débutants : Guillaume Marbeck dans le rôle de Jean-Luc Godard et Aubry Dullin en Jean-Paul Belmondo ; c’est l’actrice américaine Zoey Deutch, aperçue dans Juré n°2, qui interprétera Jean Seberg.
Alpha de Julia Ducournau (en compétition)
La réalisatrice de Grave et de Titane, qui lui avait valu la Palme d’or à Cannes en 2021, revient cette année avec un nouveau projet baptisé Alpha : on y suivra une adolescente, dans les années 1980, rejetée par ses camarades de classe parce que la rumeur court qu’elle est atteinte d’une nouvelle maladie. L’histoire se déroulera dans une ville fictive inspirée de New York, dans le contexte de l’épidémie de SIDA.
Dans les rôles principaux, on retrouvera Emma Mackey (Sex Education), Golshifteh Farahani (Paterson, Lire Lolita à Téhéran) et Tahar Rahim (Un prophète, Monsieur Aznavour), dont on sait qu’il a perdu vingt kilos pour se préparer au rôle ! Alpha s’annonce comme un film sur le corps, les traumatismes transgénérationnels et la famille à l’épreuve de la maladie. Il a commencé à se révéler avec une affiche officielle publiée peu de temps avant le début du Festival.
Woman and Child de Saeed Roustayi (en compétition)
Le réalisateur iranien Saeed Roustayi avait fait forte impression sur la Croisette avec Leila et ses frères en 2022. Ce film lui avait valu les persécutions du système islamique dans son pays, qui l’avait condamné à six mois de prison pour « propagande anti-régime ». Bien qu’interdit de travailler dans le cinéma pendant cinq ans, Saeed Roustayi pourra finalement proposer à Cannes une nouvelle œuvre baptisée Woman and Child. Ce film racontera l’histoire de Mahnaz, une infirmière veuve élevant seule ses enfants et se battant avec son fils rebelle. Alors que celui-ci est renvoyé de l’école, un accident tragique bouleverse tout, et Mahnaz se lance à la recherche de justice et d’indemnisation.
Résurrection de Bi Gan (en compétition)
Reporté à plusieurs reprises, le troisième long-métrage du réalisateur chinois Bi Gan, après Kaili Blues et Un grand voyage vers la nuit, sera enfin visible cette année. Résurrection, dont le titre chinois se traduit littéralement par Les Temps forts, sera un film policier de science-fiction, dans la même lignée poétique et onirique que ses autres films, si l’on en croit la bande-annonce et le synopsis : en 2068, une femme subissant une opération du cerveau se réveille dans un monde post-apocalyptique. Enfermée dans un état semi-éveillé onirique, elle trouve le cadavre d’un androïde et lui raconte chaque nuit des récits tirés de l’Histoire de la Chine, provoquant l’éveil progressif de ses sens.
Valeur sentimentale de Joachim Trier (en compétition)
Le cinéaste norvégien Joachim Trier avait conquis le public de Cannes avec son film Julie (en 12 chapitres) présenté en compétition en 2021. Dans Valeur sentimentale, il s’offre de nouveau les services de l’actrice Renate Reinsve, entourée de Inga Ibsdotter Lilleaas et Stellan Skarsgård ainsi qu’Elle Fanning. On y suivra le parcours de deux sœurs et de leur père aliéné, un cinéaste autrefois connu mais aujourd’hui presque oublié, alors qu’il tourne un nouveau film avec une actrice hollywoodienne.
La Petite Dernière de Hafsia Herzi (en compétition)
Révélée en tant qu’actrice en 2007 dans La Graine et le Mulet d’Abdellatif Kechiche, Hafsia Herzi s’est illustrée comme réalisatrice avec Tu mérites un amour, puis Bonne Mère. Cette année, elle vient présenter un film appelé La Petite Dernière, adapté de l’autofiction du même nom écrite par Fatima Daas. Celle-ci y raconte sa vie dans une famille musulmane pratiquante dans une banlieue française, alors qu’elle découvre son attirance pour les femmes.
Hafsia Herzi a confié avoir été bouleversée par cette histoire et a choisi de se concentrer sur l’entrée à la fac de son héroïne. Celle-ci est incarnée par Nadia Melliti, une jeune inconnue repérée dans la rue, accompagnée par l’actrice et chanteuse Aloïse Sauvage.
Enzo de Robin Campillo
Après 120 battements par minute (Grand Prix du Jury à Cannes en 2017) et L’Île rouge, Robin Campillo proposera à la Quinzaine des Cinéastes un film intitulé Enzo, co-écrit avec Laurent Cantet. Les deux amis avaient collaboré sur plusieurs films, notamment Entre les murs réalisé par Cantet, Palme d’or de Cannes en 2008. La mort du cinéaste en 2024, des suites d’un cancer, a remis le projet entre les mains de Campillo qui en a assuré la réalisation à sa place.
En plus d’être l’ultime collaboration d’un duo fructueux, Enzo propose un pitch séduisant : un jeune homme de 16 ans, issu d’un milieu aisé, décide, à la surprise de ses parents, d’entamer une formation de maçon, et fait la connaissance de Vlad, un collègue ukrainien charismatique.
Eleanor the Great de Scarlett Johansson
L’actrice américaine Scarlett Johansson se lance pour la première fois dans la réalisation avec une comédie dramatique intitulée Eleanor the Great, présentée à Cannes dans la catégorie Un certain regard. Elle y dirige June Squibb dans le rôle d’une vieille dame qui quitte Miami pour New York après la mort de sa meilleure amie, une juive polonaise rescapée des camps. Elle invente alors un mensonge dont les conséquences se mettent dangereusement à lui échapper.
Ma frère de Lise Akoka et Romane Gueret
Le duo de réalisatrices Lise Akoka et Romane Gueret s’est ajouté à la sélection quelques jours avant le coup d’envoi. Elles viendront présenter, dans la section Cannes Première, leur deuxième long-métrage après Les Pires (prix Un certain regard en 2022). Ma frère suivra deux copines d’enfance, Shaï et Djeneba, alors qu’elles sont animatrices en colonie de vacances le temps d’un été.
Le film sera donc apparemment une suite à l’excellente websérie Tu préfères que le duo avait créée pour Arte en 2020, qui présentait le parcours de quatre adolescents, parmi lesquels Shaï et Djeneba, vivant dans un quartier populaire à Paris.
Marcel et Monsieur Pagnol de Sylvain Chomet
Sylvain Chomet, l’une des grandes figures de l’animation française avec Les Triplettes de Belleville et L’Illusionniste (mais aussi plus récemment la séquence d’ouverture de Joker 2 : Folie à deux) présentera à Cannes son troisième long-métrage d’animation : Marcel et Monsieur Pagnol pour une séance spéciale. Il s’agira d’un film biographique sur l’écrivain, dramaturge et cinéaste français Marcel Pagnol, à qui Laurent Laffitte prête sa voix.
Avec cette sélection éclectique, la 78e édition du Festival de Cannes s’annonce prometteuse. Reste à savoir quels films conquerront le cœur du jury… Et celui des spectateurs.
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