« Eddington » : retour sur la carrière d’Ari Aster à l’occasion de la sortie de son nouveau film

"Eddington" : retour sur la carrière d'Ari Aster à l'occasion de la sortie de son nouveau film

Eddington, le nouveau film d’Ari Aster, sort ce mercredi 16 juillet 2025, après avoir été présenté en compétition officielle lors de la 78ème édition du Festival de Cannes. Le film est porté par Joaquin Phoenix, Pedro Pascal et Emma Stone. À l’occasion de la sortie du film, retour sur la carrière du petit prodige des studios A24.

Qui est Ari Aster ?

Ari Aster est né le 15 juillet 1986 à New York. Comme beaucoup d’ados à l’époque, il passe un temps fou dans les vidéo-clubs. Il se gave de films de genre, d’horreur, de films contemplatifs, psychologiques, spirituels. Parmi ses références : Rosemary’s Baby, Repulsion, Persona, Fanny et Alexandre, Il est mort après la guerre, La Pendaison, Playtime, Johnny Guitare… Un cinéma du détail, de la forme, de la psyché humaine qui va lui donner l’envie de faire des films.

Pendant ses études à l’université d’art et de design de Santa Fe, Ari Aster réalise son tout premier court-métrage : Tale of Two Tims, qui lui vaut une bourse pour intégrer le prestigieux conservatoire de l’AFI. Il signe ensuite Herman’s Cure-All Tonic (2008) puis TDF Really Works (2011), une fausse pub télé qui commence drôle, puis vire vite au malaise. Mais c’est avec The Strange Thing About the Johnsons (2011) que tout bascule.

The Strange Thing About the Johnsons (2011)

Avec ce film, Aster va développer une réflexion faite avec des amis, autour des tabous et de la difficulté à communiquer, en particulier dans les foyers américains. Ce film parle de l’horreur qui se passe dans la famille des Johnsons, une famille tout à fait ordinaire en apparence, qui refuse de faire face à la réalité qui les habite, par peur du regard des autres. Ce drame incestueux est dérangeant, de par la nature du sujet, mais aussi par le choix d’Ari Aster d’inverser les rôles (le père de famille est abusé par son fils). Le film est brillamment réalisé, avec un sens du malaise absolument génial.

Le style Ari Aster

Entre 2011 et 2016, Ari Aster poursuit avec cinq autres courts-métrages, souvent en compagnie d’Alejandro de Leon et de Pawel Pogorzelski, qu’on retrouvera plus tard à la photographie sur ses longs-métrages. Parmi ces courts-métrages, Beau (2011), qui servira de base à Beau is Afraid, et Munchausen, un film muet, sublime, sur une mère possessive à l’extrême, c’est coloré, musicale et touchant.

En 2018, Ari Aster réalise Hérédité. Chaque scène est une montée en tension et une descente aux enfers. On y suit une famille, dévastée par la mort et poursuivie par une malédiction. Ari Aster n’utilise que très rarement les effets de screamer, devenus monnaie courante dans les films d’horreur habituels. Il fourni un travail avec la musique, jouant sur la longueur, offrant un sentiment d’angoisse et de malaise qui ne s’estompe pas durant le film.

Hérédité Ari Aster

Un travail sur le découpage technique, profitant pleinement du décor, participe à une atmosphère suffocante, en particulier l’utilisation de mouvement de caméra allant souvent du haut vers le bas, pour souligner le déséquilibre permanent de cette famille. Hérédité installe définitivement le style Ari Aster : malaisant, lent, pervers, beau. Le tout avec une Toni Collette au sommet de son art.

Ari Aster s’empare du Midsommar

Ari Aster enchaîne avec Midsommar (2019), un film d’horreur entièrement filmé de jour. Un groupe d’amis dans une communauté suédoise isolée à l’esthétique lumineuse, pure, mais une tension permanente. C’est un film sur les sectes, le deuil, le déni. Ari Aster joue une nouvelle fois avec les codes du cinéma d’horreur et prend le contrepied de ce que le public attendra. En filmant de jour, il renforce le sentiment de la perte des repères, de temporalité ; les personnages perdent pied, ils deviennent fous et le spectateur est contraint de sombrer avec eux.

Cette utilisation du jour est également présente dans Hérédité, où cette fois, il utilise des nuits américaines très lumineuses (forte présence de la lune, surpuissance des lumières ambiantes…). Ajoutant à cela un étalonnage brûlant de couleur et de blanc cramé, et un mixage sonore très brillant, vous êtes constamment stimulé, vous ne dormirez pas.

Midsommar Ari Aster

Eddington : le nouveau film d’Ari Aster en 2025

Son dernier film en date est Beau is Afraid (2023) est le projet le plus personnel, le plus bizarre, le plus libre. Un homme anxieux, paumé, confronté à sa mère, au monde, à lui-même. Un trip kafkaïen, drôle, absurde, cruel. L’aboutissement de son court-métrage, Beau, tourné en 2011, qu’il aura fait mûrir pendant plus de 10 ans. Une thérapie où il explore ses peurs les plus profondes.

Ari Aster puise son inspiration toujours au même endroit. Autour de lui (dans sa famille, pour Hérédité, ou encore après une réflexion avec des amis, pour The Strange Thing About the Johnsons), et beaucoup dans les mythologies, nordiques la plupart du temps.

Pour Eddington, Ari Aster s’inspire de l’actualité américaine et des événements pendant le confinent (la politique de Trump, le mouvement Black Lives Matter ou encore les fake news), pour nous présenter une satire anxiogène et dérangeante, dans une Amérique fragilisée. Le film, présenté en compétition officielle lors de la 78ème édition du Festival de Cannes est à retrouver au cinéma le 16 juillet 2025, avec Joaquim Phoenix, Pedro Pascal et Emma Stone.

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Eddington, bande-annonce officielle

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