Héritier spirituel du chef d’œuvre Ico, Brothers : A Tale of Two Sons est une ode miraculeuse qui lança la carrière de Josef Fares (A Way Out). Aujourd’hui, c’est au tour de ce petit prodige vidéoludique de se voir offrir un remake par le studio italien Avantgarden. Verdict de cette nouvelle version ? Un bijou reste un bijou, même lorsqu’on en propose une copie conforme… Il est temps de ressortir les mouchoirs !
Toute joueuse et tout joueur ayant apprécié le formidable It Takes Two a forcément entendu parler de Brothers: A Tale of Two Sons. Cette perle vidéoludique indépendante est né en 2013 des mains de Starbreeze Studios et son réalisateur suédois Josef Fares, qui signe sa première production. La talentueuse équipe derrière ce projet a su remettre la coopération locale au goût du jour avec beaucoup de variété. Il en résulte alors une véritable œuvre immersive qui marque encore aujourd’hui. Un conte poétique qui captive autour d’un récit initiatique, bénéficiant d’une mise en scène qui sait offrir une palette d’émotions, le tout sans le moindre dialogue et digne des plus grands films.
Au cœur de l’expérience, se présentent deux frères, Naia et Naiee, dont le voyage épique pour sauver leur père malade compose l’intrigue, certes minimaliste, mais d’une richesse absolue en termes de trouvailles visuelles et sonores. Durant leur voyage, ils feront des rencontres qui les transformeront à jamais… Brothers : A Tale of Two Sons est donc l’histoire d’une route tracée. Celle d’un voyage et d’un apprentissage. Le tout est accompagné d’un élément de gameplay bien particulier. En effet, chaque frère est contrôlé par un joystick différent sur la manette, exigeant une coordination précise pour résoudre des énigmes et surmonter les obstacles. Une mécanique de gameplay assez surprenante au début, mais qui renforce énormément ce lien profond qui unit les deux protagonistes.
Les succès d’It Takes Two et A Way Out, édité par Electronic Arts, ont donné à ce Brothers une seconde chance d’être populaire auprès du public. Après tout, l’expérience mérite pleinement d’être vécue et les jeux de cette trempe sont si rares. L’annonce d’un remake fut donc très excitante, d’autant qu’il bénéficie du moteur graphique Unreal Engine 5 et est proposé à un prix très réduit. Nous sommes donc retourné dans cette fabuleuse histoire… sans pour autant avoir été surpris ! Autant l’avouer maintenant, Brothers : A Tale of Two Sons reste un bijou vidéoludique, mais ce remake n’est pas aussi absolu pour tout le monde…
Un incroyable voyage du jeu vidéo !
Une fois la partie lancée, la première image se dévoile. Le petit frère se recueille sur une pierre tombale. Autrefois, la famille fut frappée par une tragédie. Nos oreilles entendent à nouveau cette musique si émouvante qui accompagne la séquence. Aucun doute, le souvenir de notre découverte de Brothers : A Tale of Two Sons dix ans plus tôt refait surface. Lorsqu’on reprend la manette en mains, nous nous remémorons avec exactitude toute la passionnante traversée et tous les obstacles à surmonter. Toutefois, ce remake est plus beau que jamais. Une véritable prouesse graphique qui apporte un plus à l’émotion poétique du titre.
En fait, il ne dénature jamais l’œuvre originale et parvient à conserver sa direction artistique, la peaufinant bien plus. C’est un travail formidable autour des environnements, du détail des textures et les nouvelles animations. Que dire aussi sur les nouveaux visages en 3D des personnages ? Les yeux resteront aussi émerveillés qu’autrefois.
Pour couronner le tout, Brothers ne se contente pas seulement des modifications graphiques et sonores de l’expérience, puisqu’il propose aussi un mode multijoueur en coopération. Avec une deuxième manette, il devient possible d’incarner les deux frères. Cependant, le résultat reste le même. Le premier jouera avec la gauche, tandis que l’autre sera avec la droite. Néanmoins, cela permettra de jouer en famille avant tout.
Nous avons mentionné des changements du travail sonore durant ce remake, mais il s’agit d’une immense qualité. Certes, la nouvelle OST écrite par Daniele Carmosino et Christof Unterberger n’a rien d’inédit et ne réarrange que les compositions de Gustaf Grefberg, mais elle apporte encore plus sur les sentiments et les émotions vécus tout au long de l’aventure. C’est tout bonnement extraordinaire.
Brothers : A Tale of Two Sons Remake ne doit être joué qu’une fois !
Pourtant, il convient de préciser que, finalement, ce remake ne s’adresse réellement qu’aux nouveaux venus. Le public ayant découvert le titre original perdra l’effet de surprise et ne le redécouvrira que pour sa nostalgie. Ce Brothers : A Tale of Two Sons baigne dans une magie qui le rend unique lors de sa première partie. Ce magnifique remake ne trahit nullement l’original et le reprend mot pour mot. Vous l’aurez donc compris, à l’exception de son mode coopératif, il s’agit exactement du même jeu.
Les séquences bouleversantes seront une copie conforme (à une exception près), tout comme les trouvailles de gameplay et les changements d’ambiance de chaque chapitre. Le cheminement ne changera pas pendant les trois heures nécessaires pour finir l’histoire… comme autrefois.
D’ailleurs, rectifions un point sur cette possibilité de jouer en coopération. Ce n’est absolument pas une nouveauté, car il était déjà possible lors du portage sur Nintendo Switch en 2019. De plus, si on comprend que cela apporte un confort de jeu, l’expérience multijoueur reste finalement plus belle lorsqu’on ne joue qu’avec une seule manette, chacun prenant la gâchette et le joystick d’un côté. Cette idée de gameplay n’est pas anodine, puisqu’elle compose simplement l’amour des deux frères. Pour l’immersion, vous ne trouverez pas meilleure idée. Difficile d’expliquer plus, mais toute personne ayant fait le jeu comprendra très vite.
Brothers : A Tale of Two Sons était et sera toujours une perle du jeu vidéo. Ce remake est une formidable invitation à faire le voyage pour la première fois, tant on y repense encore. C’est aussi un moyen vibrant de se rappeler la nostalgie autour, mais l’expérience s’en retrouverait légèrement ternie par ce sentiment de déjà-vu. En revanche, il reste ce conte puissant à découvrir et à partager sans modération. Un exemple de remake nécessaire, mais pas indispensable, d’une merveille de poésie.