Sorti le 21 novembre dernier sur Prime Video en France après avoir fait ses preuves dans les salles américaines, Bottoms est l’un des films les plus rafraîchissants de cette année 2023. Ce coming of age délirant raconte l’histoire de deux lycéennes paumées qui montent un fight club pour attirer des filles.
Nouveaux récits initiatiques
Chaque décennie apporte son lot de coming of ages, ou récits initiatiques en français. On le rappelle, ce sont des récits dans lesquels des adolescents apprennent à se connaître et à mûrir. Les années 2010 se voulaient dramatiques et aimaient adapter des livres populaires comme ceux de John Green (Nos Etoiles Contraires ou La Face Cachée de Margo). On aimait aborder la santé mentale, la différence, l’idée de s’accepter malgré les dictats. Les années 2000 jouaient sur les clichés lycéens comme les différents clans, la route vers la popularité, etc. On y retrouve bien plus de comédies qui n’hésitent pas à toucher à l’absurde. Mean Girls avec Rachel McAdams et Lindsay Lohan en est l’exemple le plus marquant, disons même le plus iconique.
Portrait acerbe et hilarant d’une adolescente qui grimpe les échelons sociaux de son lycée, on y retrouve tous les clichés les plus exacerbés. A l’écriture, on retrouve une Tina Fey au sommet de la gloire grâce à son travail dans le Saturday Night Live.
Bottoms pourrait se targuer d’être le digne héritier de Mean Girls, tout en étant son propre portrait moderne et amusant d’une adolescence qui a évolué avec son temps d’un point de vue esthétique comme thématique.
Bottoms : portraits d’adolescentes singulières
Le film puise sa force dans ses personnages, des clichés très drôles certes, mais tout aussi attachants tant ils sont humanisés et diversifiés. On ne laisse personne de côté, chacun pourrait s’identifier à l’une d’entre elles. Une belle représentation des jeunes femmes dans toutes leurs différences.
Le duo principal, porté par Rachel Sennott et Ayo Edibiri, met en avant des stéréotypes de ratées impopulaires. Elles sont stigmatisées parce qu’elles sont lesbiennes et ne peuvent compter que l’une sur l’autre. Mais elles n’en perdent pas leur bonne humeur et c’est dans toute leur étrangeté qu’elles trouvent leur sens de l’humour.
Être adolescent, c’est ne pas savoir grand-chose quand on pense tout savoir. C’est aussi être mal à l’aise et mettre les autres mal à l’aise. Et il y a cette innocence d’enfant qui reste, même si on veut devenir un adulte plus vite que de raison. Il est rare d’avoir un portrait aussi juste de cette période de la vie. On a tendance à voir des personnages soit mélodramatiques soit absurdes, et c’est ce dernier angle que prennent la plupart des comédies adolescentes. Mais Bottoms se sert de l’absurdité adolescente en elle-même.
Drôle de critique sociétale
L’autre force de Bottoms c’est sa critique sociale (voire sociétale) faite en toute légèreté. Être une femme c’est dur, et ça commence dès le plus jeune âge. Elles se font insulter, sexualiser, harceler, violenter… Et ensemble elles créent un espace commun, sûr et sain. Et puis ne l’oublions pas, elles cassent des bouches quand c’est nécessaire. Elles rappellent l’importance d’une sororité, comment les femmes sont perçues et leur besoin commun de révolte.
C’est en reprenant les inspirations des années 90 et 2000, puis en les adaptant à la génération Z avec ses problématiques et son esprit plus ouvert que le film fait un portrait presque universel des femmes. On les voit victimes certes, mais aussi fortes et singulières. On dépasse les clichés, l’idée d’aller au-delà des apparences est une thématique cruciale du film.
Un récit beau et drôle porté par des acteurs extraordinaires et réalisé par une Emma Seligman exceptionnelle. Bottoms est disponible dès maintenant sur Prime Video.
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