Internet est l’objet de luttes pour la libre circulation des informations. Nombre de militants luttent pour faire réaliser cette promesse de l’internet des pionniers : rendre le monde meilleur par la libre circulation des connaissances. Parmi eux, Aaron Swartz : un génie de l’informatique. Dans les années 2000, alors encore adolescent, il s’engagea dans la lutte contre la privatisation du web.
Ses contributions à l’édifice internet
Passionné très tôt par l’informatique et internet, Swartz apprit vite à écrire des lignes de code. Ainsi, il résultera de son apprentissage son premier site web, à 12 ans : The Info Network. Il s’agissait d’une sorte de Wikipédia avant l’heure, soit une encyclopédie collaborative.
A 13 ans, sa rencontre avec Lawrence Lessig, célèbre juriste américain, fit décoller sa carrière. Très vite, il participa à l’élaboration du flux RSS : une technique permettant d’afficher, sur son site, du contenu venant d’autres sites, tout en conservant sa propre charte graphique.
A 15 ans, il participa, au côté de Lawrence Lessig, à la création des Creative Commons. Toujours très utilisées aujourd’hui, il s’agit d’une alternative aux droits d’auteurs standards, correspondant mieux aux usages du web. Plus souples, ces licences permettent de garder l’esprit d’un internet libre en permettant la libre circulation de contenu tout en garantissant aux auteurs d’être crédités pour leur travail.
Son activité militante
Aaron Swartz ne se contenta pas seulement d’innover, il s’engagea politiquement contre la privatisation du web. En 2008, il créa le site Watchdog.net dans l’esprit des Civic Tech. Il s’agit d’un site améliorant la transparence quant au fonctionnement du gouvernement. Dans la foulée, en 2009, il créa le mouvement Demand Progress qui prit fait et cause pour Wikileaks et les lanceurs d’alerte, tout en s’opposant à différents projets de lois liberticides sur internet.
Securidrop fut un de ses derniers projets : il s’agissait de mettre en place une interface sécurisée entre les journalistes et les lanceurs d’alerte. Ces derniers pouvaient envoyer des informations et documents sans risquer de voir leur identité révélée. S’il participa à beaucoup de projets, son objectif premier fut toujours de donner le maximum de liberté à la circulation de l’information.
L’affaire JSTOR
Révolté par le fonctionnement des journaux de recherche, ses convictions militantes l’amenèrent jusqu’à enfreindre la loi. Les magazines scientifiques privatisent le travail des chercheurs en vendant, pour des sommes importantes, les articles produits par la communauté scientifique. Le problème étant que les chercheurs sont bien souvent payés par l’état, donc par de l’argent public.
Pour Aaron Swartz, les résultats scientifiques devraient donc être publics. Il décida de télécharger le plus d’articles scientifiques possibles pour ensuite les diffuser gratuitement. Ainsi il téléchargea environ 5 millions d’articles sur le site de JSTOR, un des plus gros éditeurs de magazine scientifique mondial.
Bien sur cela fut vite découvert, et il se retrouva d’emblée accusé de vol. Chose étonnante, ce n’est pas JSTOR qui porta plainte mais la procureure des États-Unis qui engagea des poursuites à l’encontre du jeune hacktiviste.
Subissant un harcèlement judiciaire, Aaron Swartz, fragilisé par des périodes de dépression, se suicida le 11 janvier 2013, un mois avant son procès, à seulement 26 ans. D’une nature idéaliste, il n’aura pas supporté la pression judiciaire et la lourde menace de 35 ans d’emprisonnement.
Surnommé the internet own boy’s, Aaron Swartz symbolise une lutte pour un internet libre. Un internet émancipateur, allant à l’encontre de toutes formes d’enclosures. Ce faisant, il fait écho à la déclaration d’indépendance du cyberespace.
Sources :
- The Internet’s Own Boy : The Story of Aaron Swartz, Brian Knappenberger, 2014, https://www.youtube.com/watch?v=JLxpTGsclXM
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Aaron_Swartz
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