L’univers de DC Comics ne se résume pas aux blockbusters ou aux séries télé comme le Arrowverse. Il est aussi le terrain fertile d’œuvres d’auteurs, de récits bouleversants, et d’explorations psychologiques profondes qui ont redéfini le mythe des super-héros. Aujourd’hui, nous vous proposons 5 incontournables qui ont transcendé le genre et laissé une empreinte durable.
One Bad Day : Le Sphinx : quand l’énigme devient tragédie
Publié en août 2022, One Bad Day : Le Sphinx est un one-shot signé Tom King et dessiné par Mitch Gerads. Premier volume de la collection événement Batman: One Bad Day lancée par DC Comics, cette série d’histoires indépendantes revisite les grands antagonistes de Batman en leur consacrant des récits sombres, intimes, et souvent dévastateurs. De très loin le meilleur tome de la série One Bad Day, mais aussi l’une des meilleures caractérisations depuis The Killing Joke d’Alan Moore.
Dans ce volume, Tom King revisite Edward Nygma, alias le Sphinx, et le transforme en figure glaciale et terriblement méthodique, bien loin du criminel farfelu qu’on connaît. Le postulat du comics est simple, mais implacable : et si une seule mauvaise journée pouvait transformer un homme à jamais ? Le récit, tendu comme un thriller, explore cette idée avec une maîtrise impressionnante. Dans cette relecture crue et psychologique, Batman lui-même semble dépassé. King signe ici l’un des portraits les plus inquiétants et cérébraux jamais faits d’un vilain de Gotham.

Harleen : La naissance tragique d’une icône brisée
Parue entre septembre et novembre 2019, Harleen est une mini-série en trois parties (réunie en un seul album chez Urban Comics) publiée sous le prestigieux DC Black Label, qui donne carte blanche aux auteurs pour proposer des versions matures et autonomes des personnages de l’univers DC. L’auteur croate Stjepan Šejić, à la fois scénariste, dessinateur et coloriste, y livre une origin story magistrale.
Ici, l’histoire de Harleen Quinzel, jeune psychiatre pleine d’idéaux, devient un drame psychologique tragique, bien plus qu’un simple récit de transformation en super-vilaine. Šejić adopte un ton intimiste et nuancé, mêlant dialogues puissants et visuels somptueux pour illustrer la lente descente aux enfers d’une femme brillante, séduite, piégée puis brisée par le Joker. Cette œuvre à la fois magnifique et glaçante réinvente Harley Quinn avec une gravité rare. C’est la version définitive de son origine pour une nouvelle génération de lecteurs. Un magnifique ouvrage qui vous permettra d’adorer encore plus le personnage côte à côte avec le comics Mad Love de Paul Dini et Bruce Timm.

Arkham Asylum : Le cauchemar gothique ultime en comics
Publié en octobre 1989, sous le titre complet Arkham Asylum: A Serious House on Serious Earth, ce graphic novel indépendant écrit par Grant Morrison et illustré par Dave McKean est rapidement devenu une référence absolue du genre. Ce récit se situe en dehors de la continuité classique et s’apparente à une expérience sensorielle et mentale plus qu’à une aventure traditionnelle de Batman.
Dans ce comics culte, Batman doit pénétrer dans l’asile d’Arkham pour y gérer une prise d’otages menée par ses pires ennemis. Mais très vite, le voyage devient introspectif, presque hallucinatoire. McKean livre des illustrations surréalistes mêlant peinture, collage, typographie déstructurée, tandis que Morrison construit un récit poétique, dérangeant, labyrinthique. C’est un cauchemar gothique, un miroir obscur tendu à la psyché de Batman lui-même. Une lecture exigeante, mais incontournable pour quiconque veut comprendre la face la plus sombre du Chevalier Noir.

Superman: Red Son : Et si le héros venait du Bloc de l’Est ?
Et si Superman n’avait pas atterri dans le Kansas, mais en URSS ? C’est le point de départ saisissant de Superman: Red Son, mini-série en trois épisodes (ici aussi disponible en un seul volume chez Urban Comics) publiée entre février et août 2003 dans la collection Elseworlds de DC Comics, qui propose des uchronies et récits alternatifs. Ce récit est scénarisé par Mark Millar, avec des dessins de Dave Johnson et Kilian Plunkett.
Red Son renverse totalement la mythologie de Superman : élevé selon les valeurs soviétiques, Kal-El devient une figure d’autorité toute-puissante, redéfinissant l’équilibre géopolitique mondial. Face à lui, Lex Luthor incarne cette fois l’espoir du monde libre. On y découvre aussi un Batman dissident, une Wonder Woman tiraillée par ses idéaux, et un monde où l’utopie vire lentement à la dystopie. Brillant, subversif et politiquement acéré, ce récit reste l’un des plus grands « What If » jamais écrits. Une réinvention radicale, aussi divertissante que profondément intelligente. Si la série animée uchronique de chez Marvel vous a plu, c’est le comics qu’il vous faut.

Mister Miracle : la grande évasion de l’âme
Publiée entre août 2017 et novembre 2018, Mister Miracle est une série en 12 épisodes (on commence à connaître la chanson, vous pouvez retrouver le tout en une seule édition) écrite par Tom King et illustrée par Mitch Gerads (décidément des artistes incontournables). Elle fait partie de l’univers cosmique de Jack Kirby, le « Fourth World », mais se lit comme une œuvre totalement à part, à la fois introspective, contemporaine et déstabilisante.
Scott Free, alias Mister Miracle, est l’homme qui peut s’échapper de tout… sauf de lui-même. Roi d’un peuple en guerre, mari d’une guerrière légendaire, père en devenir, il traverse ici une crise existentielle profonde. Le récit, à la fois absurde et grave, alterne scènes de guerre spatiale et tranches de vie banales, sur fond de dépression, traumatisme, paternité et suicide. Chaque planche est un choc visuel et émotionnel. C’est un chef-d’œuvre moderne, un roman graphique masqué sous une série de comics, qui interroge le sens même d’être un héros, un homme, un survivant.

Ces cinq œuvres montrent la richesse incroyable de l’univers DC : elles sont autant de portes d’entrée vers des récits matures, profonds, puissamment écrits et somptueusement dessinés. De la tragédie intime de Harleen (2019) à la réinvention politique de Red Son (2003), en passant par la folie stylisée d’Arkham Asylum (1989), la noirceur glaciale de One Bad Day : Le Sphinx (2022) ou encore le malaise existentiel de Mister Miracle (2017–2018), ces récits écrivent une autre histoire des super-héros, bien plus humaine, troublante et inoubliable.
Tous ces comics sont à retrouver en format physique et en français chez Urban Comics. A noter également : certaines œuvres sont disponibles en plus petit gabarit, au format mais aussi au prix beaucoup plus flexible (c’est le cas de Red Son et de Mister Miracle par exemple). C’est le principe de la collection Nomad, n’hésitez pas à y faire un tour.
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