« Black Phone 2 » : une suite dispensable mais efficace [critique]

"Black Phone 2" : une suite dispensable mais efficace [critique]

Trois ans après le premier Black Phone, aventure horrifique passionnante signée Scott Derrickson (Sinister), Black Phone 2 débarque cet automne dans les salles obscures. Derrickson est de retour derrière la caméra pour raconter la suite des aventures de Finn (Mason Thames) et Gwen (Madeleine McGraw) confrontés à l’héritage de l’Attrapeur (Ethan Hawke). Une suite dispensable, qui n’apporte aucune réelle plus-value à la mythologie de Black Phone, mais néanmoins bien emballée, et largement divertissante. 

Black Phone 2 : une suite dispensable 

Adapté d’une nouvelle de Joe Hill, le fils de Stephen King, Black Phone était une série B largement efficace. Scott Derrickson s’approprie la figure du tueur en série pour l’imposer dans un récit passionnant, qui mélange horreur, thriller et fantastique dans un équilibre parfait. Inspiré de l’histoire de John Wayne Gacy, inculpé pour le meurtre de 33 jeunes hommes, Black Phone proposait une intrigue palpitante dans un Colorado des années 1970 plus vrai que nature.

Grâce à la figure du méchant, incarnée par un Ethan Hawke habité, il offre ainsi une menace universelle et permanente. Il réécrit le mythe du croquemitaine moderne, en l’encrant dans des problématiques de recherche d’identité ultra contemporaines. Slasher movie, film de séquestration, film d’esprit, Black Phone jouait sur plusieurs tableaux, et c’est ce qui faisait clairement son charme.

"Black Phone 2" : une suite dispensable mais efficace [critique]

Mais une chose est sûre, Black Phone se suffisait à lui-même. Sauf qu’avec ses 171 millions de dollars de recette au box-office, Universal Pictures a décidé de lancer le chantier d’une suite. Scott Derrickson est de retour aux manettes et signe une suite solide, à défaut d’être indispensable. Ici, le cinéaste décide de partir sur quelque chose de totalement différent. Il quitte le décor urbain pour placer son récit dans une atmosphère sauvage, quelque part dans le grand froid d’un camp de montagne appelé Alpine Lake. Forcément, les inquiétudes ne sont plus les mêmes, et le récit prend une tournure largement fantastique. Scott Derrickson délaisse totalement le slasher movie urbain pour s’engouffrer pleinement dans des pérégrinations fantastiques. 

Le croque-mitaine devient alors une figure sauvage, un esprit malin, qui vient énormément gratter aux portes de Freddy et les Griffes de la Nuit. Hommage, influence ou carrément copie à peine dissimulée de la licence de Wes Craven, Black Phone 2 pourrait largement être considéré comme un remake, ou une suite, des aventures de Freddy Krueger. L’Attrapeur perd toute sa dimension réaliste, pour n’être plus qu’une figure démoniaque qui prend vie dans les rêves et les cauchemars de ses victimes. Malheureusement, le personnage, véritable doppelganger de Freddy, manque d’épaisseur, et parfois même de charisme.

Black Phone 2

Heureusement, Scott Derrickson a suffisamment de savoir-faire et d’expérience dans le domaine du cinéma horrifique pour monter un film divertissement, bien rythmé, où les quelques ressorts horrifiques fonctionnent plutôt bien. Loin de révolutionner le genre, Black Phone 2 se regarde sans regret, sans bouder son plaisir, mais ne parvient pas à laisser une trace indélébile dans l’esprit des cinéphiles que nous sommes.

Reste des thématiques autour du traumatisme plutôt intéressantes. Scott Derrickson décide de se concentrer sur les traumatismes de ses deux jeunes personnages, qui doivent apprendre à vivre et faire la paix avec le décès de leur mère, la rédemption d’un père violent et alcoolique, et la menace d’un esprit démoniaque, héritage de la présence bien réelle de L’Attrapeur.

Black Phone 2 est donc un récit presque initiatique pour ses jeunes personnages, qui doivent donc affronter leurs démons (au sens littéral du terme) pour enfin, réussir à vivre pleinement. Malheureusement, Black Phone 2 reste très souvent en surface, mettant en scène ce traumatisme par des biais éculés, en faisant appelle à la drogue et l’alcool comme chrysalide émotionnelle. Deux voies qui manquent d’originalité et sont surtout à peine effleurées.

Bref, Black Phone 2 c’est un prétexte pour agrémenter une mythologie qui se suffisait à elle-même. Mais c’est surtout un hommage sympathique et à peine dissimulé à Freddy et les Griffes de la Nuit que nous offre Scott Derrickson. Divertissant à défaut d’être innovant. 

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