Interview de Céline de Clairval, auteure de « Le Halo des Ombres »

Le Halo des Ombres est une trilogie de fantasy écrite à quatre mains par les sœurs Viviane et Céline de Clairval, originaires de Cognac. La série a vu son premier tome retravaillé et publié en 2023 par leurs propres éditions : Pyrélion. On a eu la chance de rencontrer Céline de Clairval, avec qui on a échangé autour de L’Académie de Santhoryne, le premier Cycle de sa saga fantastique.

Est-ce que vous pouvez rapidement vous présenter ?

Au départ, avant de me lancer dans toute cette aventure, j’étais officier dans l’armée de l’air. Quant à ma sœur, elle travaillait à la Banque Populaire. J’ai profité de mon congé parental pour me lancer dans ce projet d’écriture du Halo des Ombres. Au début, j’étais toute seule sur le projet, et au fur et à mesure, ma sœur m’a de plus en plus soutenue. Au départ, je lui demandais simplement son avis sur mes premiers textes. Puis, petit à petit, elle apportait ses modifications, ses corrections et ses remarques constructives. Elle me proposait des approches différentes, je trouvais ça intéressant, du coup je lui ai proposé de travailler avec moi.

Donc c’est comme ça qu’elle est arrivée dans l’aventure, parce que ça lui plaisait bien. En 2015 on s’est tourné vers un premier éditeur, mais les choses ne se sont pas très bien passées. C’est une mauvaise expérience qui m’a poussée à fonder ma propre maison d’édition : Pyrélion. Aujourd’hui, on a des investisseurs à nos côtés qui nous soutiennent et on a d’autres projets à publier en plus du tome 3 de Le Halo des Ombres.

Pourquoi ça c’était mal passé avec la précédente maison d’édition ?

En fait, on s’est rendu compte que le contrat n’était pas honnête. On a signé un contrat qui nous a coûté assez cher (plus de 4 000 euros). Ils nous avaient annoncé un tirage à 4 000 exemplaires, mais on s’est rendu compte que seuls 100 ou 200 exemplaires avaient été tirés. Sans entrer dans les détails, on a trouvé çà et là d’autres éléments pas très nets. On a préféré mettre un terme à ce contrat et nous débrouiller par nos propres moyens. On a même découvert a posteriori que cette maison d’édition continuait à vendre des exemplaires de nos livres alors qu’elle n’avait légalement plus le droit.

C’est ce qui nous a conduit à modifier beaucoup d’éléments de notre premier tome, dont la première de couverture et le titre, pour être certains qu’ils n’auraient plus la bonne édition entre les mains.

Est-ce que vous publiez d’autres auteurs ?

Au départ, ce n’était que pour Le Halo des Ombres. Donc cela m’a permis de me former au métier d’éditrice. Puisqu’il n’y avait que notre ouvrage, on ne prenait pas encore beaucoup de risques. Suite au Halo des Ombres, on a réussi à publier deux autres auteurs qui étaient en couple et qui écrivaient chacun de leur côté des sagas fantastiques liées entre elles. On a publié leurs deux premiers tomes et on attend le troisième.

Et là, on vient de signer un nouvel auteur qui doit nous livrer son ouvrage courant novembre. On reçoit beaucoup de textes qui sont actuellement à l’étude. On a aujourd’hui une équipe de 40 personnes qui étudient les manuscrits qu’on leur envoie. On recherche évidemment les manuscrits les plus prometteurs et aboutis pour développer encore davantage notre maison d’édition.

Comment est né l’univers du Halo des Ombres ? Quelles ont été vos sources d’inspiration ? On pense évidemment au Seigneur des Anneaux et à Harry Potter, mais il y en a sans doute d’autres ?

Evidemment, ce sont deux grosses sources d’inspiration. Moi la fantasy j’ai découvert ça quand j’étais au lycée, à l’époque où Le Seigneur des Anneaux sortait au cinéma. C’est comme ça que j’ai découvert et apprécié la fantasy. J’écrivais déjà depuis toute petite, mais je n’avais encore jamais expérimenté ce genre-là. J’ai découvert par la suite que c’est finalement ce qui me correspondait le plus, du fait de la liberté totale qu’on possède avec ce genre. Je me suis donc aventurée dans ce genre grâce au Seigneur des Anneaux.

Après, par la suite, oui je pense que forcément Harry Potter a également influencé mes textes. Il y a eu beaucoup d’autres sources d’inspiration comme Avatar : Le Dernier maître de l’air, notamment par le biais des quatre éléments. Finalement, chacun de nos tomes a une influence davantage définie. Dans le premier tome, L’Académie de Santhoryne, l’influence principale est forcément Harry Potter à l’École des Sorciers. Dans le tome 2, on a moins de lien avec l’école, on est plongé dans l’aventure pure, donc on retrouve davantage l’influence du Seigneur des Anneaux. Et enfin, dans le tome 3, ça se resserre sur des enjeux politiques et de guerre, donc on se rapproche plus de Game of Thrones.

Qu’est-ce que vous pensez apporter de novateur par rapport à ces œuvres fondamentales du genre ?

Notre magie est un peu différente des autres. Plutôt que d’être tournée vers la baguette magique, notre magie s’articule autour d’une magie démoniaque par nature. Cela donne une forme de dichotomie auprès des utilisateurs de magie qui doivent travailler sur le contrôle pour ne pas tomber du côté de la magie noire. Ils doivent apprendre à gérer leur magie sans que l’entité ne prenne leur contrôle et en fasse des méchants. Je trouve que c’est notre grande originalité par rapport aux autres.

Pourquoi avoir choisi un personnage masculin alors que vous êtes deux autrices ?

On aurait effectivement pu prendre un personnage féminin. Je vous avoue que je n’ai pas réellement réfléchi à cette problématique. Je ne me suis pas vraiment posé la question, c’était machinalement un garçon lors des premières phases d’écriture. Vous savez, j’écris depuis toute petite et je n’ai jamais eu de difficultés pour écrire un personnage masculin comme féminin. Mais finalement ça fait sens de développer un personnage masculin, qui, dans le premier tome, est très faible, très peureux, martyrisé, à l’inverse de l’image qu’on peut se faire d’un personnage masculin. C’était intéressant de voir son évolution dans ce sens. Cela provoque une évolution plus marquée du personnage je trouve.

Comment est-ce qu’on se répartit le travail d’écriture lorsqu’on est à quatre mains ?

Pour nous, ça se goupille très bien car on est vraiment très complémentaires. C’est mon univers, mon histoire, mes personnages, tandis que ma sœur apporte davantage de choses sur la forme. Basiquement, j’envoie mes chapitres à ma sœur, et elle, elle me fait des propositions sur des tournures de phrases, ou sur la manière d’étoffer des personnages. Elle me propose aussi parfois des approches différentes sur mes propres idées. On se rejoint finalement sur une idée commune.

Est-ce que vous avez rencontré des difficultés particulières durant votre processus d’écriture ?

Le tome 3 a été le plus difficile à écrire, parce qu’on a la dimension de la guerre et des enjeux politiques qui s’installent. Ça complique un peu la tâche. Au-delà de ça, il y a énormément de révélations qui sont mises en place dans ce tome 3, donc il fallait amener les choses d’une manière crédible, et d’une façon qui nous convenait.

Et ce tome 3 est terminé ?

Là, il est actuellement dans sa dernière phase de relecture. Donc oui, on peut dire qu’il est terminé.

Si vous étiez dans cet univers, quel cycle auriez-vous choisi ?

C’est une excellente question. On aurait envie de dire le cinquième cycle, parce que c’est celui-ci qui offre le plus de possibilités. Mais comme j’aime beaucoup la maîtrise des éléments, je serais allée vers le cycle de l’eau.

Si vous rencontriez votre héros, qu’est-ce que vous aimeriez lui dire ?

Ça dépend à quel moment je le rencontrerais. Si je le rencontrais au début, je l’encouragerais à ne rien lâcher, à continuer. Si je le rencontrais à la fin du tome 1, je le féliciterais d’avoir tenu bon, et d’avoir réussi à tout affronter, et de continuer sur cette belle lancée.

Est-ce que vous avez prévu de rester dans cet univers ou est-ce que vous avez envie d’écrire autre chose que de la fantasy ?

J’ai des projets d’écriture qui traînent depuis des années et qui prennent place dans un univers post-apocalyptique. C’est un domaine que j’aime également beaucoup. Mais à la fin du tome 3 du Halo des Ombres, on a des ouvertures qui pourraient donner naissance à des suites, à des prequels ou à des spin-off. Donc ce n’est pas exclu qu’on retourne un jour dans cet univers. Mais dans l’immédiat je vais un peu laisser de côté l’écriture pour me consacrer à l’édition et permettre de nous développer. Ma sœur, ayant repris un travail, a moins de temps à consacrer à l’écriture. Donc pour le moment, ces projets, dans un premier temps, seront surtout secondaires.

Est-ce que vous aimeriez une adaptation en film ou en série du Halo des Ombres ?

On espère bien sûr. On a beaucoup de lecteurs et de fans qui nous poussent à en faire une adaptation. Mais évidemment qu’on aimerait beaucoup avoir une adaptation. Surtout que moi je suis également très cinéphile donc ce serait une véritable forme de consécration. On a beaucoup été saluées pour notre plume. Les gens disaient que notre plume est très immersive, très cinématographique. Donc ce serait génial d’être adapté, oui.

Et si jamais vous aviez le choix du réalisateur vous prendriez qui ?

Peter Jackson évidemment. Ce qu’il a fait avec Le Seigneur des Anneaux est totalement dingue. Après, on est ouvert à d’autres propositions, haha. On sait qu’il y a beaucoup de grands réalisateurs. En tout cas, on se tournerait davantage vers des réalisateurs américains capables de tourner de gros blockbusters. On aimerait, si c’est possible, vendre notre saga à l’étranger, pour toucher un large public. Donc, un réalisateur américain serait un bon tremplin.

Des choses à ajouter ?

Juste préciser que le livre est déjà en vente sur notre site internet. On a également quelques dates de dédicaces prévues. Le 6 décembre à Bordeaux au Cultura de Bègles et le 20 décembre à l’espace culturel du Leclerc de Cognac.

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