Eddington : le nouveau film d’Ari Aster, au cinéma le 16 juillet 2025, affiche le portrait d’une Amérique plus divisée que jamais. Découvrez Pedro Pascal et Joaquin Phoenix dans ce qui semble être une œuvre proche du documentaire, mélangeant le réel et l’horreur…
Deux ans après Beau is afraid, Ari Aster revient nous tourmenter dans les salles obscure avec Eddington, un western psychologique aux accents paranoïaques, ancré dans une Amérique au bord de l’implosion… L’action se déroule en mai 2020, dans une petite ville du Nouveau‑Mexique, en pleine pandémie de Covid-19. Joe Cross (Joaquin Phoenix), shérif local anti-gouvernemental (sous-entendu pro-Trump), se retrouve confronté à Ted Garcia (Pedro Pascal), maire de la ville d’Eddington, en pleine campagne électorale en vue d’être réélu. Autour de ce duel de cowboy moderne, gravite Louise Cross (Emma Stone), la femme de Joe, une complotiste aguerrie et la ville d’Eddington, victime d’une crise de folie des temps modernes.
Eddington : Ari Aster à son « prime »
Avec ces premiers films (Hérédité, Midsommar et Beau is afraid), Ari Aster nous racontait ses angoisses et essayait de nous faire peur en jouant sur la psychologie et la sensibilité du spectateur. Il s’agissait de films d’horreur, brillamment exécutés, et toujours avec une large frontière entre fond et forme. Le fond étant le propos du film, ce qui va résonner ou non chez un spectateur, est la forme, c’est-à-dire le traitement de l’histoire.
Dans Hérédité par exemple : le film nous parle des difficultés relationnelles dans une famille et de l’héritage, parfois toxique, que nous recevons. Il s’agit du fond, quelque chose de réel. Mais Ari Aster choisit de nous mettre en scène cela sous la forme d’un film d’horreur, mêlant malédiction et satanisme, quelque chose d’irréel. Pour Eddington, il n’y a plus de frontière. Le fond et la forme se mêlent mieux que jamais, créant ainsi une peur du réel.

Eddington confirme que l’horreur n’est jamais loin… Le cauchemar, ici, c’est celui de l’Amérique des années 2020. Tout le monde en prend pour son grade : conspirationnistes, gourous de secte, influenceurs, antifa… Ari Aster peint une fresque de la société américaine terriblement réaliste.
Eddington : film d’horreur et film d’auteur
Eddington est un film truffé de sens de lectures et de références, à commencer par la première version de l’affiche du film. Elle reprend le diorama Sans Titre (Buffalos) de David Wojnarowicz, représentant un groupe de bisons sautant un par un d’une falaise. Initialement, l’image incarne la tragédie de la pandémie du Sida à l’époque et dresse un réquisitoire contre une nation en conflit avec elle-même. Un reflet de la société américaine actuelle : deux clans s’opposent, mais c’est le peuple qui subit. Également, le film a été tourné au Nouveau-Mexique, d’une part pour l’aspect Western que les paysages peuvent offrir, mais aussi parce qu’Ari Aster a passé son confinement là-bas, avec sa famille.
Eddington n’y échappe pas, les liens toxiques familiaux, la question du deuil, la peur de décevoir, les dérives sectaires sont des éléments présents dans le film, mais cette fois-ci, il ne s’agit pas essentiellement de famille mais de communauté. Eddington réuni tout ce qu’Ari Aster sait faire, sous la forme d’une conclusion traumatisante et époustouflante.

Un casting 5 étoiles
Les personnages sont un plaisir à suivre. Joaquin Phoenix brille dans la peau d’un redneck américain, Joe, à la fois abjecte et fondamentalement stupide, incapable de se remettre en question. Joe est persuadé que Ted (Pedro Pascal) a couché avec sa femme et que c’est pour cette raison qu’elle ne veut plus le toucher. Ainsi, il n’agit que par l’impulsion d’un égo touché et rentre en conflit avec Ted, uniquement pour l’embêter, au point de se positionner comme opposition directe face à lui aux élections.
C’est un personnage qui parvient pourtant à être touchant, en particulier lorsqu’il est avec sa femme et sa belle-mère, et qu’ils ne parviennent pas à se parler correctement. C’est un personnage triste, souvent contradictoire, auquel on s’attache malgré les atrocités qu’il finit par commettre. Pedro Pascal incarne un personnage beaucoup plus sérieux et terre-à-terre que Joe. Ted agit toujours pour la communauté et n’exclut personne. Même lorsque Joe va trop loin, il essaye toujours de l’aider. Il est une boussole morale dans un monde en déperdition, le rendant automatiquement très attachant.
Emma Stone (Louise), incarne à merveille la crédule victime des fake news, persuadée que tout ce que dit le gouvernement n’est qu’un immense complot. Le regard toujours attiré par un écran, remettant en cause tout ce qui lui est dit, sauf si cela vient de la bouche de Vernon Jefferson (Austin Butler), un gourou particulièrement toxique.
Avec Eddington, Ari Aster propose un cocktail des essences de tous ces films : les secrets de familles (Hérédité), les dérives liées à la désinformation et la manipulation (Midsommar), l’association dérangeante de l’absurde et du malsain (TDF Really Works et The Strange Thing About the Johnsons) et une forme de sympathie (Munchausen). C’est un film qui semble conclure un corpus : celui des traumatismes, du désespoir psychologique et de ses angoisses. Eddington est à découvrir au cinéma à partir du 16 juillet 2025, avec Joaquin Phoenix, Pedro Pascal, Emma Stone et Austin Butler.
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