Harry Potter Champions de Quidditch est le nouveau rendez-vous pour les fans qui espéraient enfin pouvoir jouer plus en profondeur au sport le plus populaire du monde de la sorcellerie. Il est temps d’enfourcher son balai et de se préparer pour un match décisif. En résulte une œuvre terriblement imparfaite, brouillonne, mais bon enfant. On vous dit tout !
C’était l’activité la plus demandée dans Hogwarts Legacy, mais elle n’arriva jamais. Harry Potter est la poule aux œufs d’or de Warner Bros Games, il fallait bien que l’éditeur retrouve un moyen d’exploiter le filon jusqu’au bout. La solution idéale qui pourrait convenir aux fans ? Ainsi, le Quidditch, sport le plus populaire dans l’univers des sorcières et sorciers, n’aura pas pointé le manche de son balai en DLC, mais dans une production à part entière. L’heure est venue de saluer Harry Potter Champions de Quidditch (ou Quidditch Champions en anglais).
Le pari avait déjà été initié par Electronic Arts, autrefois détenteur des droits de l’univers créé par J.K. Rowling, dans un opus costaud sobrement nommé Harry Potter Coupe du Monde de Quidditch. Sorti en 2003, le jeu prenait son envol sous l’air musical Requiem Dies Irae du célèbre Giuseppe Verdi, vers les plus grandes équipes sportives, dont la Bulgarie que l’on percevait déjà dans La Coupe de Feu. Vif d’or, Souafle et Cognard étaient donc au programme de ce jeu ambitieux. On en garde encore un bon souvenir…
Nota Bene : Nous avons testé Harry Potter Champions de Quidditch sur PS5 puisqu’il est disponible gratuitement sur le PS Store durant tout le mois de septembre, à l’instar de Foamstars en mars dernier. Il est également disponible sur Nintendo Switch, PlayStation 4, Xbox One, Xbox Series et PC.
La Coupe du Monde de Quidditch 2.0 !
Plus de vingt ans après, une belle nostalgie résonne dans nos cœurs, tandis que l’on plonge dans cette version conçue par Warner Bros Games. Toutefois, bien que Harry Potter Champions de Quidditch soit franchement ludique, il transpire une odeur d’économie de moyens…
Dès les premières minutes, il faudra créer son sorcier au look plus ou moins loufoque avant de se voir imposer l’entraînement dans le jardin des Weasley. Dirigé par Ginny, nous allons donc passer à la session d’apprentissage des quatre aspects du Quidditch :
- Le Poursuiveur représente la base de ce sport. Son objectif est d’attraper le Souafle, mais aussi de faire des passes, d’éviter les Cognards et de marquer des points. C’est un poste crucial, mais assez compliqué à maîtriser tant l’action reste illisible malgré une possibilité de verrouiller la cible pour ne pas la perdre de vue. Plusieurs sessions seront nécessaires pour être parfaitement à l’aise.
- Le Batteur doit envoyer des Cognards sur les adversaires pour les mettre KO et s’assurer que son équipe puisse gagner sans les défenses ennemies. En plus d’être le meilleur rôle du jeu, c’est aussi celui qui déclenche un joyeux bordel dans la bonne humeur, tant viser un adversaire est très facile. Il faudra néanmoins faire preuve de prudence pour ne pas se retrouver piégé par l’autre batteur. L’essayer, c’est l’adopter.
- Le Gardien doit protéger les anneaux pour empêcher les poursuiveurs de marquer. C’est une partie du jeu qui jongle entre le chaud et le froid. Facile à prendre en main, empêcher les buts reste difficile tant la précision et la vitesse seront de mise. Il peut également entraîner des bonus et malus de vitesse à tout moment, pour élaborer une défense.
- L’ Attrapeur, rôle essentiel dans les romans, doit attraper le Vif d’or. Cependant Harry Potter Champions de Quidditch trahit un élément essentiel du règlement : attraper le Vif d’or n’arrête pas le match ! Les fans vont se crisper lorsqu’ils verront que l’attrapeur ne gagne que 30 points au lieu des 150 promis ! Pourtant, il s’agit d’un excellent changement, car cela évite considérablement de pénaliser les joueurs échouant à cette délicate tâche.
Après les bases d’un didacticiel un peu mou et trop long, Harry Potter Champions de Quidditch montre enfin son potentiel au travers d’un premier match.
Tout d’abord, on se rend compte qu’il ne sera pas possible de jouer tout de suite avec les protagonistes de la franchise. Pour jouer avec Hermione, Ron, les jumeaux Weasley ou Cedric Diggory (avant son sort funeste), il faudra les débloquer après de longues heures de jeu. Seule Ginny est accessible au début. En toute sincérité, elle est tellement mise en avant dans les cinématiques et les commentaires que l’on sent que les développeurs voulaient en faire l’héroïne principale.
« Pas mal Potter, tu ferais un bon batteur ! »
Que les fans se rassurent, la prise en main est rapide et on capte très rapidement les commandes, même si un peu d’adaptation sera nécessaire pour parfaire chaque objectif. On domine immédiatement les prochaines parties.
Arrive alors un autre constat qui risque aussi de diviser le public : Harry Potter Champions de Quidditch est atrocement facile. Certes, de nouvelles difficultés plus cruelles se déverrouillent au fur et à mesure, mais très peu d’efforts restent nécessaires pour l’emporter (ça se corse à partir des quatre étoiles). L’IA de notre équipe peut marquer toute seule et sait défendre les anneaux comme des professionnels. Preuve pour vous convaincre, nous avons jeté notre dévolu sur le Gardien et nous avons passé la totalité du match à étudier la liste des 32 Trophées/Succès pour constater que notre équipe victorieuse menait de 60 à 0. Conclusion : nous avons gagné avec les 100 points qui mettent automatiquement fin au duel.
Encore plus insolite, lorsqu’on opte pour le batteur, il suffit juste d’envoyer le cognard sur le gardien pour laisser le champ libre. Nous avons fait ça pendant toute la partie et jamais le jeu ne nous a pénalisés d’avoir martyrisé ce jeune talent. On reste à côté de lui, attendant qu’il se relève et rebelote. Le Quidditch est un sport bien cruel. Encore plus drôle : l’adversaire doit être masochiste, puisqu’il revient de lui-même pour se faire cibler par le cognard. Vous l’aurez compris, seule la mauvaise foi vous propulsera vers la défaite. Les difficultés supérieures ne se pointent que trop tardivement et cela pénalise sévèrement les qualités du jeu et la possibilité d’élaborer des stratégies sportives.
Pour l’heure, la seule indubitable complication provient des changements de commandes de chaque poste qui peuvent nous induire en erreur. En exemple, contrer le cognard en attrapeur nécessite d’esquiver avec L1 au moment opportun ; mais en tant que gardien, il faudra appuyer sur R2. Mentionnons également le rôle du Gardien qui reste finalement celui qui procure le plus de stress, tant la situation peut être inversée à cause de nous. A condition de ne pas tomber sur une partie où l’on s’ennuierait rapidement.
« Dubois, je vous ai trouvé un attrapeur ! »
Concernant la satisfaction de progression, seul le poste d’attrapeur en apporte, puisqu’il s’agit vraiment d’une course contre-la-montre pour attraper le vif d’or. Pour ce faire, il faudra traverser des anneaux pour maintenir un boost de vitesse suffisant pour le rattraper. Les traumatismes des anneaux des épisodes PS1 vont revenir. On retente notre chance et on finit par faire gagner trente points qui sont cruciaux ! Dans la difficulté la plus élevée, c’est gratifiant.
Ainsi, telles les quatre maisons de Poudlard, les rôles du Quidditch se définissent par un caractère bien précis : la satisfaction, la concentration, l’agressivité et la témérité. Les joueurs trouveront très vite leurs préférences. Dommage que les postes soient si inégaux et n’occasionnent pas une satisfaction au même rang.
Malheureusement, l’ensemble manque sérieusement de nervosité et de rage. Surtout, cela manque d’innovation depuis le volet façonné par Electronic Arts. Harry Potter Coupe du Monde de Quidditch offrait bien plus de sensations à l’époque, d’autant qu’on pouvait débloquer des finish moves spectaculaires avant de marquer dans le seul but de narguer les concurrents. Ici, hormis des emotes, les interactions avec l’adversaire sont très basiques, dans l’air du temps des réseaux sociaux. On a connu mieux en termes de rivalité et de provocation.
En moins de trois heures, nous avons débloqué la moitié des Trophées, atteint le 18ème niveau de personnage, amélioré un membre de notre équipe et son balai au maximum. Les meilleures récompenses se présentent vite. La Coupe de Poudlard est remportée et nous sommes bien avancés dans La Coupe du Monde. Oui, l’extrême facilité du titre entache farouchement son contenu solo. Il en faut bien pour tous les goûts, non ?
Il reste alors à nous essayer au mode multijoueur. Nouveau regret qui fâche : jouer à plusieurs en local est impossible. Malheureusement, cette génération Next-Gen est trop obnubilée par les connexions en ligne et on oublie aujourd’hui que s’amuser sur la même console est un bienfait important pour ce genre de produits. C’est particulièrement pénible, d’autant qu’un compte WB Games est obligatoire pour profiter. Carton rouge !
Harry Potter Champions de Quidditch est accessible ! Trop accessible !
Néanmoins, jouer en ligne est le meilleur atout de ce Harry Potter Champions de Quidditch. Cette fois, nous ne pouvons nous attribuer que deux postes maximum afin d’apporter un solide équilibre dans chaque partie. Une fois de plus, notre choix se porte sur le batteur, qui reste notre manière de jouer la plus grisante tant l’IA paraissait fragile.
Nous sommes donc ravis de se confronter à un véritable défi. On se retrouve très vite face à des joueurs avec des niveaux variés et il faut pleinement accepter de jouer en équipe pour prendre une avance considérable. On gagne ou on perd, peu importe, tant que l’on s’amuse ! Pour l’heure, nous n’avons pas croisé énormément de monde et les ralentissements sont légion à cause d’un netcode peu efficace. Néanmoins, cela semble bien parti pour ce Harry Potter Champions de Quidditch.
Finalement, le projet prône l’accessibilité pour tout le monde comme le faisait Hogwarts Legacy, mais le paradoxe subsiste : on ne peut pas plaire à tout le monde et il est assez frustrant de ne pas ressentir l’excitation de jouer le défi de notre vie. Plus exactement, Harry Potter Champions de Quidditch hérite du cadre très utopique concédé par l’Héritage de Poudlard. Tout le monde est gentil et bienveillant envers les autres. Ce n’est pas un mal en soi mais, pour exemple, on aurait aimé faire face à une plus grande rivalité Gryffondor contre Serpentard, et pas seulement de légers dialogues transparents de temps à autre. Le Quidditch reste finalement très amical. Renée Bibine serait fière !
Ce côté accessible aux néophytes semble déjà défini par la direction artistique plutôt mignonne, mais très limitée du jeu. C’est coloré et l’aspect cartoon des personnages est assez plaisant. Hélas, l’ambiance est un peu terne. Hormis quelques petites blagounettes des commentateurs (Lee Jordan, Rita Skeeter ou les Weasley) et les scènes de victoire, nous n’avons jamais ce sentiment de participer à de véritables enjeux sportifs, juste de s’éclater à plusieurs dans une cour de récréation.
Force est de reconnaître qu’il manque des spectateurs hystériques, des musiques épiques et des cris d’encouragement pour les participants. C’est bien trop calme ! Avoir une petite cinématique d’un personnage clé de la saga dans les tribunes, exprimant sa fierté, aurait clairement rajouté un plus à l’immersion. Electronic Arts l’avait pourtant réussi, vingt ans auparavant.
Adapter ce sport aussi curieux que le Quidditch n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Les développeurs s’en sortent avec les honneurs, malgré de très grosses lacunes. Avec son petit prix (et sa gratuité sur le PS Plus en ce mois de septembre), Harry Potter Champions de Quidditch ravive principalement le souvenir d’un précédent jeu sorti en 2003, bien plus audacieux et élaboré que ce résultat. Si le titre de Warner Bros Games pourra plaire aux fans acharnés et proposer des parties sans prise de tête, il aurait pu parfaitement n’être qu’un DLC idéal pour Hogwarts Legacy. Moralité : il ne suffit pas d’avoir un balai dernier cri pour être le meilleur. Drago Malefoy l’avait compris, à ses dépens…