Qui n’en a jamais entendu parler ? Bonnie & Clyde, c’est LE couple criminel de référence. Amoureux, armés, libres : l’imaginaire collectif et les récits ont soufflé sur les braises de leur célébrité. Ils n’ont eu de cesse d’intriguer, de fasciner, et font partie de ces personnages qui ont su marquer l’Histoire malgré une courte apparition.
En effet, si la mort vint les frapper dans leurs belles années (respectivement à 23 et 25 ans), le souvenir des amants est toujours bien présent. Costumes trois pièces, fusils et voitures flamboyantes sont aujourd’hui à l’honneur : plongez dans les aventures de Bonnie & Clyde, dont la course poursuite avec l’oubli semble éternelle.
L’histoire de Bonnie & Clyde
Clyde : l’enfant terrible
Notre histoire débute le 24 mars 1909 à Toledo, dans la banlieue de Dallas, date à laquelle naît Clyde Barrow. Marqué par une enfance miséreuse, le cinquième rejeton d’une fratrie de six est ambitieux, et va tomber dans la délinquance pour survivre. Très vite, il multiplie les méfaits avec son grand frère, Buck. Leurs premières exactions se limitent à des vols de poulets, mais ils vont rapidement viser plus haut, en s’emparant de belles voitures. Clyde n’a que 17 ans, mais les autorités commencent à entendre parler de lui. Les frères Barrow ne s’arrêtent pas là et, lors d’un braquage de garage en 1929, ils se font repérer par la police. Une fusillade éclate alors, et Buck est arrêté. Durant cette période, Clyde multiplie les courtes incarcérations, qui lui valurent de se tailler une petite réputation.
Bonnie, ou lorsque le destin s’en mêle
Parallèlement, une certaine Bonnie Parker naît le 1er octobre 1910 à Rowena, dans le sud du Texas. Au décès de son père, elle part s’installer à Dallas avec sa mère, et grandit elle aussi dans la pauvreté. Malgré des conditions de vie difficiles, Bonnie ne se laisse pas abattre. Intelligente et cultivée, elle remporte de nombreux prix d’écriture et d’éloquence. Rien ne la prédestinait donc aux courses poursuites et aux fusillades. Cependant, les prémices de son amour pour les criminels se font ressentir à l’adolescence. À 15 ans, elle quitte la ville pour épouser un certain Roy Thorton. Son mari se révèle violent, et les nombreuses disputes vont pousser Bonnie à rentrer à Dallas, où elle va être engagée comme serveuse. Profondément marquée par cet événement, elle sombre dans la dépression avant de rencontrer Clyde. Elle écrira dans son journal :
« C’est lugubre, on s’ennuie à mourir, il n’y a rien à faire. Si seulement il pouvait arriver quelque chose. »
Le mythe du couple criminel
Janvier 1930 est la date la plus probable de leur rencontre. Pourtant, leur folle aventure ne débute pas tout de suite, puisque Clyde repasse d’abord par la case prison. Bonnie va alors l’aider à s’évader, preuve d’une complicité déjà forte. Mais rebelotte : le voyou est cette fois-ci incarcéré à Eastham Prison Farm. Il y commettra son premier meurtre, en battant à mort Ed Crowder, un détenu qui le violait régulièrement. Il parvient même à faire porter le chapeau à un autre bagnard, et va se couper deux orteils de pied pour favoriser sa libération.
À sa sortie, les choses sérieuses commencent : le couple va former un gang avec Buck, le grand frère de Clyde, et sa femme, Blanche. Mais en 1933, alors que le « Gang Barrow » se repose dans un motel du Missouri, la police les assaille de toute part. Une fusillade éclate : Buck est abattu et sa compagne arrêtée.
Dans la précipitation, nos amants abandonnent leurs affaires personnelles, dont de nombreuses photographies. C’est alors que l’Amérique va se prendre d’affection pour ces bandits : on les voit amoureux, posant devant leur voiture et leurs fusils, un large sourire aux lèvres. Dans une période marquée par la Grande Dépression de 1930, Bonnie et Clyde fascinent. Ainsi, braquages et vols se multiplient, et rien ne semble pouvoir les arrêter. Jusqu’au jour où leur ambition les poussera à s’attaquer au pénitencier d’Eastham…
Un dernier trajet
Après la mort de Buck et l’emprisonnement de Blanche, Bonnie et Clyde veulent reformer un gang digne de ce nom. Une idée audacieuse leur vient en tête : s’infiltrer à Eastham pour libérer des bagnards et en faire des alliés. Mais le plan tombe à l’eau. Pire encore, le directeur de la prison, Lee Simmons, ne cherche plus qu’à se venger. Cela tombe bien, puisque le FBI ambitionne lui aussi de traquer les malfrats, afin de mettre un terme à cette histoire. Frank Hamer, un ancien Texas Ranger, va alors préparer un guet-apens.
23 mai 1934, Bonnie et Clyde sont invités chez la famille d’Henry Methvin, un membre du gang qui croupit en prison. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que les parents ont prévenu les autorités de leur venue, en échange d’une réduction de peine pour leur fils. Le couple tombe alors dans un traquenard. Afin de pousser les amants à s’arrêter au volant de leur superbe Ford V8 (volée), les policiers mettent en scène une panne de la camionnette du père Methvin. Clyde coupe le moteur pour regarder ce qu’il en est : erreur. Hamer et ses hommes sortent des buissons, et une pluie de balles (150 impacts au total) s’abat sur les criminels. Le véhicule, encore chargé de ses conducteurs, est amené à Dallas. La nouvelle circule vite, et la foule s’empresse de venir observer ce duo connu à travers le pays.
Ainsi s’achèvent les aventures de Bonnie & Clyde, les criminels les plus recherchés des années 30, qui ont tant fasciné les Etats-Unis. De part son caractère extraordinaire, leur histoire n’a eu de cesse d’être narrée, d’abord à travers le grand écran, avant d’être reprise plus tard par d’autres médias…
La success story Bonnie & Clyde
Des étoiles plein les yeux
Très vite, les producteurs sentent tout le potentiel d’un tel récit. Seulement trois ans après l’embuscade de Frank Hamer, le célèbre Fritz Lang réalise J’ai le droit de vivre en 1937. Si les amants ne sont pas explicitement évoqués, il ne fait aucun doute que ce long-métrage retrace leur histoire. Mais c’est avec Bonnie et Clyde d’Arthur Penn (1967) que la romance gravit un nouvel échelon de popularité. Quentin Tarantino dira même de ce film :
« Le cinéma des années 70, c’est le cinéma d’Hollywood. Mais ce dont les gens ne parlent pas souvent, c’est que le cinéma des années 70 a réellement commencé en 1967, avec la sortie de Bonnie et Clyde. »
La dernière production cinématographique en date sur le couple est The Highwaymen de John Lee Hancock (2019). Le film se concentre sur la traque des Texas Rangers.
Sur la route de la postérité
La télévision va aussi s’approprier cette histoire. On pense à l’épisode L’Amour à la Springfildienne de la dix-neuvième saison des Simpsons en 2008, dans lequel Homer raconte une histoire où lui et Marge jouent les rôles de Bonnie et Clyde. La musique aussi, avec des titres homonymes de Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot, de Johnny Hallyday ou plus récemment de Jay-z et Beyonce. Le jeu vidéo s’y est aussi intéressé, avec Fallout: New Vegas, qui glisse une référence subtile à travers une plaque commémorative à leurs noms.
Si Frank Hamer réussit à mettre fin aux délits, il n’a pas pu enrayer la ferveur populaire. Parfois détestés pour les cadavres laissés dans leur sillage, souvent adulés pour la sensation de liberté qu’ils dégageaient, Bonnie & Clyde ne laissent jamais indifférent. Encore aujourd’hui, leur histoire continue d’être racontée, et leur souvenir ne semble pas prêt de périr.
Bravo pour cet article qui se base plus sur des faits historiques et moins sur le côté sensationnel.
Je ne connaissais pas l’enfance miséreuse des deux amoureux criminels par exemple.
Et j’ai appris la traque du texas ranger Franck Hamer en visionnant le film The highwaymen.
Magnifique article documenté , intelligent et très bien écrit…. Merci!