« Venom » de Ruben Fleischer est un film sympathique mais… [critique]

Robin Uzan
Robin Uzan
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Privés de leurs films Spiderman (en live-action) pour un bon moment, les studios Sony Pictures ont décidé de capitaliser sur un des méchants les plus connus du tisseur : Venom ! Nous retrouvons donc à l’écran le personnage d’Eddy Brock (Tom Hardy), journaliste d’investigation qui se retrouve en contact avec un symbiote extra-terrestre. Alors ? Que vaut ce film qui se fait déjà descendre par la critique ? Eh bien si cette œuvre est loin de se démarquer par son originalité, force est de constater qu’elle remplit parfaitement sa mission de divertissement. 

Petite précision

Mettons une chose au clair tout de suite : si on commence à écrire un roman des différences entre le Venom du film et celui du comics, on n’aura fini la préface que la semaine prochaine. Donc nous ne jugerons ce film qu’en tant que film, sans prendre en compte le personnage de Venom dans les aventures papiers de Spiderman. Ceci étant dit, passons à la critique.

La relation Eddy / Venom

Commençons par le point positif principal : la relation qu’Eddy tisse avec le symbiote. Venom nous montre une relation aussi complexe qu’hilarante entre ces deux entités qui apprennent à cohabiter. La violence constante de Venom et l’incompréhension complète d’Eddy offrent une dichotomie intéressante et un développement impeccable de leur relation tout au long du film. En outre, leurs dialogues sont tout simplement excellents et nous permettent de nous attacher sincèrement à eux. Certes Venom est loin d’être la bête sauvage que l’on était en droit d’attendre, mais cette version à le mérite d’offrir de bonnes idées aussi bien pour ce premier film que pour les éventuelles suites. Cette relation est d’ailleurs sublimée par l’interprétation impeccable de Tom Hardy, qui s’est investi corps et âme dans ce rôle complexe.

La relation entre Eddy et les autres personnages n’est pas en reste, puisque ses échanges avec son ex-fiancée Anne (Michelle Williams) sont très appréciables, notamment lorsque celle-ci est accompagnée de son nouveau compagnon, le Dr Dan. On évite fort heureusement les clichés habituels des ex-amoureux incapables de communiquer et du nouveau copain détestable. Nous avons ici affaire à un trio plutôt appréciable, dans lequel Michelle Williams et le Dr. Dan s’incluent plutôt bien pour quelques péripéties. En bref, les relations de ces films sont plutôt bien gérées et aident le spectateur à s’impliquer sincèrement. 

Rythme et réalisation… Mouais 

Passons à ce qui ne va pas dans un film de l’envergure de Venom, à savoir le rythme et la réalisation. Si on peut accepter le scénario sans originalité (après tout on l’accepte de tous les films du MCU), on peut s’étonner d’une réalisation aussi banale, surtout de la part du réalisateur de Bienvenue à Zombieland. Qu’on s’entende, le film n’est pas une purge visuelle, mais quelle insipidité dans la mise en scène. Au-delà de quelques idée sympas concernant les capacités de du symbiote, aucune créativité n’est à signaler et c’est là où le bas blesse. Un film de super-héros (ou de super « anti-héros » en l’occurrence) est le moment idéal pour laisser les réalisateurs s’exprimer en termes de mise en scène. Ce n’est malheureusement pas le cas ici, notamment lors du combat final qui est tout bonnement illisible, hormis quelques ralentis assez esthétisés sur les deux symbiotes.

Quelques problèmes de rythme sont également à noter, notamment concernant l’introduction. Celle-ci n’a pas une grande utilité. L’arrivée des symbiotes sur Terre, la situation professionnelle d’Eddy, sa relation avec Anne… tout cela pouvait être compris et/ou résumé sans séquences aussi longues. En fait si on observe le début du film, on constate que toute l’introduction précédant l’annonce « Six mois plus tard » est assez inutile et qu’un résumé de ces événements aurait largement fluidifié la narration.

Le PG-13 : c’était obligé ?!

On en vient à ce qui est surement le plus gros problème du film. Pourquoi diable faire de Venom un film tout public ? N’aurait-il pas été plus intéressant d’en faire un VRAI anti-héros ? Qui tue sans vergogne et nous offre des hectolitres de sang ? Certes la violence est poussée au maximum pour un film tout public, mais le fait est qu’il reste un film tout public. Et c’est probablement la raison principale de l’insipidité de la mise en scène. En voulant édulcorer à ce point un film sensé être ultra-violent, on en fait un film fade. Certes cela n’en fait pas un mauvais film, mais cela en fait un film sans personnalité. Le problème vient du fait que Venom fasse de très gros appel du pied au Marvel Cinematic Universe. Et pour ce faire, on dit « Bye bye » à la violence, ce qui est fort dommage… Au final, là où Venom pouvait jouer à fond de son statut d’anti-héros, il a préféré s’inclure dans la lignée des blockbusters sans personnalité que l’on consomme depuis un moment déjà.

Si Venom est loin d’être la purge annoncée, force est de constater que ce film ne marque pas outre-mesure. Il est un divertissement solide et calibré mais n’est pour l’instant que ça. Cependant, gardons espoir ! Car Venom contient une scène post-générique qui vend littéralement du rêve pour une éventuelle suite. Une scène post-crédit qui justifie à elle seule tout le visionnage du film et qui nous donne déjà hâte de découvrir les prochaines aventures d’Eddy Brock. 

Bande-annonce Venom

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Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.
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